Largement relayée par le milieu militant puis les médias de
masse, la violence avec laquelle furent traités les migrants de la porte de la
Chapelle n’est pourtant qu’un symptôme
d’une politique européenne la plupart du temps soutenue par ceux-là même
qui en dénoncent les effets. Cette politique, peu soucieuse des causes, se
concentre sur les moyens les ressources les processus qu’il serait urgent
d’activer afin éviter à l’Europe, vieux continent peuplé de vieux, d’avoir à
subir les assauts des déferlantes migratoires. Là-dessus : consensus. Les
Fronts, National ou De Gauche, se retrouvent ici en la défense du coq aux
ergots crânement plantés dans le Fumier Français. Consensus, pour ce qui est de
notre incapacité à accueillir toute la misère du monde. Consensus, de fait, sur
la nécessité urgentissime des reconduites à la frontières. Expulsons, dit
Marion Maréchal Le Pen future présidente du futur État français, expulsons, ânonnent
les indignés, nouvelle figure des
curetons de base. Eux, de simplement rajouter : avec dignité.
Rien, bien évidemment, n’est plus indigne qu’une expulsion, plus
outrageusement violent que le Serflex serrant les poignets avant que le quidam
ne soit chahuté sur le tarmac, bringuebalé, poussé du tonfa, pauvre viande, viande
pauvre. Rien n’est, dans la réalité, plus révoltant qu’une expulsion, mot valise,
sans mauvais jeu de mots, recouvrant un ensemble de pratiques policières
héritées des plus noirs cauchemars. Au regard des tenants de la démocratie
sociale-libérale il importe peu, finalement, de voir ainsi l’humain rapproché
de la marchandise, du fret. Expulsons,
disent-ils, mais raisonnablement. Expulsons non sans une certaine courtoisie.
Expulsons, mais à la française. Si nous fermons la porte, c’est en évitant de
la claquer, et en souhaitant bonne chance à ces malvenus visiteurs. Quand nous
les invitons à quitter notre
territoire, nous nous assurons, dans le même temps, que chacun d’entre eux soit
munis d’une bouteille d’eau et de quelques
gâteaux secs, symboles de notre humanité.
Dénonçant les violences de la porte de la Chapelle, nous ne
cessons de faire le jeu des autorités elles, toutes entières dévouées au
maintien de l’ordre des choses, à sa conservation. Nous pensons, de cette
façon, et une fois dénoncée la nature indécente des violences policières commises
sur les migrants, nous en tirer sans nul dommage. Jamais les indignés ne
pousseront leur indignation jusqu’à admettre que ces violences sont corrélatives
d’un régime dont ils ne questionnent plus les fondements. Le service
républicain minimum assuré, ils peuvent alors, sans nulle vergogne, s’en
retourner fanfaronner sur les plateaux télé, lieux de haute prostitution.
Pendant ce temps les
barques peuplées de milliers de migrants fuyant la mort, la guerre, la misère
et le crime, continueront de se fracasser sur les murs de nos risibles
forteresses. Et le déni, de régner, grand saigneur. Et nous ne cesserons
d’échanger au sujet du danger ou de la chance, selon, qu’incarnent les flux
migratoires. Il n’y a ni chance, ni danger. Il y a flux, point barre. Il y a
qu’on cogne à la porte. Que le gardien, non seulement a perdu les clefs, mais surtout ne s’est pas rendu compte de
l’absence de murs.
Il serait alors urgent de ne pas essayer d’en construire un
nouveau.
Ladrisse.
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