Poulpes, loutres, footballeurs : bestiaire
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ?
Le rappel ici même des inepties de Platini au sujet du Brésil et de la
coupe du monde ouvrit une manière de festival des déclarations les plus
beaufs, absconses, nullissimes et crasses, prononcées à ce propos. Que
les contributeurs.butrices en soient grandement remerciés, cependant, la
compétition étant ce qu’elle ne devrait pas être, et l’autruche ayant,
comme on sait, le globe oculaire plus gros que le cerveau (on ne le dit
pas assez, cela !), il lui a bien fallu opérer un tri tout à fait
subjectif dans cet amoncellement de bêtises, and the winner is… René B.,
de Vesoul, lequel nous rapporta ceci : un journaliste demandait à un
joueur de foot si ça ne lui paraissait pas logique que la population
brésilienne préfère des hôpitaux plutôt qu’une coupe du monde, par
nature éphémère. Le footeux répondit que « ce n’est pas avec des hôpitaux qu’on gagne la coupe du monde »…
Maintenant
qu’un mois de compétition a largement contribué à étayer la théorie
selon laquelle un bulot, une loutre des mers, ont un QI bien supérieur à
tous les Ribery de la terre (oui, je sais, il n’était au Brésil, et
alors ? C’est les vacances, je dis ce que je veux), on va pouvoir goûter
non sans plaisir au bonheur de la voir s’achever (la compétition, pas
la loutre). Et comment qu’elle va s’achever, la Copa ? Aujourd’hui , 6
juillet, 20h08, l’autruche, dont le talent de pronostiqueur ferait
passer Paul-le-Poulpe pour un minable joueur de Pmu de Montargis-nord,
l’autruche, dis-je, est en mesure d’affirmer qu’en demi le Brésil va se
manger l’Allemagne (certes péniblement : 1-0, but sur pénalty à la 87e
minute), que les Pays-Bas bien entendu vont se faire l’Argentine (2-1,
match sans relief, y faut dire qu’y fait chaud), qu’en finale le Brésil
remportera SA coupe, 0-0 à la fin des prolongations, tirs aux buts et
voilà. Coupe volée, coupe achetée suffisamment chère. De toutes façons,
au Brésil, c’est ça ou la révolution, donc…
De
ce côté-ci de l’Atlantique, il existe un pays qui évacue brutalement
plus de 300 migrants à coups de gaz lacrymogène, tenant les journalistes
à distance et profitant de l’occasion pour embarquer dans le même
mouvement les soutiens présents sur les lieux. « Sans ménagements »,
dit-on. Entendez : à coups de gourdin. Dans ce même pays, la France, un
ancien président est mis en examen pour corruption active, recel de
violation du secret professionnel et trafic d’influence actif, n’en
jetez plus, la balance de l’aveugle justice est pleine. Réaction ? Tapis
rouge déroulé sous les talonnettes du Rapetou, reçu comme palme d’or
sur les plateaux de téloche. La garde rapprochée du sarkozystan se serre
les coudes en même temps que les fesses. Selon le désormais fameux
« théorème de Pasqua », quand une affaire vous colle aux basques il faut
créer de toutes pièces une affaire dans l’affaire, puis une affaire
dans l’affaire dans l’affaire, puis… Tant et si bien qu’au bout du
compte personne ne comprend plus rien et que l’affaire principale est
pour ainsi dire noyée dans ce gourbis, cette pataugeoire. L’opération
fut, là encore, couronnée de succès. Relayée par des médias, dans ce cas
très soucieux de respecter l’enfumerie nommée « présomption
d’innocence », elle permit de déplacer le curseur de Sarkoléon à cette
question, qu’il serait très urgent de se poser et qui sent bon son
Maréchal: est-il normal que les juges puissent se syndiquer ? Une
lointaine périphérie est ainsi devenue le centre, et c’est avec
gourmandise que nous attendons de connaître le sujet de la future
affaire dans l’affaire dans l’affaire : est-il normal que certains juges
s’exhibent en maillot à la plage ? Et si oui, quel maillot, quelle
plage? Vaste débat en perspective…
Maillot,
plage, gourmandise et loutres de mer… Vous me suivez ? Belles vacances à
vous qui partez, et que les autres n’oublient pas que sur la plage, on
s’emmerde.
Frédo Ladrisse.
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