"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Février 2011

Rentrez vos poules sarcelloises et vos Boillon de compétition

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Après La Tunisie, après l’Egypte, la Libye? Seïf Al-Islam Kadhafi, le fiston du colonel, a beau promettre à son pays « la guerre civile, des rivières de sang : nous nous battrons jusqu’au bout, nous nous entretuerons dans les rues », on a beau dénombrer plus de 400 morts en 6 jours, n’empêche : le ministère de l’intérieur et de nombreux bâtiments publiques, à Tripoli même, sont en feu,  tandis que certaines villes de province ont d’hors-et-déjà basculé du côté de l’insurrection. Bref, ça sent le sapin pour un pouvoir considéré pourtant par les puissances occidentales comme indéboulonnable, par principe et par intérêt. Encore une analyse foireuse démentie par les faits, il serait temps, ne trouvez-vous pas, que les mal-comprenants occupant les offices du quai d’Orsay lèvent leurs lourdes paupières et osent regarder en face le monde tel qu’il va. Qui se souvient de leur enthousiasme lors de la chute du mur de Berlin et des « révolutions » qui s’ensuivirent, à l’Est, de la manière indécente que ces guignols avaient de danser la carmagnole autour de la dépouille du communisme autoritaire et de proclamer, dans le même mouvement, la « fin de l’histoire » , la victoire, définitive, du capitalisme ? On les retrouve, aujourd’hui, beaucoup plus timorés face à la vague révolutionnaire qui submerge le monde arabe. C’est qu’ils nous arrangeaient bien, ces dictateurs amis de la France qui, en échange d’une paix royale sur le plan intérieur permettaient à nos entreprises de continuer d’exploiter les ressources de ces pays. C’est aussi, sur un autre plan, que toutes ces rues-qui-gouvernent risquent de donner des idées aux populations assoupies et replètes d’Europe. Aussi, ces révolutions surprenantes sont traitées comme par-dessus la jambe par nos castes dirigeantes mais néanmoins frileuses — et, osons le mot, un peu froussardes —, dont l’objectif actuel est d’en minorer la portée.
     Une autre hypothèse consisterait à considérer que l’occident n’a réellement pas pris la mesure des bouleversements planétaires qu’impliquent ces soulèvements. Dans le cas de la France, la nomination à Tunis de l’ambassadeur Boillon abonde dans ce sens. Déjà, nommer en Tunisie un jeune homme qui, jusqu’à présent, représentait la France en Irak — pays dévasté s’il en est, par ailleurs toujours en guerre —, souligne l’incompréhension de la Sarkozerie à l’égard de l’actuelle situation tunisienne. Mais Boillon parle l’Arabe littéraire, alors on l’envoie lui — dans un pays francophone, bien vu… Puis, non content de poser en slip sur le site de Copains d’Avant, celui  que Sarko se plaît d’appeler « mon petit Arabe », met toute son inexpérience au service de sa mission, insultant dès son arrivée les journalistes tunisiens, accusés de « poser des questions débiles », en rajoutant dans le registre furibard, fulminant « mais enfin, est-ce que vous croyez que je suis à ce niveau, hein ! »Dès le lendemain des centaines de Tunisiens manifestaient devant l’ambassade de France, brandissant des cartons exigeant « Boris, dégage ! »  Le gaffeur s’est depuis excusé, à la télé et en Arabe littéraire, mais le mal était fait et la « nouvelle page » des relations franco-tunisiennes déjà tâchée de gras. Boillon, ah lala, Boillon…Une telle nomination, c’est ce qu’en langage diplomatique on appelle une « erreur de casting ». On attend avec impatience de voir quelle « erreur » de ce type sera nommée ambassadeur en Egypte — Lagaff’, Eric Zemmour ? Ah tiens, j’allais presque oublier : pour en finir avec Boillon, voulez-vous savoir ce qu’il disait du colonel Kadhafi, pas plus tard qu’en novembre dernier ? « C’était un terroriste, il ne l’est plus, il a fait son autocritique. Dans sa vie on a tous fait des erreurs, et on a tous droit au rachat. » Sans commentaires…                      
 
     Revenons un temps en nos contrées, et arrêtons-nous un moment, pas plus, sur le cas DSK. 7 millions de pauvres hères ont patienté devant leur poste, dimanche dernier à 20h, en attendant l’annonce de sa candidature à la course présidentielle. Mais non, bouche cousue, Strauss-Kahn s’est simplement fendu d’un tour de piste pour rien. Tout au plus Monsieur le Directeur du FMI a-t-il enfilé de vastes perles telles qu’ «il existe un risque de déclassement de l’Europe par rapport à l’Asie », qu’avec la crise « on a évité l’effondrement, mais on n’a pas évité les souffrances » et autres évidences destinées aux enfants que nous sommes assurément, aux yeux de ce maître du monde. Le suspense, donc, demeure entier, concernant sa candidature. Et je connais personnellement un membre du parti socialiste (on n’ose plus dire : un militant, tant ça milite nada dans ces partis de gouvernement) qui, réellement, n’en dort plus. A quoi ça tient, n’est-ce pas, une bonne nuit de sommeil… Ah y'a aussi, tiens, la Berlu : Il Cavaliere, pour sa part, dort comme un bambin, et se déclare « absolument pas préoccupé » par le procès qui l’attend aux premiers jours d’avril. A noter, au passage: voilà un pays, l’Italie, où le président du conseil toujours en exercice est traduit devant la justice, tandis que de l’autre côté des Alpes tout est fait afin d’éviter au citoyen Chirac, en retraite depuis 2007, une comparution jugée par d’aucuns infamante. Il semble par ailleurs, pour le sarkoland, impossible ne serait-ce que d’envisager la démission d’une ministre aux affaires étranges. Comme le susurrait l’agité de l’Elysée lors de son show télé à plaisanteries multiples, tout porte à croire que, dans ce pays, « tout n’est pas en abscisse et en ordonnée. »
     Tu parles, chacal! Tes abscisses sont autant d’abcès, de pustules pullulant sur le corps social, exemple récent : la Sécu. Future victime du programme de casse systématique des acquis, c’est par la bande que Sarko et ses potes mafiosi s’attaquent à cette citadelle, usant jusqu’à la corde du prétexte de la dépendance, surtout, de son financement. Bien entendu, comme d’habitude, les caisses sont atrocement vides. Sarko, économiste en diable, demande donc « à chacun d’entre vous d’examiner toutes les autres options possibles, y compris celle de l’assurance. » Privée, l’assurance, ça va de soit. La création de la désormais célèbre cinquième branche, livrée d’emblée aux assureurs, risque bien d’être le premier coin enfoncé au cœur du principe de solidarité. Mais pourquoi ne pas privatiser dans le même mouvement l’assurance maladie, l’assurance vieillesse,… ? Pas d’impatience : ça viendra.
     Quelle que soit la façon que choisiront ces aigrefins pour nous la mettre grave, certains de nos contemporains n’auront guère le loisir d’en supporter les conséquences. Au hasard : les Roms. Une double page dans la presse livre un constat sans concession : non seulement les expulsions n’ont pas chassé les Roms de France, dont le nombre reste à peu près stable, mais surtout les conditions de vie de ceux et celles y résidant se sont largement dégradées. Belle réussite, y’a pas à dire. Variable d’ajustement de la politique migratoire (les Roms constituent plus du tiers des reconduites à la frontière), on en use pour gonfler les chiffres, sans se soucier des conséquences. « Oui, il faut expulser les Roms », s’emporte ainsi Jacques Myard, député Ump. « Expulser permet de rappeler à ces gens qu’ils ont le droit de venir, mais pas de s’établir en France. » Le droit de jouer les touristes, quoi. Pour l’heure, ces « touristes »-là survivent dans d’immenses bidonvilles, tel celui de Sarcelles, dans le 95, qui compte un milliers d’habitants et… un unique point d’eau, une borne d’incendie, à l’entrée du campement. Et c’est sans compter les déchets qui s’entassent entre les baraques, comme personne ne vient les ramasser (pas une benne, à l’horizon). A Sarcelles, les riverains seraient, parait-il, exaspérés. « Il y a un vrai risque pour notre santé », se lamente l’un d’eux. Et tes poules, tu as pensé au moins à les rentrer ?
 
                                                                                         Frédo Ladrisse.


C’est une douleur pour lui

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Sonner le glas, eh oui les gars, de toute culture autre que vulgaire. Nous nous devons d’abandonner tout espoir en ce domaine, adieu vaches sachant disserter voir, quelle horreur, lire des livres, adieu veaux doués pour les écrire et autres cochons attentifs, disponibles, affables, adieu porcs philosophes. C’est très triste, en réalité, d’assister de son vivant à la mise à mort de ce qui fut en d’autres temps appelé les humanités, et n’avaient pas besoin de H majuscules. Les voilà néanmoins à terre, par la grâce d’une nouvelle crasse politique, inculte et fière de l’être, agressivement dressée sur ses ergots de misère en même temps que tout à fait prête à sortir son revolver, dès que sont prononcés les mots livres, films, théâtre, ou pire encore : éducation. On n’arrête plus les cons : ils ont le pognon, ils le gardent, le distribuent à leurs amis, lesquels sont tout, sauf éditeurs. Et tandis que Houellebecq, à la suite d’Ernest Pérochon (Goncourt 1920), fête son triomphe chez Drouant, la princesse de Clèves sait assez en quel dégout elle est tenue ces derniers temps, au même titre qu’un Edmond Dantes, lequel est rien moins que contraint de pointer au RSA. Houellebecq roi du Sarkozystan ? Est ici respecté une certaine logique de concassage systématique de la création vivante DONC forcément dérangeante CAR nécessairement, puissamment révolutionnaire. Triomphe, et merde, une vision strictement commerciale, mercantile, des idées, lesquelles, parce qu’industrialisées doivent rapporter, ou disparaître. Dès lors, le niveau baisse. Et l’âne triplement bâté néanmoins président s’autorise alors de ces sorties telles, l’autre jour à la téloche : «  je vais faire un incident », qu’il dit, quand ce trou du cul-là pensait à oser une incise au sein de son bêlant discours. Dans le même registre, et s’adressant à l’un de ces interlocuteurs : « si je vous ai paru méprisant, je m’excuse. » On n’est jamais, c’est vrai, si bien servi que par soi-même, cependant en français correct c’est l’autre qui vous excuse, ou non. Et là ce serait plutôt non. Une autre ?  « Avant l’été, madame, les Français qu’est-ce qu’ils ont comme sentiment ? », demande le bouffon, qu’est-ce qu’ils ont, hein madame, avant l’été, comme sentiment les Français ? Un peu, si vous voulez, le même qu’après l’été. Un sentiment, hum, de gêne.          
     Comme nous causons de Neuneu lâchons, pour un temps, Sarkozy, citons ce brave Dupont-Aignan — pas le d’Isigny, l’autre : « quand on me connait on vote pour moi », paonnait l’autre soir le gaulliste gallinacé — espèce menacée s’il en est. Son drame : être ignoré, alors même qu’il gagnerait beaucoup (de voix) à être connu. Las ! Dupont qui, déjà ?...
     C’est d’une roue différente que pavanait, en d’autres pages, la mère Parisot, d’une roue libre comme l’air qu’elle ne désespère pas de pouvoir, un jour, tarifer. Un temps, la mère s’était faite discrète, au point qu’on en était inquiet, ou quasi, pour ses abatis. Mais passé la tempête grévière de l’automne elle nous revient, et en pleine forme : au sujet des revenus indiciblement indécents de ses amis patrons Parisot rappelle, sans rire, que ceux-là  «ont fait un effort considérable concernant la transparence. » On saurait mieux ce qu’ils gagnent ? Ça nous en fait une belle, de jambe, et une soi-disant toute neuve conscience pour les stock-optionnards outrancièrement blindés de biffetaille. Qu’à cela ne tienne, pour Parisot, tout continue d’aller bien mal : c’est que les entreprises françaises grossissent moins vite que les allemandes, c’est là le drame, qu’elle dit. La faute à qui ? Là, hystérie : « c’est à cause de l’ISF, de l’ISF, oui ! C’est à cause de l’ISF ! » A l’intention de nos amis sourds et autres ralentis de l’oreille: Laurence Parisot nous dit qu’elle est contre l’ISF.
     Au rayon des sourdingues, on retombera ici sur ce non-appareillé de Sarko, lequel n’entend ni ne comprend le cri de la magistrature, le soir au fond des bois de justice. Il la méprise, surprise !, davantage que vous et moi —ce qui n’est pas peu dire. En un mot il la hait, la traitant telle une gangrène certes utile par moment à cette démocratie de façade, mais quelle plaie, les juges, hein ! Aussi subissent-ils à nouveau le présidentiel courroux, à l’occasion du tout dernier surmédiatisé fait divers. Mais ils réagissent, ils s’opposent, ils maugréent, ils manifestent ! Que veulent-ils, ces juges, de la brioche ? Selon Baroin, porte-parole patenté et lèche-talonnettes d’or toutes catégories confondues, « ce mouvement n’est pas juste, il est le fait de magistrats qui refusent d’assumer leur responsabilité. » Puis d’en faire des kilos, le toutou, sur le meurtre de Laëtitia, « épreuve collective », qu’il dit. Collective ? Comment ça ? Qu’a de collective une épreuve qui, de par sa nature, est à peine inimaginable pour le quidam situé hors du champ direct du drame ? Cependant, se lâchant et semblant incapable d’une pudeur à minima, le récupérateur démago ose ceci, d’anthologie : « c’est le Président de la République qui reçoit la douleur des familles, qui reçoit ce cri. C’est une douleur pour lui. » Ainsi donc souffre Sarkozy, en sa chair, en son être, tel l’agneau, amen … Dans le registre de l’odieux, on a rarement fait pire que cette sortie-là. Si j’étais le père de Laëtitia, peut-être trouverai-je encore la force d’aller lui péter sa sale gueule, au clébard Baroin. Et tant qu’à y être, à son maître.
     Ça rigole plus ? Rionz’un peu, avec nos amis les comiques, au premier rang desquels s’avance Philippe Sollers, le précieux ridicule des lettres germanopratines : « Tout jeune, j’étais déjà anarchiste. Il faut réveiller l’anarchie ! », s’emballe l’écriveur vain. Une déclaration qui, vous en conviendrez, ne manque pas de piquant de la part d’un bouffon passant le plus clair de ses nuits sans lune à hurler avec les loups qu’il est catholique, oui monsieur, pratiquant, parfaitement madame ! Et qui, lorsque c’était la mode, s’était arrangé pour sucer de ses lèvres lippées l’anneau papal de Popaul II… A voir un tel falot se réclamer subitement d’une idéologie dont il ignore tout et jusqu’à l’orthographe, on est en droit de se demander si l’anarchie n’est pas en train de devenir fashion. Merde alors, manquait plus que ça.
                                                                                          Frédo Ladrisse. 

Lapin, Mouche et Wonderwoman

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? En Chine, débute l’année du lapin. Information de prime abord tout à fait dénuée d’intérêt, de second abord idemement, nous en sommes bien d’accord. C’est juste que ça fait du bien, de parler de lapin, ça nous change des carpes. « Quand je suis allée en Tunisie il ne se passait rien », se défendait ainsi MAM, carpe diem en représentation l’autre soir, sur les plateaux téloches, après que fut révélé ses vacances là-bas , aux alentours du jour de l’an. Elle faisait alors face au clébard Pujadas, homme-tronc dont il se dit qu’il a les mains rugueuses mais la langue bien humide . « Quand je suis ministre je suis ministre, quand je suis en vacances je suis comme tous les Français », ajoutait la dame baladée, en pleine insurrection, dans un jet privé appartenant à un des voleurs de la clique de Ben Ali Baba. Tous les Français feraient ainsi lors de leur séjour à Djerba? Tous les Français n’ont, en tout cas, guère la possibilité de squatter les écrans télé telle la ministre ce soir-là, quittant Canal+  à 19h55 pour être en direct sur F2 à 20 heures  précises. Les studios des deux chaînes étant loin d’être mitoyens, le doute n’est plus possible : Mouche A Merde, c’est Wonderwoman. Une Wonderwoman agacée : «écoutez, j’ai juste pris cinq jours de vacances, et franchement je les méritais. » On n’en doute pas, Mouche. « J’ai pas pensé à mal », qu’elle dit, et « je suis meurtrie, vraiment meurtrie ! » Pauvre Mouche, pauvre Merde, MAM, qui, toute meurtrie qu’elle fut, n’en conclura pas moins sa toute martiale intervention par un « je ne démissionnerai pas », qui vaut son pesant de culot et son poids de foutage de gueule. Je ne démissionnerai pas, disait aussi Woerth en son temps. Depuis, il s’est fait gravement lourdé. A méditer, Mouche, n’est-ce pas… Car même si, selon Baroin, porte-parole du Sarkozystan, « l’affaire est close » désormais (pour qui il se prend ce morveux, pour un proviseur de base ?), tout porte à croire qu’à la première occase MAM sera, comme Woerth, débarquée. Tiens, une station-service : Michèle, sois gentille, vas donc nous chercher des Kinder… Allez Fillon démarre, démarre ! 
     Cependan t, accabler la Mouche se révèle par trop aisé, et ne saurait nous faire oublier que Madame Royal, suite à sa campagne de 2007, était partie « se ressourcer » où donc ? En Tunisie, que Strauss-Kahn y fut décoré par Ben Ali himself le 18 novembre 2008, et qu’il vanta alors le modèle tunisien, « meilleur modèle à suivre pour les pays émergents. » Sic. Et Sarko, quand on y repense : c’est à Louxor que le gars avait pris ses premières vacances en compagnie de Carla et de toute la smala, aux frais de Bolloré, son copain milliardaire. Force est donc de constater qu’Egypte, Tunisie, « destinations prisées » des Français qui ont les moyens — et pas de cerveaux —, fut aussi, de long temps, celles du personnel politique. On apprendrait que Krivine coule une retraite heureuse en compagnie d’Arlette L. du côté de Charm el-Cheikh qu’on en serait pas plus étonné.
     En France, pendant ce temps, quoi en France ? La routine pépère, si ce n’est ces Compagnies Républicaines de Sécurité en grève de la faim, pas en grève de la Kronenbourg : ils n’auraient jamais tenus trois jours. « On est une famille CRS ! », beuglait l’autre jour l’épouse d’un de ces fourbus militaires qui refusent — on aura tout vu ! — désormais de déménager. Famille CRS : me vint alors en l’esprit l’image des petiots, de la môman, de la mamy, des frères et des sœurs tous bien uniformés et matraques et casques en sursis… Pour me débarrasser de l’image enquiquinante j’allais pour m’en rouler un petit quand la ministre des sports, Chantal Jouanno qu’elle s’appelle, s’est invitée dans le poste afin de donner son avis sur un sujet que visiblement elle ne connait qu’imparfaitement : « quand on voit les dégâts que fait le dopage dans le sport, on ne peut qu’être contre la légalisation du cannabis », a dit la madame, sans rire. Alors j’ai revêtu mon jogging flambant neuf, et je suis parti dormir.
     Le petit matin fut pénible, à l’écoute de Radio-Paris, ondes sur lesquelles s’exprimait l’ineffable Laurent Gerra, autrement appelé Le Luron du Sarkon. « Moi, je suis anarchiste », dit le gars. Anarchiste de droite ou de gauche, demande le journaleux. « Ne mêlons pas la politique à ça », répond alors le drôle. Finalement, sans le vouloir, il aura répondu.
     Plus tard dans la journée, parcourant le journal, on apprend l’existence d’un nouveau jeu de société. « Plan social », ça s’appelle. Une sorte de monopoly où vous êtes censés vous glisser dans la peau d’un actionnaire sans foi ni loi. Le but ? virer le plus de salariés possibles, afin de réduire les coûts et de faire grimper le prix de l’action. Je suis comme vous, naïf. J’ai d’abord cru à une blague, à un jeu au second degré, par exemple édité par J.L. Mélanchon afin de dénoncer les excès du capitalisme. Que nenni. Le jeu existe bel et bien, et se pratique totalement au premier degré intégral. Il est où, mon jogging de nuit ?   
 
                                                                                               Frédo Ladrisse.  
 
 

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