"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Décembre 2011

En direct de la Fête de fin d’année des crétins

 
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? C’est reparti pour un tour de train-train, Noël et jour de l’an en guise d’arrêts forcés, Tchou-Tchou des fêtes mille-et-une fois recommencé et que rien, ou si peu de choses, n’osent venir perturber. Ainsi, les grèves cheminotes annoncées à l’orée de la période sacrée, n’auront finalement pas lieu. Celles et ceux qui comptaient sur le syndicat, les arrêts de travail, pour servir de prétexte et éviter le calvaire du réveillon chez tonton Serge, en seront pour leurs frais. A l’occase, on apprend comme ça comme en douce que la Cgt et la direction de notre glorieuse Sncf ont passé un « pacte antigrève », pour ne pas gêner l’entreprise au moment de l’ouverture à la concurrence. C’est beau, un syndicat qui veut pas gêner son patron.
     Pécresse, elle, ce sont les marchés financiers qu’elle craint d’indisposer. Suite à la signature de l’accord de Bruxelles, la ministre eut cette envolée : «ce que nous voulons avant tout, c’est rassurer les investisseurs, c’est leur dire que plus jamais nous ne ferons appel à des fonds privés, dans le cas où un pays serait en difficulté. » Les banques, principales responsables de la crise mais qui ont fort mal digéré l’emprunt grec et son remboursement partiel, peuvent donc désormais dormir sur leurs oreilles, bien bouchonnées : avant tout, plus jamais on ne viendra les importuner.
     Curieusement Pécresse ne s’est pas exprimée relativement à la nouvelle loi visant à interdire la prostitution. Porte-parole du gouvernement, elle doit pourtant s’y connaître en matière de putasserie. Mais rien, pas un mot, pas une virgule, la Pécresse laisse le sujet aux professionnels de la chose. Maintenant que, dans un grand élan moralo-hypocrite, ces foutreux sont enfin parvenus à criminaliser, à outrance, la fille des boulevards, ils entendent désormais punir le client, non sans avoir, au préalable, « mené un travail de sensibilisation aux conditions d’exercice de la prostitution ». Et le rapport de préciser que cela se ferait « sur le modèle des stages de sensibilisation à la sécurité routière. » Sanctionné par un examen, type permis de forniquer ? Reste à recruter quelques girondes et expertes examinatrices.
     On croit rêver, mais non, chaque jour qui passe voient ces ignobles s’enfoncer un peu plus dans le ridicule, le foutraque et l’ignominieux. A l’image de ce député Ump dont on a eu vite fait d’oublier jusqu’au nom, de ce grand malade qui entend proposer une loi —encore une— imposant le vouvoiement à l’école, et ceci dès la maternelle. Vous avez bien lu : imposer. « Pourquoi pas », commente Chatel, ministre de l’éducation : « après tout, le vouvoiement est une des richesses de la langue française, je ne vois pas ce qui pose problème à l’apprendre dès le plus jeune âge. » Une richesse, c’est évident. Au même titre que la révérence, la baguette ou le bonnet d’âne. Vouvoyez-vous les uns les autres, bambins de ce siècle imbécile. Et avant de remettre vos sabots, vous balaierez la classe, et nettoierez les encriers.
     Quand ils ne sont pas occupés à pondre d’ineptes projets de loi puant la suie et la cire froide, certains « responsables » Ump  se montrent, comment dire… Un peu plus radicaux. Tel Maxime Buizard, chef des jeunes Pop du Loiret —ce qui vous campe un homme. Le jour où les militants de Greenpeace ont envahi quelques centrales afin de démontrer l’inefficacité des flics censés en interdire l’accès, le Maxime a twitté ceci : « la gendarmerie aurait dû abattre les terroristes de Greenpeace, ils ne méritent pas de traitement particulier. » Sic. Certes, l’honnêteté oblige à signaler que le gars fut viré illico de l’Ump, quasiment le jour-même. Mais on frémit tout de même à l’idée que ce fou furieux aurait pu un jour devenir, heu… ministre de l’intérieur. Au sujet de l’opération menée, donc, par Greenpeace, en une version plus nuancée Sarko crut bon de déclarer que « c’est assez irresponsable de prendre des risques avec sa vie, et avec celle des autres. » Bin voyons. On croirait entendre Poutine déconseiller aux jeunes d’aller manifester, parce que c’est dangereux. Par ailleurs, prendre des risques irresponsables avec la vie des autres, ce n’est pas la définition même du nucléaire ?
     A la surface de ce cloaque, où règnent purulences et autres affections, surnagent tout de même, parfois, quelques bonnes nouvelles. Les deux copains qui avaient chanté « l’hécatombe » de Brassens lors d’un rassemblement, en juin, devant la préfecture de police de Paris, ces deux là, arrêtés, inculpés de violences contre les forces de l’ordre, viennent d’être relaxés, suite à une comparution où l’hilarité du public le disputait, paraît-il, à la gêne teintée de honte des magistrats siégeant ce jour-là. S’il existe des petits plaisirs, Il n’y a pas de petites victoires.
     Pour finir, cette « cocasserie » : Newt Ginginch, éventuel futur candidat républicain qui devrait affronter, l’année prochaine, B. Obama, était invité il y a peu sur une chaîne télé, media de la communauté juive. « Je pense que les Palestiniens sont une invention », lâcha-t-il. De même que la terre est plate et que, juste derrière Wall Street commence l’Abysse ouvrant sur les Enfers éternels. Une fois de plus, c’est prouvé : l’Amérique est un grand pays, peuplé d’intellectuels.
 
                                                                                                 Frédo Ladrisse    


 

Rouges nounours

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Une Europe gémissant comme génisse mettant bas, de Propiano à Dortmund la populace a la tremblote et guette avec effroi le prochain coup de grisou. Ce qui s’offre à nos yeux en termes d’avenir non-radieux n’est plus même une vallée de larmes, mais un océan lacrymal à tendance glaireuse. Il n‘est pas jusqu’en Angleterre, patrie soi-disant triomphante d’un individualisme gore conceptualisé par Thatcher (ce qui ne nous rajeunit pas), où cela gronde et branle dans le manche, au point de mettre dans la rue deux millions de grévistes, lors du plus grand mouvement qu’ait connu le pays depuis les années 70. En cause, un passage, pour les fonctionnaires, de 60 à 66 ans de l’âge légal de départ en retraite, une hausse des cotisations et la suppression de rien moins que 300 000 postes. « C’est la goutte qui a fait déborder la vase », commentait l’autre matin en français approximatif mais, pour le coup, très approprié, un syndicaliste londonien. La vase, oui. Celle qui s’étend à l’échelle de tout un continent, celle qui pue, remugle la mort.
     Croque-vivants d’entre les pires, de ce côté-ci de la Manche le Guéant vert de rage écume, éructe, brûle à l’intérieur d’une flamme bleu-blanc-rouge aperçue sur certaines affiches, ou tracts. Ministre, directeur d’inconscience d’un Sarkozy à la remorque du Front — comme à chacune de ses campagnes—, Guéant foiré fait feu de tout bois, propose par exemple en loucedé l’abaissement de la majorité pénale à 12 ans. 12 ans, c’est petit bras. C’est minable. Quitte à réformer le code pénal, faisons en sorte que l’incarcération soit possible dès la formation de l’embryon. En deçà, ce sera difficile. Guéant-flure, dans le même mouvement, exhibe le projet de croisement entre, d’une part, le fichier des étrangers résidant en France, d’autre part ceux de la Sécu. Y-a-t-il plus limpide manière de pointer du doigt l’étranger, nécessairement fraudeur ? L’histoire ne dit pas si il est également prévu de croiser les fichiers de la sécurité sociale et ceux des tribunaux de commerce, où sont enregistrés les milliers de patrons escroquant journellement les caisses. Mais chut, laissons ces voleurs-là voler, sinon c’est fermeture délocalisation et tout le pataquès —au passage, j’attends toujours qu’on m’explique comment le patron d’une brasserie, d’un magasin de pompes funèbres ou encore le fleuriste de mon quartier s’y prendrait pour, comme ça, se délocaliser en Chine ou au Cachemire, mais bon…  Au Sarkozystan-pour-mille-ans, c’est une chose entendue : le fraudeur c’est l’étranger, et le Front National a raison. Reste à trouver le moyen, sûr, de prendre la main dans le sac ce salopiot venu d’ailleurs, et là, Dieu-des-Français-de-Souche soit loué !, nous avons à disposition ce fantastique outil, la vidéosurveillance ! Plantons partout des caméras, jusque dans le caleçon du Malien nettoyant nos merdes de chien, et on verra ce qu’on verra !
      Bien entendu, on ne verra rien. Vidéosurveillance de mes fesses. Un récent rapport, comme on dit, vient de conclure qu’en termes d’élucidation des affaires liées à la délinquance, cette technologie dite de pointe n’entre en compte que dans 1,5% des cas. Quand on sait qu’une caméra coûte en moyenne 20 000 euros, que pour être efficace dans le cadre d’une ville moyenne il en faut au moins quinze. Que ce chiffre de 20 000 euros doit être multiplié par trois dès lors qu’on tient compte de la maintenance et du salaire des flics et/ou vigiles payés pour rester devant les écrans, on obtient 20 000 X 3 X 15 = la modique somme de 900 000 euros. Ça fait cher l’arrestation du voleur de sucettes, non ?
     Cependant, en matière de surveillance et stigmatisation et mise à l’écart de celles et ceusses ne correspondant pas tout à fait à la norme, l’époque laisse à penser que l’imagination humaine est sans limite aucune. En la sale ville de Ruffec, quelque part en Charente, le maire a cru bon d’afficher à l’entrée de la cantine la liste des parents, classés par « nounours verts » (cantine payée à l’avance), nounours bleus (le compte est à zéro), nounours rouges (cantine non payée). « Jamais on a refusé un enfant à table, jamais ! », s’insurge Môssieur  le maire. Il n’empêche, trouduc, qu’on n’aurait pas aimé être juif et t’avoir comme voisin en 1943.
     Eva Joly, qu’est-ce qu’elle en dit, de la xénophobie élevée au rang de philosophie d’Etat, des coups de schlague à répétition que se prend le corps social, en pleine face, et de ces temps mauvais  qui courent ? Rien, nada, queue de cerise, peau de zobe. Pour ne plus risquer de dire quoi que ce soit qui déplaise au Ps, la voilà muette et roide tel un saumon d’élevage. La dernière fois qu’elle a causé, Eva Joly a dit : « j’ai peut-être parfois la langue un peu rugueuse. » Ah donc. Y’a pas des traitements pour ça ? A tout prendre, dans le registre des candidats à l’élection pestilentielle, on préférera Morin, pas Christian, l’autre, le pas connu. On le préférera parce que lui, quand il cause, au moins il est drôle : interrogé l’autre matin sur ses relations avec l’émir de Dubaï —les deux coquins furent en affaire—, Morin, tout en s’étouffant de colère, eut cette sortie, d’anthologie : « je vous dis que je n’ai jamais rencontré l’émir. Je lui ai serré la main une fois, c’est tout. » C’était à peine le lendemain de sa candidature, et déjà le bonhomme se carbonisait en direct. C’est peu dire que l’émir-obolant ne lui fut pas une martingale.
     Pendant ce temps, Poutine, lors du congrès de son parti au doux nom de Russie Unie, se faisait désigner futur candidat pour les présidentielles. A l’unanimité des délégués présents, lesquels, il est vrai, n’étaient que 11 000… 11 000 délégués, et pas un pour ne serait-ce que s’abstenir. On vous l’a dit, on vous le redit : la Russie est une belle, une grande démocratie.
     Pour finir, nouvelles d’outre-tombe : Eve Ruggieri, vous savez, la toccata branlante qu’on croyait canée de long temps… Eh bien, elle parle encore. Pour preuve, a la question de savoir si elle était pour ou contre le vote des étrangers aux élections municipales, la diva des services de gérontologie a répondu « je suis pour, à condition qu’ils travaillent. » Elle a raison la vieille, y’a déjà trop de pauvres qui votent, alors les étrangers…
 
                                                                                                  Frédo Ladrisse.
       

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