"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Octobre 2013

J’espère que non. 

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Valls, qui enfle, empire et se lâche. Il y aurait donc, en France, quelque chose comme un « problème Rom » ? Et pourquoi pas, comme d’antan, un  problème Noir, un problème juif ? Stigmatisez, stigmatisez, il en restera toujours quelque chose… N’est-ce pas ainsi pratique, que de pointer du doigt une population donnée ? C’est que les élections municipales approchent, aussi est-il urgent de redoubler de coups de mentons et de rodomontades. Valls : « à part quelques familles, les Roms refusent de s’intégrer. Leur culture n’est pas la nôtre. » Certes, et alors, où est le problème ? Seuls les individus partageant « notre culture » (expression ne signifiant rien) se verraient reconnaître la possibilité de demeurer en France ? Quelle tristesse, quel ennui, dès lors, nous entendons d’ici les portes se fermer et les volets claquer et les pantoufles pantoufler. C’est peut-être ceci, la France : un peuple de vieillards apeurés ne supportant plus le bruit après 19h30, et effrayés, surtout, par tous ceux qui pourraient ne pas leur ressembler. C’est peut-être ça, Manuel Valls : un gérontophile de circonstance, se rêvant un destin national, et conscient que les vieux, ça vote à 80 %, et que ça vote toujours à droite.
     Sur le terrain, rien n’a changé, valsent les bulldozers sous le règne de Valls, évacués sont les campements, jetés hors de l’école sont les enfants Roms jusqu’à lors scolarisés. Et le gouvernement de freiner autant que faire se peut l’intégration de la Roumanie et de la Hongrie dans l’espace européen (« l’Europe n’est pas prête », ah ah, la bonne blague), tandis que l’ultradroitier maire de Nice, Estrosi, publie sans en être inquiété un guide de l’expulsion à l’adresse des maires. Le petit livre vert-de-gris contient-il les horaires des trains de marchandise susceptibles de ramener vers l’Est les Roms ? Estrosi a dû y songer.
     Dans les salons, ça eut râlé. Pour le principe, s’entend. Il y aurait comme ça des ministres qui ne seraient pas d’accord avec Valls ? Ça se murmure, ça se susurre. Cécile Duflot, par exemple, tapa de sa petite menotte sur la table en formica vert certifié recyclable : ça suffit ! Stop et zut !... Cherchait-elle, par sa sortie, à camoufler le camouflet que les Verts venaient de se manger concernant la taxe sur le gazoil, repoussée aux calendes ? Mauvaises langues que vous êtes… Elle tape, la Duflot-bleue, elle grogne : jamais elle ne mord. La place est bonne, elle la gardera le plus longtemps possible.
     Hollande, qu’en pense-t-il, des rodomontades de son ministre de l’intérieur nuit-et-brouillard ? Il ne pipe, le bougre, l’œil riveté aux sondages, de plateau de cinéma, pardon : de plateau de télévision en plateau de télévision, sa côte demeure au plus bas. Quel chagrineux destin que de n’être pas apprécié, même par celles et ceux ayant eu la faiblesse de voter pour votre personne ! Aussi, comme une calinothérapie s’imposait, le gars a fait comme d‘hab’ : un petit tour au Mali. « Vive le Mali libre, vive la France ! », a lancé depuis Bamako ce président d’opérette. Il y fut acclamé, comme d’hab’ : les Maliens sont payés pour ça. Comme d’hab’, Hollande s’est dit que sa seule erreur fut de ne pas se présenter au Mali plutôt qu’en France, ce pays compliqué.
     Le petit bonhomme s’en alla par la suite visiter son ami Vincent Bolloré. Bolloré, l’homme du yacht, l’ami de Sarko, vous le remettez ? 3,6 milliardd de fortune personnelle au compteur, bref, un philanthrope né. Visitant une usine du groupe, le président du changement a balancé dans les micros cette phrase curieusement passée inaperçue, et selon laquelle « le socialisme a besoin du capitalisme. » Etrange coquecigrue, vous en conviendrez. Néanmoins, elle aura le mérite d’éclairer définitivement ceux qui voyaient encore « l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarettes » entre Hollande et Cameron, entre Hollande et Obama, entre Hollande et Merkel. Même combat, même casse des services publics, même généralisation du chacun pour sa gueule, mêmes objectifs : le triomphe définitif de l’économie contre le social, et du profit contre l’humain.
     Hollande s’est ensuite rendu sur le site de Florange. Il fallait, il l’avait promis. Il n’y alla pas de gaité de cœur, un peu à la manière de ces barons locaux arpentant les marchés en période d’élection, serrant de multiples mains et s’empressant ensuite de laver les leurs, à grande eau. A Florange, Hollande fut sifflé. Curieusement, il ne fut pas pendu, ne serait-ce que par les pieds. C’est à ce genre de détails qu’on mesure la baisse de combativité de la classe ouvrière.
     Sinon, quoi ? Le cirque habituel. Comme la promesse de belles images de bombardements nocturnes et massifs et occidentaux donc justes semble, pour le moment, ne pas être devoir tenue en Syrie, les caméras se sont éloignées, les journalistes aussi. Cette guerre, non pas civile mais CONTRE les civils, continue de dérouler son cortège d’atrocités, cette fois à l’abri de la curiosité des opinions publiques. Bien joué, Bachar, bien vu, Poutine ! Ils nous ont, une fois de plus, niqué en profondeur. A croire qu’on y prend goût.
     Dernière minute : on me souffle dans l’oreillette qu’un dénommé Tony Parker, basketteur de son état, est « très heureux d’entrer dans l’Histoire, même si ça fait bizarre. » Entre ici, basketteur… Il a fait quoi, le gars ? gagné une cou-coupe.
     Ce type de sottie me renvoie vers Samuel Beckett, relativiste de son état. Lui, comme on l‘imagine, ne voulait entrer dans rien, surtout pas dans le basket de l’Histoire. On dit que sur son lit de souffrance et à l’approche de la mort, alors qu’un proche lui aurait dit « Samuel, il y a une autre vie ! », Beckett aurait répondu : « j’espère que non. »
Summum de l’athéisme bien compris que ceci. Respect.


                                                                                            Frédo Ladrisse.

 
 
 

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