J’en suis les filles, j’en suis les gars
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? De ci de là, les plaintes des cocus ayant, comme un seul homme à cornes, voté Chirac en 2002 quand la peste brune, paraît-il, menaçait de nous submerger. Pacte républicain, qu’ils disaient. Ainsi, c’est en troupeau qu’ils accordèrent leurs suffrages à l’autre grand couillon, lequel allait s’employer à continuer de nous chier sur le crâne durant cinq pénibles années, tout en préparant l’avènement de ce pétainosarkozysme sous le joug duquel nous suons encore. Ils s’imaginaient, les idiots, que c’était à charge de revanche, que la droite, le temps venu, renverrait l’ascenseur. Les voilà donc fort marris face au Nini de Sarko, ni Front républicain ni Front National, qu’il dit. D’autant plus marrons dans l’affaire que ces tendres bêlants découvrent, sur le tard, qu’une large partie de l’électorat de droite préférera toujours voter pour les fachos plutôt que pour un socialiste, aussi mièvre soit-il. C’est à noter sur nos tablettes, tant c’est promesse de fous rires face aux déconvenues des cornards, à leurs lendemains de second tour, pénibles et dépressionnaires. Pour l’heure, en abstentionniste convaincue, l’autruche ne peut que se réjouir de ce nouveau record de non-vote, tout cantonal qu’il soit. 56% de pêcheurs à la ligne ? Ça ne tient plus, on manquerait de cannes. Il semblerait plutôt que la lassitude, le dégoût, la colère gagnent, qui poussent à fuir les isoloirs. Même les héros sont fatigués : un journaleux demandait l’autre jour entre les deux tours à Copé ce qu’il conseillait de voter dans le cas où Ps et Fn s’opposaient : « on peut aussi ne pas voter », a répondu le garçon. Une fois n’est pas coutume, on est assez de son avis.
N’empêche, quel embarras, ce FN caracolant. Embarras pour nous tous, c’est une chose entendue, embarras surtout, et de poids, pour une sarkozerie devenue champ de ruines au milieu duquel s’étiole talonnetteman et ses caciques. Où est-il, le bellâtre se vantant d’avoir, en 2007, « siphonné les voix lepénistes » ? Il est à l’Elysée, il est, à son tour, siphonné. Contemplant le désastre, il se distrait d’un rien, par exemple écoute Guéant, ancien oracle patenté et désormais ministre, Guéant le bavasseur, plaignant par exemple « ces Français qui ont le sentiment de ne plus être chez eux », Guéant qui, d’une main mollasse, rédige l’ordre du jour du fumeux débat sur l’islam en France, ou de France, comme aime à l’appeler désormais ce pâle écornifleur. De circonstance, dites-vous, le débat, tombant pile poil à la suite d’une raclée annoncée? Vous avez l’esprit mal tourné.
Laissons-là le Guéant vert, homme à sornettes s’il en est, et écoutons un peu le silence, tintamaresque, de Longuet : ministre de la Défense d’un pays en guerre depuis deux semaines, Longuet ne pipe mot. Etrange. Est-il aux arrêts, casematé ? Entravé, bâillonné ? Peu importe, le général Pontiès, ci-devant responsable de la vaste opération de com’ nommée Guerre en Lybie, parle pour deux et nous apprend que « l’armée twitte », sic, que « l’armée est sur Facebook, et d’ailleurs vient de dépasser le cap des 5000 amis. » Joli succès, qu’il conviendrait cependant de relativiser : pour une population de 60 millions d’habitants, ça ne nous fait jamais qu’un taux d’amitié de 0,008%. Vous me direz : c’est encore trop. Et vous n’aurez pas tort, d’autant que, des poteaux, elle en recrute, l’armée, jusques et y compris dans les plus improbables lieux : dans les pages du Monde Libertaire on a pu lire, la semaine dernière, un éditorial émanant d’« antimilitaristes forcenés » approuvant néanmoins ces « quelques frappes aériennes », et par ailleurs assimilant l’opposition à cette guerre à « un purisme idéologique assurément bourgeois. » Diable. Si c’est être bourgeois de ne pas applaudir à la valse des bombes, alors j’en suis, les filles, les gars. Avant d’être passé par les armes, qu’on me permette tout de même de dire qu’en matière d’antimilitarisme on a, et heureusement, connu plus forcené que ça.
Frédo Ladrisse.
Petits porteurs de mort.
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ?
Plus encore qu’à l’accoutumée nous assistâmes, la semaine dernière, à
un défilé de faux-culs tout à fait admirables, rendus au sommet de leur
art. Anne Lauvergeon ouvrit le bal, qui, présidente d’Areva, déclara un
lundi qu’on allait « éviter la catastrophe nucléaire, au Japon et ailleurs » — sans qu’on sache au juste de quel ailleurs nous entretenait la dame—, et sans que cela ne l’empêche, quelques jours plus tard, de vanter l’EPR grâce auquel, selon elle, « il n’y a pas de fuites possibles, quelle que soit la situation. » Plus tard, la drôlesse ravala toute futilité et s’en alla admettre que Fukushima relevait « d’une situation d’urgence absolue. »
Ah. Parfois femme nucléocrate varie ? Disons-le, et tout net : elle ne
fut pas la seule, en ces jours radioactivés, à cogner de son groin hors
nord les boussoles affolées. Il n’est qu’à jeter un œil sur la Une du
Figaro, daté du 15 mars dernier: « le drame japonais menace l’avenir du nucléaire »,
chouinait alors la feuille à merde, propriété de Dassault fils— hasard
de l’actualité : nous en reparlerons, de cet avionneur, ici même et dans
quelques lignes et pas pour lui baiser l’orteil—, il n’est donc qu’à
comparer ce Figaro-là annonçant ceci : serait menacé l’avenir de ce qui
risque de nous tuer…, il n’est, dis-je, qu’à le comparer avec les Une du
lendemain, celle de Libé : «panique nucléaire », celle du Parisien, en corps gras : « terreur nucléaire » (ça
se foule pas dans les rédactions) pour en conclure que merde, y
faudrait finir par savoir : c’est la fin de la bourse aux matières
fissiles, ou simplement la fin du monde ? Rassurez-nous, tudieu ! Nous,
actionnaires d’Areva, d’ERDF, de Necto, ne sommes que de petits porteurs
(de mort), pourquoi nous mener la vie dure ?
Tandis que ceux-là geignent, Air France fait des affaires. C’est de bonne guerre nucléaire. Le billet Tokyo-Paris sur ligne régulière coûte, ce jour, 14155 euros. Non, ce n’est une faute de frappe. Quatorze mille cent cinquante-cinq. Un prix de dix fois supérieur au tarif habituel, et susceptible de s’envoler si jamais le réacteur 2, 5, 3, 14 et plus si affinités… explose tout à coup. Y’a pas de petits profits, n’est-ce pas. Autre exemple ? Il n’est pas jusqu’à Sarkozy qui ne cherche à tirer profit du bocson japonais. « Si l’opportunité se présentait, et si les autorités japonaises le souhaitaient », et si, et si… « il va de soi que je me rendrai là-bas. » De soi, il va, bien entendu, ne jamais y risquer ne serait-ce qu’une oreille, car l’homme à talonnettes, bien qu’agité du cervelet, n’est pas plus kamikaze que toi : comment qu’il vous l’avait survolé Haïti, tout en hélicoptère et sans jamais se poser, vous vous souvenez, les copains? Alors le Japon radioactivé, la bonne blague… Dans deux mille ans il va de soi qu’il se rendra, bien entendu, éventuellement, là-bas. Si les autorités le souhaitent.
L’histoire ne dit pas s’il y sera accompagné du joyeux boute-en-train dont le nom, pour l’instant, nous demeure inconnu, de ce fameux drille qui décida de faire exécuter, par l’Orchestre de Radio-France, lors d’une soirée de soutien aux nippons sinistrés, l’œuvre de Paul Dukas, « l’apprenti sorcier. » Si. C’est qu’il est taquin, dans la fosse, le chef de l’orchestre rouge sang.
Plus taquin que l’avionneur et député-maire de Corbeil, on ne saurait trouver. Ce Dassault, dont le nom suffit à nous dégoûter des jeux de mots —arrête ton char, Dassault ? Bof, savez-vous ce qu’il répondit ce Serge Dassault sorry au journaliste lui demandant si ça ne l’empêchait pas de dormir, tous ces zincs vendus à Kadhaf’ et avec lesquels le fondu bombarde depuis des semaines les villes ? « Quand on vend du matériel, c’est pour que le client s’en serve. » Il a dit ça et puis c’est tout, ce Serge Dassault six. De Strasbourg. Sur le coup ça m’a fait marrer, parce que c’est exactement ce que me disaient l’autre soir les amis Richard et Josselyne. Sauf qu’eux vendent des chaussettes en poil de lapin. Et même que dedans, on est bien.
Frédo Ladrisse.
Tandis que ceux-là geignent, Air France fait des affaires. C’est de bonne guerre nucléaire. Le billet Tokyo-Paris sur ligne régulière coûte, ce jour, 14155 euros. Non, ce n’est une faute de frappe. Quatorze mille cent cinquante-cinq. Un prix de dix fois supérieur au tarif habituel, et susceptible de s’envoler si jamais le réacteur 2, 5, 3, 14 et plus si affinités… explose tout à coup. Y’a pas de petits profits, n’est-ce pas. Autre exemple ? Il n’est pas jusqu’à Sarkozy qui ne cherche à tirer profit du bocson japonais. « Si l’opportunité se présentait, et si les autorités japonaises le souhaitaient », et si, et si… « il va de soi que je me rendrai là-bas. » De soi, il va, bien entendu, ne jamais y risquer ne serait-ce qu’une oreille, car l’homme à talonnettes, bien qu’agité du cervelet, n’est pas plus kamikaze que toi : comment qu’il vous l’avait survolé Haïti, tout en hélicoptère et sans jamais se poser, vous vous souvenez, les copains? Alors le Japon radioactivé, la bonne blague… Dans deux mille ans il va de soi qu’il se rendra, bien entendu, éventuellement, là-bas. Si les autorités le souhaitent.
L’histoire ne dit pas s’il y sera accompagné du joyeux boute-en-train dont le nom, pour l’instant, nous demeure inconnu, de ce fameux drille qui décida de faire exécuter, par l’Orchestre de Radio-France, lors d’une soirée de soutien aux nippons sinistrés, l’œuvre de Paul Dukas, « l’apprenti sorcier. » Si. C’est qu’il est taquin, dans la fosse, le chef de l’orchestre rouge sang.
Plus taquin que l’avionneur et député-maire de Corbeil, on ne saurait trouver. Ce Dassault, dont le nom suffit à nous dégoûter des jeux de mots —arrête ton char, Dassault ? Bof, savez-vous ce qu’il répondit ce Serge Dassault sorry au journaliste lui demandant si ça ne l’empêchait pas de dormir, tous ces zincs vendus à Kadhaf’ et avec lesquels le fondu bombarde depuis des semaines les villes ? « Quand on vend du matériel, c’est pour que le client s’en serve. » Il a dit ça et puis c’est tout, ce Serge Dassault six. De Strasbourg. Sur le coup ça m’a fait marrer, parce que c’est exactement ce que me disaient l’autre soir les amis Richard et Josselyne. Sauf qu’eux vendent des chaussettes en poil de lapin. Et même que dedans, on est bien.
Frédo Ladrisse.
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