"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Mars 2010

Violet neutre et croix jaunes

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Suite à sa régionale branlée, le message de la droite est clair : on ne change rien, on continue et même, on accélère. « Il n’y a pas de nouveau contrat avec le peuple », claironne Fillon-le-fielleux, pour qui ce contrat fut paraphé, une fois pour toutes et pour mille ans, lors des dernières présidentielles. Ah bah pourquoi alors qu’y nous font encore voter, râle Robert-du-bistrot ? Telle est bien la question, Robert. Pour Fillon, « les popularités ou les humeurs, c’est quelque chose de changeant. » Spéciale dédicace à celles et ceusses qui ont, dans l’urne, glissé l’autre jour leur humeur. Quoi qu’il en soit on garde le cap, on poursuit les réformes, taïau taïau, car « rien n’existe que cela. » Après le fumeux TINA inventé par Thatcher (« There Is No Alternative »), on découvre, trente ans plus tard, sous la forme de ce REQC, une french version n’ayant rien à envier à sa grande sœur angliche, en termes de déni et de mythomanie.

     Pour autant, d’aucuns, au sein même de la majorité, frisent la crise de nerfs en ce moment. Chantal Jouanno, au hasard, se dit « désespérée » par  l’abandon de la taxe carbone, avant de se faire remettre en place par le maître du château himself : « les ministres n’ont pas à être désespérés, ils ont à faire leur travail », tacle-t-il, tout raide. La Jouanno, pour le coup, a « promis de rester plus discrète à l’avenir. » De se sparadraper la bouche, quoi. C’est que la place est bonne. Ceci dit la donzelle avait poussé le bouchon loin, affirmant que « c’est le Medef qui a planté la taxe carbone. » Pas écolo, le patronat ? Allons, ça se saurait… On rappellera au passage que pour Sarkoléon, au sortir du Grenelle de l’environnement, la taxe carbone représentait « une réforme aussi importante que l’abolition de la peine de mort. » Si ce type avait été élu en 1981, la guillotine aurait depuis moissonné quelques cous.

     Désespérés pareillement : les communistes français. Des départs massifs seraient à prévoir au Pcf, élus et militants mêlés. « Ce qui est sûr c’est que moi, je pars », marmonne Braouzec. Pour l’ancien maire de Saint-Denis, le Pcf a atteint « une forme dépassée et morte. » S’il prévoit d’embaumer d’ici quelques temps Marie-George, faudrait penser à le prévenir que c’est fait depuis longtemps.

     Dans le registre des dépressifs, nous trouvons aussi la Lepage. Ancienne ministre de Juppé (ce qui ne nous rajeunit pas), ce membre fondateur de Génération Ecologie, puis de Cap21, avait fini par se présenter sur la liste Udf du bouffon Santini. Vous en voulez encore ? Signataire de l’appel à l’origine de la création de Ni Putes Ni Soumises, elle déclarait, en 2006, se situer politiquement « entre le centre-droit et le centre-gauche. » Ce qui, dans son esprit malade, n’avait rien d’une boutade. Bref, déboussolée à l’extrême, elle rejoignait, l’année suivante, le Modem de Bayrou. Chagrinée par son résultat aux dernières régionales, Corinne Lepage quittait le Modem la semaine dernière, avec perte et fracas. «Le Modem a été sacrifié à l’obsession présidentielle de François Bayrou », se lamente alors celle qui fut victime de cette même obsession en 2002 (1,88% des voix) et y renonça en 2007, s’étant rendue compte juste à temps que, dans le domaine politique, le ridicule tue toujours. Une « carriériste sans foi ni loi », selon un de ces anciens coreligionnaires du Modem. Mais c’est encore euphémiser, tant les crocs de la Lepage défoncent les parquets. On la retrouvera, à coups-sûrs, d’ici un ou deux mois chez les écolos de Cohn-Bendit.

     Vous me direz : on s’en tape, et ça va être difficile sur ce point de vous donner tort. Car l’essentiel, aujourd’hui, n’est-il pas cette France socialiste, toute de rose vêtue, jouvencelle empucelée ? Oui, Mesdames et Messieurs (et Damoiselles pareillement), le miracle a eu lieu, le parti socialiste est ressuscité d’entre les morts ! Cependant, pour Aubry, « l’heure n’est pas au repos, ni à l’autosatisfaction. » Celle-là, pour prendre son pied et lâcher ses dossiers il lui faut quoi ? Le retour de Jospin ? Mais, comme pour en rajouter dans le registre du sinistre, la Première Secrétaire avoue « nous accueillons cette victoire avec gravité. » Graves, travailleurs et tristes : tels sont les socialistes français. On y croit comme du beurre en branche, en l’attente du prochain crêpage entre Aubry et Ségo. Lequel ne saurait tarder.

     L’espoir d’une alternance — pour ceux à qui ce mot parle encore —, davantage que par le Ps se trouve aujourd’hui incarné par cet autre revenant qu’est Dominique de Villepin. C’est dire où on en est. Candidat à rien depuis toujours, Galouzeau se rêve calife à la place du calife. S’apprêtant à lancer son propre mouvement il canarde Sarko et son idée de rupture, dans laquelle il voit « un contresens que de penser qu’on pouvait rompre avec la France. »  Tout de même, il nous met en garde : « je n’ai pas de solution miracle, et je ne suis pas là pour défendre une ambition personnelle. » C’est fou, tout de même, ce manque d’ambition personnelle, partagée par l’ensemble du petit personnel politique.

     Mais fi des idioties, parlons, tiens, de mardi dernier. On était tout de même 50 000 à défier le pouvoir dans les rues de Paris-la-Rebelle ! Okay, c’est dix fois moins qu’il y a un an à la même date, mais selon Thibault de la cégète la mobilisation a été « plutôt bonne. »  Dirait-on d’une grève générale reconductible expropriatrice qu’elle serait plutôt bonne ? Certainement non. La cégète et les fonctionnaires des syndicats félons la considéreraient comme une grève illégale, digne de répression. Raison de plus pour l’entamer, sur le tas et sans plus tarder.

     Ce fut un beau mardi tout de même, comme l’autruche les aime, mardi chômé, mardi de rires, mardi de rêves partagés, mardi gras de complicités et de rock’n’roll, en les basses . Mardi-moi tout, en somme. Mardi à presque en oublier que le lendemain, c’est mercredi.

     Et voilà-t-y pas que mercredi mon Robert-du-bistrot passe me voir les fouilles chargées de stickers « No Sarkozy Day. » Robert, je l’aime, depuis 45 ans et en secret, alors il me donne ses machins moi, comme un idiot, je les colle. Un peu plus tard j’apprends que le violet qui dégouline des autocollants, des t-shirts, des affiches, « symbolise la neutralité politique et syndicale. » Arf. Je me suis fait niquer, une fois encore, trop con. Moi qui suis rien moins que neutre, moi qui abhorre la neutralité, je ne fus ensuite pas mécontent d’apprendre que leur « no sarko day »à la mord-moi le gland, que leur manif à base de violet à la noix, avait finalement fait un bide. La morale de cette morale pourrait être celle-ci : Guy Bedos ou sa sœur, Noël Godin ou sa mère, Siné-hebdo ou pas, à force de prendre les lecteurs pour des demeurés mémorables on finit par se retrouver un peu seul sur le pavé. Que ça vous serve de leçon, la prochaine fois pas plus de violet que de neutralité, les enfants !

     En Belgique, on ne saurait être neutre. En Belgique la police vient la nuit dans certain camping, et marque les caravanes habitées par les Roms d’une croix jaune, haute et bien visible. Sans prévenir, sans même frapper à la porte. Dans quel but ? Intimidation. Pour forcer les départs, parce qu’il est temps qu’ils s’en aillent. Pour les Roms, quel que soit le pays, le lieu, c’est toujours temps de s’en aller : les gens du voyage, ça voyage, alors ça ne reste pas ici. Les croix jaunes, c’est à Binche, en Wallonie. Ailleurs c’est moins doux, comme dans l’Italie actuelle des pogroms anti-Roms ou dans le Sarkozystan qui ne s’embarrasse guère de croix avant d’envoyer les gendarmes nettoyer les campements. A Binche, en Wallonie, les habitants trouvent choquante l’attitude de leur police : « on est tout de même pas chez les juifs », s’insurge une dame, bien mise en plis. Je vous laisse le soin de décoder cette phrase, si vous en avez le courage.

                                                                                                  Frédo Ladrisse.



Insultons la police en attendant l’insurrection (et inversement)

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Après une semaine où fut tiré à boulets bleus, à boulets blancs à boulets rouges, sur cette monstruosité qu’est, n’en doutons pas, l’abstention, c’est non sans gourmandise qu’on l’a vu battre de nouveaux records. Gourmandise modérée par le peu d’attrait qu’a l’autruche pour le jeu électoral, auxquels, qu’ils le veuillent ou non, participent l’abstention et son taux — un chiffre de plus, quoi. Finalement, l’intérêt premier de ladite abstention réside dans les réactions qu’elle suscite par endroit de la part de la crasse politique et chez les bien-votants. Ainsi, dans Le Monde de lundi dernier,  un universitaire du nom d’Alain Borot, expliquait son ampleur par « l’influence croissante d’écrits comme « l’insurrection qui vient », ou la popularité de Zizek dans certains milieux », lesquelles seraient « autant d’indices qu’un activisme à coloration anarchiste a pris le relai de la stratégie de communication électorale dans les nébuleuses de l’action radicale. » Diable, diantre et morbleu, les 23 millions de non-votants seraient donc « à coloration anarchiste » ? Il faudrait dès lors prendre garde, d’autant que, selon le monsieur de l’université, « la dissolution de la logorrhée trotskyste dans l’éructation démagogue du NPA, et la baisse dudit NPA dans les urnes, ont sans doute privé la gesticulation gauchiste de toute crédibilité auprès des troupes les plus résolues de la mouvance révolutionnaire» — là, reprenez votre respiration —,car fatalement « si le gauchisme n’est plus soluble dans la salive ni dans les urnes, c’est le retour à l’action anarchiste du XIXe siècle », aux « actions irresponsables contre les services publics » qui, re-fatalement, devinez quoi ?, « ouvrira la voie au fascisme. » La boucle est là bouclée, en une démonstration qui, bien que capillotractée (1), s’achève sur l’équation abstention=fascisme. De la à en conclure que tous les abstentionnistes sont, en puissance, des nazillons, il y a un pas qu’Alain Borot est à deux orteils de franchir. S’il s’en abstient —ah ah—, c’est peut-être en raison d’une petite lueur de conscience qui, au milieu de son délire, lui rappelle que si les urnes était un solide rempart contre le fascisme, Hitler n’aurait jamais quitté son bac à sable vert-de-gris.

Plutôt que de hurler au loup et d’agiter le chiffon noir d’une insurrection qui ne vient pas, le monsieur de l’université, à l’instar de tous les défenseurs du guignol de foire agricole qu’est la démocratie dite représentative, ferait mieux de se concentrer sur les actions concrètes susceptibles de lutter contre l’abstention. Qu’ils prennent donc en exemple cet association de Lille qui organisait  dimanche un gala de boxe éducative —il faut croire que ça existe—, et proposait d’offrir un sandwich à toute personne se présentant avec sa carte d’électeur, dûment tamponnée. Vous allez me dire : faut aimer la boxe. Oui, et faut aimer les sandwichs. Le plus simple serait peut-être, comme dans les centres de don du sang, d’offrir dans les bureaux de vote casse-dalle et coup de rouge ? Paraît qu’on y songe, en haut-lieu.

Tout là-haut, sur les cimes, on songe également à la baffe qu’on vient de se manger, assez monumentale. On y songe et puis, comme Dutronc, on oublie : une chose est de pousser aux urnes, en jouant sur la peur, ces mécréants d’abstentionnistes, une autre est de tenir compte de leurs votes éventuels. Avant même que soit connue l’ampleur de la défaite, l’Elysée, par le truchement de Claude Guéant, prévenait : même si « de petits aménagements méritent d’être faits », le maître du château n’ira pas au-delà d’un « remaniement qui sera modeste et technique, quel que soit le cas de figure. » Alain Jouyandet, maire de Vesoul, par ailleurs secrétaire d’Etat à la francophonie sera-t-il remercié, tandis  que Michel Mercier, ministre de l’espace rural (alors qu’on le pensait Angélique), prendra la place d’Henri de Raincourt ? Intenable suspense. Mais «il peut y avoir du sens politique dans le technique », s’insurge le Guéant qui, on le sait, n’en est plus à un foutage de gueule près.


Quoi qu’il en soit, la semaine durant, c’est moins derrière l’abstentionniste que derrière l’électeur frontiste qu’a cavalé la droite. Le nazillon est volatile, qui assura l’élection de Sarkozy en 2007. Cependant, pour le convaincre de tourner casaque, 6 jours ce fut un peu court, même si la mort d’un flic, buté par l’ETA, fut mise à contribution dans le registre du tout-sécuritaire, et on en entendit de bonnes, crachées par Fillon et Sarko. « Quand on insulte un policier, un jour, on le frappera. Alors, ce n’est pas étonnant si, un jour, on le tue. » Raccourci, qui relève du sophisme plutôt que de l’étude de mœurs, raccourci qui permet cependant au seigneur du château d’en rajouter dans la menace : « le ministère public portera plainte au moindre manquement de respect d’un fonctionnaire de police. » C’est assez présager de ce que l’autruche, par exemple, risque de laisser sur le carreau en terme de plumes et croupion, si elle s’entête à, par exemple, continuer d’affirmer que les flics sont des ânes, des baltringues congénitaux, des crétins des deux-Alpes, des trous du cul, des cons.

L’autruche en était là de ses considérations policières, quand elle apprît, quelle surprise, qu’une fois de plus les golios de la place Beauvau avait gravement merdés. En lieu et place des photos censées représenter le commando ETA ayant dézingué le brigadier, ces bovidés ont diffusé celle d’une brave escouade de pompiers catalans, venus faire un stage en France. A la télé, dans les journaux, les pauvres ont découverts leurs binettes, sur l’avis de recherche. Cependant, selon Péchenard, directeur général de la Police Française, la procédure fut respectée, appliquée dans les règles de l’art, et tout va pour le mieux dans le monde merveilleux du commissaire Bisou : « non seulement nous n’avons pas fait trop vite, mais nous avons fait exactement comme il le fallait. » Bravo, donc, et que chaque citoyen s’apprête à découvrir sa tronche en Une des quotidiens, avec la mention « terroriste ». Le comble de la mauvaise foi revenait, dans cette affaire, au porte-parole du parquet, laquelle affirmait sans frémir que « la diffusion de ces images permet de refermer cette piste. » Mais QUELLE PISTE ??, ont hurlé en choeur les pompiers catalans, claquemurés dans leur hôtel, de peur de se faire dessouder par un flic zélé si ils mettaient le nez dehors. Ensuite, à ce qu’on nous dit, ils auraient bouclé vite fait leur valise et quitté, au pas de charge, ce pays de dingo-paranos.     

Ils n’auront donc pas eu le loisir de visiter le plus grand centre de rétention de France, qui ouvrira ses portes d’ici à quelques jours, à proximité de l’aéroport de Roissy. La législation limitant à 120 le nombre de places dans un centre de rétention, on en a donc construit deux, reliés par une passerelle. Ce qui nous fait 240 places, derrière les hauts grillages, barbelés et chemins de ronde. La Cimade, qui l’a visité, parle ni plus ni moins d’un « camp d’internement pour étrangers », d’un « espace sécuritaire, totalement déshumanisé. »  A l’intérieur se multiplient les caméras de surveillance et les détecteurs de mouvements, les portes et les grilles, actionnées à distance. Vive le progrès, donc, au service des ambitions d’un Eric Besson qui, bien que se faisant discret pour cause d’élections et à la demande de son maître, ne s’en apprête pas moins à présenter un « projet de loi visant à simplifier le retour forcé d’étrangers en situation irrégulière ». Encore faut-il les « retenir » avant de les embarquer, d’où la construction de nouveaux centres, à un jet de pavé des grands aéroports, et faisant usage à foison des technologies de pointe en matière de contrôle des corps mais aussi des esprits. Il y a quelques jours une amie, laquelle vit une belle quoique forcément chahutée histoire d’amour avec un garçon sans-papiers, me confiait que son homme, après avoir goûté aux deux, trouvait que le centre de rétention c’était pire que la prison. Etonnant, non ? Même pas.

Autres prisons, bien qu’à ciel ouvert : les territoires palestiniens. On s’y dirige sûrement et pas forcément lentement vers une troisième intifada, suite aux provocations de l’Etat israélien, qui accélère ses programmes de construction de logements et de judaïsation de Jérusalem-Est, la partie Arabe de la ville. Netanyahu l’a dit : « Jérusalem et Tel-Aviv, c’est pareil. On construit là-bas comme ici. » Et de multiplier, dans ces mêmes quartiers, la destruction de maisons palestiniennes « illégales », sur les ruines desquelles on érigera des immeubles, destinés aux israéliens non-arabes. Pour Israël, aucun problème, tant que l’ami américain ne hausse pas la voix. Or, c’est pas pour demain : il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter Joe Biden, vice-président américain, pour qui «la pierre angulaire de la relation entre les Etats-Unis et Israël est notre engagement absolu, total et sans réserve en faveur de la sécurité d’Israël. » Sans réserve, n’est-ce pas. Tout est dit. 

Peuvent donc crever les jeunes Palestiniens, au nom de la sécurité de l’Etat israélien. Quitte à crever ils y vont donc, autant que ce soit en se battant plutôt qu’en se lamentant en l’attente d’une aide internationale qui ne vient pas, car bloquée aux check-points. Comme tous ceux qui n’ont plus aucune sorte d’espoir, il leur reste les pierres. Pendant ce temps, en Israël, on fait chauffer le moteur du char et de l’avion de chasse. Reste-t-il quelque chose à détruire à Gaza ? Oui, un peu de population.

Pendant ce temps, le pape a honte. Non pas de laisser agoniser les palestiniens sans broncher, non pas de proposer la canonisation de son prédécesseur Pie XII — grand collaborateur devant l’éternel et chéri par Adolf en son temps—, mais parce qu’il semblerait que le clergé irlandais soit le plus grand rassemblement de pédophiles actifs que l’Histoire ait jamais connu. « Je sais que rien ne peut effacer le mal », confie Benoit-le-bêta. Et d’appeler les victimes des prêtres « à la réconciliation, à la guérison intérieure et à la paix. » Amen. Pour le pape, il est grand le mystère de la bite fourrée dans la bouche des enfants, aussi sa Sainteté semble, sur le sujet, totalement larguée : « vous avez terriblement souffert, et j’en suis vraiment désolé », pleurniche le souverain poncif. « Votre confiance a été trahie, et votre dignité violée. » Ah. « Dignité », c’est comme ça que dans l’Eglise on appelle l’anus des petits chanteurs à la croix de bois ? Fort heureusement, désormais, le progrès —toujours lui— autorisera les soutanes insanes et violeuses à se faire pardonner en toute impunité et sans même bouger leur gros cul : un service téléphonique permet maintenant de se confesser, je vous donne le numéro dans le cas, peu probable, où vous auriez quelques petites choses à vous faire pardonner : 0892 46 DIEU (0,34 euros/minute). Le Fil du Seigneur, ça s’appelle. En revanche on ne nous explique pas quel numéro appeler si on souhaite pécher, tranquille, au téléphone. Une idée marketing, à fouiller si le cœur vous en dit.            

                                                                                                   Frédo
Ladrisse.

 
(1) Capillotractée : tirée par les cheveux

Leprest, et puis c’est tout

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ?  J’entends des résultats jusqu’à saturation, des chiffres à filer la nausée, bref, soirée électorale. Bayrou s’effondre Frêche flambe, le Front National est tout requinqué  — merci qui ? merci m’sieur Besson —, tout est dit non ? Ecoutons donc, plutôt, ce que l’on n’entend pas. En ce jour de premier tour de piste fut déclarée cause nationale la lutte contre l’abstention, cet hydre, cette monstruosité laquelle ne manquera pas, un jour, de devenir un délit. Des véritables raisons qui détournèrent du cirque plus d’un électeur sur deux, on ne nous dit pourtant pas grand chose. Tout au plus sentence-t-on, moralise-t-on à outrance, « s’abstenir, c’est déserter », nous averti ainsi le site « citoyen » Agora vox, avant d’enfiler les poncifs autant que les contrevérités. « Abstention : une absence de sens », c’est le titre de l’article en question. « Ne pas voter, c’est minimiser l’acte de tous ceux qui sont allés exprimer leur suffrage » — et quand bien même ? —,  alors que voter, nous explique-t-on,  « c’est être présent, bien présent, c’est affirmer que mon choix compte. » Pour finir, bien évidemment, on n’évitera pas de nous rappeler que s’abstenir c’est, systématiquement et sans qu’on sache au juste pourquoi, faire le jeu de la droite et, même, horreur, du lepénisme. Mais pourquoi donc s’acharner à tenter de culpabiliser cet abstentionniste qui ne serait, toujours selon Agora vox, qu’un « étourdi qui ne sait pas que, dimanche, on vote. » Autrement dit, un abruti ?

     Laissons ces excités de l’urne et de l’isoloir prendre leur pied et se sentir exister durant le court instant où seront énoncées, à voix haute, leurs identités nationales, concentrons-nous plutôt sur l’information capitale de la semaine : selon une étude britannique de la plus haute importance, l’infidélité rendrait con. Plus exactement : « les analyses empiriques montrent que plus les hommes sont intelligents plus ils respectent la monogamie et l’exclusivité sexuelle. » Loin de moi l’idée de critiquer l’idée de fidélité (je suis moi-même très intelligent), mais enfin… Le docteur Kanazawa, auteur de ladite étude, prend-t-il Bill Clinton, Dominique Strauss-Kahn, le prince Charles et Berlusconi pour d’irrécupérables idiots ? On voit que la démonstration du brave docteur ne tient pas…

      On ne sait si Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au logement, est fidèle en amour, mais il l’est, à coups-sûrs, en matière de défense de la propriété privée. La trêve hivernale achevée, les expulsions vont reprendre, et comme plusieurs associations demandent un moratoire — c’est la crise, oui ou merde ? —, Apparu leur a répondu que ce n’était pas la solution : « les propriétaires vont se dire : « je ne loge plus de foyers modestes, car si derrière il y a un pépin pour payer le loyer, je ne pourrais plus récupérer mon logement. » L’essentiel serait donc de ne pas effrayer le proprio, et que les bougres sans toit claquent sur les trottoirs (320 sdf sont morts en France, en 2009), cela, n’est-ce pas, reste anecdotique. Pour autant, ne croyez pas que monsieur le secrétaire d’Etat serait sec sur le plan des idées. Il faudrait, selon lui, permettre « dès le deuxième mois d’impayés, d’avoir un travailleur social qui va intervenir pour régulariser la situation. » Travailleur social : c’est comme ça maintenant qu’on appelle les huissiers ?

     Avec un peu de chance, les nouveaux expulsés se verront offrir, par la police, une nuit au chaud, au gnouf. On sait qu’en 2009, le nombre de gardes à vue a littéralement explosé, jusqu’à atteindre le chiffre délirantissime de 900.000. Selon Hortefeux-nouille — spécial dédicace à Hélène, qui farte grave à Gap et à qui nous devons la nouille —, selon Hortefeux, donc, ce chiffre est « dû à une plus grande activité des services. » On s’en serait douté, merci, tant il est vrai que plus y’a de flics, plus y’a d’arrestations. Par ailleurs, sur le fond, cette grande activité ne saurait poser de problèmes, puisque d’après Hortefeux-lement, « nos concitoyens savent que la police a pour seule ambition de protéger et d’assurer la sécurité de chacun », et qu’il se déclare « convaincu que l’immense majorité des Français soutient les forces de sécurité. » L’habituelle distorsion entre, d’une part,  les ministérielles convictions nourries au pus sécuritaire, d’autre part la réalité du toujours très vivant sentiment anti-flic, atteint ici son point nodal. Ils nous chient sur le crâne à longueur de temps, mais ils s’étonnent encore de n’être point aimés. Des ânes, rien que des ânes.   

     E
xpulsé, pour l’éternité, Ferrat a donc taillé la route. Du coup la montagne est moins belle. Il reste qui, sur le sentier, à creuser la branche de noisetier, y bricoler des flèches ? Reste Leprest, et puis c’est tout. Et ce n’était pas rien d’apprendre, dans la même semaine, le départ de Ferrat et celui de Kelly, la plus Girlschool des girls hors school. Encore la place nous manque-t-elle pour saluer comme il se devrait l’immense Patrick Topaloff et Gicquel le rabougri, pareillement claqués. Mais assez déconné : Kelly est morte, Ferrat est mort, et moi-même je ne me sens pas au mieux de ma forme. Fuck la mort, hein Leprest ?

 
                                                                                                    Frédo Ladrisse.

Je sais pas moi, Vesoul

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Ça râle, ça grommelle, sur le front social, mieux, ça commence à montrer les crocs, ça s’aiguise les incisives. Bientôt les flashes radio ne seront plus que litanie énumérant grèves, piquets, revendications, séquestrations ! Quoi, on peut rêver, non ? Si le printemps c’est pas demain c’est quand même pour dans pas longtemps ! Pour l’heure, ça bourgeonne, un peu mollement certes, mais ça pousse. Un exemple, dans le flot : les gars Renault de Douai l’autre matin. Hop, dès potron-minet, grève surprise, et que je te la bloque moi l’usine, et que je te le pousse mon coup de tronche. Guy Pottiez, de la cégète : « nous demandons à la direction d’ouvrir la boîte à pognon. » Il a pas tort, le Guy, si ce n’est qu’il demande, au lieu de prendre. Quoi qu’il en soit la direction elle ouvre rien du tout, même pas son habituelle grande gueule. Elle rappelle juste, comme en un souffle, que, m’enfin, c’est la crise ! Sauriez-vous un jour, pauvres gueux, vous l’enfoncer dans le crâne ?

     Chez les grecs, c’est fait. Blocage des salaires, diminution drastique des retraites, licenciements massifs et autres plans d’austérité en-veux-tu-en-voilà, soyez certains qu’ils ont compris ce que signifie le mot crise. Heureusement, d’autres pays de la glorieuse Europe ne manquent pas d’idées pour sauver de la faillite le berceau gnagnagna de notre civilisation, à l’image de l’Allemagne, qui, par la voix de son député Frank Schäffler, estime que « l’Etat grec doit vendre des propriétés foncières, comme par exemple des îles. » Solution radicale peut-être, mais solution finale. Et si l’Allemand de base n’a pas le pognon pour s’offrir un bout de Skopelos, il peut choisir d’attendre que la crise envahisse la France par une financière blitzkrieg : il pourra alors se payer, je sais pas moi, Vesoul ? 

     Trêve de galéjades. Notre bien- aimé Sarkoland n’en est pas encore rendu à ce genre d’extrémité, et conservera ses bourgades — même Vesoul, c’est dire. La crise, pour l’heure, ne fait jamais que nous effleurer, j’en veux pour preuve que certains commerces à la vitalité criante se permettent de pratiquer des promotions sur des produits qui, par ailleurs, ont fait la preuve de leur inutilité. Ainsi, un commerçant de Bordeaux proposait il y a peu une remise de 5% à tout client qui s’engageait à voter pour les Régionales, quel que soit le candidat choisi. « Voter peut rapporter », c’était le slogan de la semaine, affiché sur la porte de la riante supérette. Comme le résume si bien la femme avec qui  je partage mes endives au jambon : pour qui n’a rien à vendre, il faut croire que tout s’achète.

     J’avoue ne pas avoir tout à fait saisi le sens de cette dernière phrase, mais bon : son auteure étant une pierredaco-desprogienne de haute volée, j’ai préféré rire sans comprendre. C’est toujours mieux que le contraire.


     Trêve de galéjades, disais-je, et fi des considérations sur les endives, sur le jambon, revenons à nos moutons, autrement dit aux électeurs. Dimanche c’est le grand cirque, savez-vous, la piste aux étoiles mornées. Alors ça se montre, ça se frotte au peuple, ça le renifle sur les marchés et jusque dans le métro, ça s’engraille les pognes à serrer la main des bouchers, tout est bon dans le mouton, à partir du moment où il a sa carte d’électeur. Ça s’empeigne aussi, bing et beignes, à Montpellier Frêche bouge encore, qui bave, à propos de Martine Aubry : « elle va tenter un coup fourré, mais je vais me charger de sa réputation après les régionales. » Et de conclure, son gros cul posé sur le rebord du pinacle : « en m’attaquant, elle m’a transformé en icône. » En toute simplicité… Encore, pour se faire une idée du niveau de ces cancrelats, fallait-il voir Le Pen sur scène, dans les Bouches-du-Rhône, défendre « cette France blanche et chrétienne, menacée de disparaître », dénoncer « les mosquées qui poussent comme des champignons », assurer que « si demain la burqa est autorisée [à noter: on ne savait pas qu’elle était d’hors-et-déjà interdite], elle sera obligatoire dans certaines parties du territoire. » Cessons là. Laissons-le sombrer, corps et mal. Félicitons-nous simplement de voir Marine, la fifille en quête perpétuelle de respectabilité, s’arracher de pleines touffes de cheveux à chaque delirium de son grabataire de père.

     Et pendant que Jean-Marie compte les minarets, petit Sarko bat la campagne. Pour voyager, ça, ça voyage ! Toujours le même scénario, vider une ville de ses occupants, la remplir de flics et de militants Ump, un discours et petit tour vite fait puis retour au château et en hélico, s’il-vous-plaît, y’a Carla qui fait des gnocchis. Le Sarko-tour, cependant, si il est bien rôdé, ne peut éviter que parfois ça se mette à tanguer voir à partir en vrille. Ainsi, tout récemment, en déplacement en Charente not’président lui-même a annoncé le déblocage d’une aide exceptionnelle et déclaré dans cette région où, une fois la tempête passée, on avait repêché une cinquantaine de noyés, que ça allait permettre aux sinistrés de, sic, « sortir la tête de l’eau. » On voit qu’Yves Jégo n’a pas tort qui, en matière de discours, lui déconseille toute improvisation.

      Au collège, au lycée, toute improvisation sera pareillement proscrite, car soumise aux sunlights des caméras de surveillance. Après avoir supprimé des milliers de postes dans les bahuts, le ministre Bertrand s’emballe : « nous proposons très clairement que dans chaque lycée de chacune des régions, il y ait de la vidéosurveillance pour mieux protéger les Français. » Pour mieux, et de mieux en mieux, et toujours mieux les protéger, je propose au ministre et à ses affidés la « méthode Carrefour », laquelle  est d’une simplicité à faire pâlir de jalousie tous les Goebbels de province.  Prenez quatre vigiles, s’acharnant sur un pauvre bougre qui, crime horrible s’il en est, a tenté  de soustraire sans envisager de la payer une canette de bière. Bien entendu, la bande des quatre s’acharne un tantinet sur lui, au point que le type, flûte, il meurt. Ballot. Deux de ces tristes sires sont alors placés en préventive, pour le principe, et demandent immédiatement à être remis en liberté, arguant des « railleries » dont ils seraient victimes en prison, les pov’ choux. La société Carrefour, qui demeure leur employeur, déclare de son côté que si jamais ils sont libérés elle compte bien les réintégrer. « Mais pas au même poste », précise un avocat. Pourquoi, pas au même poste ? Il me semble  qu’ils ont fait leurs preuves.
 
                                                                                           Frédo Ladrisse.

The ace of spade, bordel

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Rien. Le vent souffle crédié, tempête sous un crâne d’autruche, rien n’engage au sourire et même le pape n’y peut mais. Benoît 16-64 fait pourtant ce qu’il peut, qui propose son top ten musical à la noix. De quoi rigoler un chouia, car il est dit que tout chrétien se devrait de posséder en sa cardinale discothèque « Rumours », de Fleetwood Mac — une daube à se flinguer —, « the dark side of the moon » du grotesque rassemblement d’hommes d’affaire nommé Pink floyd , ou encore « Thriller » de ce cher Monsieur  Jackson. U2 et Oasis figurent aussi dans la playlist. Conclusion : que le pape ait un goût de chiottes n’étonnera que les tenants de la génuflexion. Les fans de Motörhead s’en trouveront par contre renforcés dans leur goût pour l’inimitable touché de cordes de Lemmy, que le pape, visiblement,  ne semble guère apprécier. The ace of spade, bordel de dieu !  


     Appelant au boycott absolu des groupes de rock gnangnans bêtassons et suceurs d’osties encensés par Sa Sainteté, l’autruche aimerait également qu’on oublie définitivement cette autre rock star des nineties : Ségolène Royal. « Je suis libre, c’est ma force », prévient la cruche. Libre de quoi ? Mystère. Puis d’ajouter en se recoiffant : « il suffit d’un rien pour regagner une crédibilité. Une phrase, une posture,…» C’est cela, oui, d’un rien. De ce rien qui anime par exemple B. Henri-Levy, le célèbre écrivain de cour, dont elle prend la défense en des termes hallucinés : « un danger le guette : la mode. Mais la souffrance, amie des forts, le sauvera. Tout l’y prépare. Le voudrait-il qu’il n’échapperait pas au feu qui le brûle. Il a déjà dans le regard, ce dandy, de la cendre. » C’est vrai qu’il sent un peu le cramé, le BHL, depuis sa sortie sur Jean-Baptiste Botul, philosophe inventé par quelque plaisantin, Botul adepte de la « mouïtée » qui malaxait du beurre avant de passer aux seins des femmes, par ailleurs pseudo auteur d’un opus titré « Landru, précurseur du féminisme. » Un simple petit tour sous Google aurait certainement permis à notre BHL de flairer l’imposture. Mais il est comme ça, BHL. Il ne lit pas les livres dont il parle, pas plus qu’il n’écrit ceux qu’il signe.


     Autre guignol, en moins comique, Patrick Balkany s’épanche ces temps-ci sur sa prétendue relation avec la jeune Brigitte Bardot. On rit dans les salons, d’autant que la vieille Brigitte Bardot dément la chose, et avec force. « Je suis ingérable, c’est comme ça, je suis comme je suis », confie le maire de Levallois. Le rebelle a aussi narré par le menu et sur les ondes la circoncision de Solal, petit-fils de Sarko. Ce que c’est que d’être un intime! Intime, elle aussi, mais avec le bas peuple, Cécile Duflot de Les Verts a susurré, cette semaine, une confidence époustouflante : « il y a aussi un truc touchant pour moi, c’est que les gens me reconnaissent et me disent « ne changez pas. » Doivent la confondre avec  Florence Foresti. Mais un homme, au moins un, ne partage guère cet enthousiasme. Cet homme, c’est Dupont-Aignan, député et opposant de droite ( ?), qui dit vouloir « lutter contre l’intégrisme vert », qui « crée 200 kilomètres de bouchons chaque jour dans la capitale », et aurait inventé, « avec les couloirs de bus, les embouteillages de nuit. » Pas faux. Mais on s’en fout un tantinet, surtout quand on n’a pas de voiture.


On voit que la campagne suit son petit bonhomme de chemin, sentier boueux peuplé de ronces et de ragondins peu ragoûtants. Inutile de s’attarder sur l’affaire Soumaré avec laquelle nous fûmes soulés, et amplement, durant des jours, si ce n’est pour s’interroger sur la provenance des infos utilisées contre le candidat. Comme elles seraient issues du STIC (système de traitement des infractions constatées), Moloch policier qui a dévoré, à ce jour, près de 34 millions de personnes, la CNIL s’en est émue, et a écrit à la police. La naïveté de la commission informatique et liberté n’est, certes, plus à prouver. Mais là ils décrochent le pompon ! Dénoncer un « manque de rigueur » et « une absence quasi systématique » de mise à jour des informations consignées, c’est aller loin dans l’euphémisme. Les flics s’amusent comme des petits fous et depuis longtemps avec ce STIC, parangon du délire ultrasécuritaire, désormais ils en livrent (en vendent ?) les infos les plus chaudes. Encore dans l’affaire Soumaré ces ânes-là ont-ils fait fausse route, en se plantant de dossier. Une fois de plus la preuve est faite, la seule chose susceptible de nous protéger des flics, c’est leur propre bêtise.


     Sur ce terrain pourtant, la concurrence est rude. Les contrôleurs SNCF, que nous sommes un certain nombre à nommer nos amis les bêtes, ont redoublé d’efforts ces temps-ci, notamment en ce qui concerne la chasse aux Roms, aux bouffeurs de hérisson et autres voleurs de poules. A Toulouse, une note interne les prévenait que « ces dernières semaines, des soucis ont été rencontrés avec les Roumains. Nous vous demandons de redoubler de vigilance. Par ailleurs, tous les faits de Roumains doivent être signalés au PC national sûreté. » Faits de Roumains, kézako ? Un Roumain qui achète un sandwich, un autre qui écoute de la musique sur son baladeur, c’est un fait de Roumains, ça ? Mieux : dans le Paris-Nice, le 27 janvier dernier, un contrôleur passe cette annonce : « on nous signale la présence suspecte de trois petites gitanes (sic !). Nous vous demandons de faire très attention à vos bagages. » Les Noirs, les Arabes et les jeunes présents dans le train, curieusement n’ont fait l’objet d’aucune annonce particulière. Un regrettable oubli, sûrement.


     A Dijon—  ville tenue par Rebsamen, ségoléniste patenté — on n’a pas besoin de micros pour les annonces anti-Roms : le « Bien Public », journal local, s’en charge parfaitement. « Oui, il y a un problème Rom ! », titrait la feuille de chou en février dernier. Depuis, les articles se succèdent, qui vise à effarer le bourgeois en même temps que de développer, dans la population, une hostilité bien réelle. On y trouve des perles, véritables condensés de fantasmes anti-Roms, comme l’existence d’une prétendue « planification des départs et des arrivées par une organisation qui tire de grands profits de la mendicité ou des vols », ou encore celle d’une « société parallèle, qui organise les tours de manche, frappe ceux qui ne rapportent pas assez, apprennent aux plus jeunes le vol et la ruse. » Tout cela vous a, n’est-ce pas, un parfum de mafia tout à fait corrosif. Evidemment, rien n’est prouvé, aucun fait établi ne vient corroborer les délires de nos journaleux. Mais ça marche, c’est l’essentiel, et quand la peur s’empare de la ville la mairie a beau jeu d’expulser les campements et de mettre la pression sur ceux d’entre les Roms qui n’auraient pas encore songé à déguerpir, et vite. C’est l’Italie ? Non, c’est Dijon.  


     Une autre solution pourrait être de castrer les mâles du peuple Rom. Le Sénat n’a-t-il pas, jeudi, voté définitivement la loi sur la récidive, laquelle renforce notamment l’injonction de castration chimique vis-à-vis des auteurs de crimes sexuels. Paraît que la garde des sceaux est tout de même déçue, elle qui voulait que soit envisagée la possibilité d’une castration physique. L’idée, malheureusement, n’a pas été retenue. Dommage, ça aurait donné un peu de boulot aux bouchers.
 
                                                                                              Frédo Ladrisse.

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