"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Juillet 2014

Poulpes, loutres, footballeurs : bestiaire

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Le rappel ici même des inepties de Platini au sujet du Brésil et de la coupe du monde ouvrit une manière de festival des déclarations les plus beaufs, absconses, nullissimes et crasses, prononcées à ce propos. Que les contributeurs.butrices en soient grandement remerciés, cependant, la compétition étant ce qu’elle ne devrait pas être, et l’autruche ayant, comme on sait, le globe oculaire plus gros que le cerveau (on ne le dit pas assez, cela !), il lui a bien fallu opérer un tri tout à fait subjectif dans cet amoncellement de bêtises, and the winner is… René B., de Vesoul, lequel nous rapporta ceci : un journaliste demandait à un joueur de foot si ça ne lui paraissait pas logique que la population brésilienne préfère des hôpitaux plutôt qu’une coupe du monde, par nature éphémère. Le footeux répondit que « ce n’est pas avec des hôpitaux qu’on gagne la coupe du monde »
       Maintenant qu’un mois de compétition a largement contribué à étayer la théorie selon laquelle un bulot, une loutre des mers, ont un QI bien supérieur à tous les Ribery de la terre (oui, je sais, il n’était au Brésil, et alors ? C’est les vacances, je dis ce que je veux), on va pouvoir goûter non sans plaisir au bonheur de la voir s’achever (la compétition, pas la loutre). Et comment qu’elle va s’achever, la Copa ? Aujourd’hui , 6 juillet, 20h08, l’autruche, dont le talent de pronostiqueur ferait passer Paul-le-Poulpe pour un minable joueur de Pmu de Montargis-nord, l’autruche, dis-je, est en mesure d’affirmer qu’en demi le Brésil va se manger l’Allemagne (certes péniblement : 1-0, but sur pénalty à la 87e minute), que les Pays-Bas bien entendu vont se faire l’Argentine (2-1, match sans relief, y faut dire qu’y fait chaud), qu’en finale le Brésil remportera SA coupe, 0-0 à la fin des prolongations, tirs aux buts et voilà. Coupe volée, coupe achetée suffisamment chère. De toutes façons, au Brésil, c’est ça ou la révolution, donc…
        De ce côté-ci de l’Atlantique, il existe un pays qui évacue brutalement plus de 300 migrants à coups de gaz lacrymogène, tenant les journalistes à distance et profitant de l’occasion pour embarquer dans le même mouvement les soutiens présents sur les lieux. « Sans ménagements », dit-on. Entendez : à coups de gourdin. Dans ce même pays, la France, un ancien président est mis en examen pour corruption active, recel de violation du secret professionnel et trafic d’influence actif, n’en jetez plus, la balance de l’aveugle justice est pleine. Réaction ? Tapis rouge déroulé sous les talonnettes du Rapetou, reçu comme palme d’or sur les plateaux de téloche. La garde rapprochée du sarkozystan se serre les coudes en même temps que les fesses. Selon le désormais fameux « théorème de Pasqua », quand une affaire vous colle aux basques il faut créer de toutes pièces une affaire dans l’affaire, puis une affaire dans l’affaire dans l’affaire, puis… Tant et si bien qu’au bout du compte personne ne comprend plus rien et que l’affaire principale est pour ainsi dire noyée dans ce gourbis, cette pataugeoire. L’opération fut, là encore, couronnée de succès. Relayée par des médias, dans ce cas très soucieux de respecter l’enfumerie nommée « présomption d’innocence », elle permit de déplacer le curseur de Sarkoléon à cette question, qu’il serait très urgent de se poser et qui sent bon son Maréchal: est-il normal que les juges puissent se syndiquer ? Une lointaine périphérie est ainsi devenue le centre, et c’est avec gourmandise que nous attendons de connaître le sujet de la future affaire dans l’affaire dans l’affaire : est-il normal que certains juges s’exhibent en maillot à la plage ? Et si oui, quel maillot, quelle plage? Vaste débat en perspective…
        Maillot, plage, gourmandise et loutres de mer… Vous me suivez ? Belles vacances à vous qui partez, et que les autres n’oublient pas que sur la plage, on s’emmerde.


                                                                                                 Frédo Ladrisse.

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