"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Septembre 2012

Un repas de communion, un dimanche, à Grès-les-Vesoul

 
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Non, nous ne parlerons pas ici de ce qui agite le Landerneau et ravive tant d’antiques haines, nourri tant de passions, provoque réactions et manifestations épidermiques, n’insistez pas vous dis-je, l’autruche se refuse à prendre position, tant la question lui semble épineuse et complexe. Fallait-il, oui ou non, les publier ? Je ne sais. Par contre, qu’on me permette de les trouver plutôt moches, les photos de Kate Middleton, poitrine offerte aux quatre vents.
     Vous dites ? Caricatures ? Ah, exact, il y a ça, aussi. Mahomet couilles à l’air dans le Charlie, et la planète s’embrase, qu’on nous explique, voix chevrotante. On nous abuse, plus certainement. Miroir aux alouettes que cet embrasement-ci, manière habile de détourner l’attention du chaland à l’heure où, par exemple, la Chambre s’apprête à voter le traité européen, autrement plus létal, à long terme, que la danse d’une poignée de barbus devant les ambassades. Il faut cependant s’y arrêter. L’occasion est trop belle de relever ce qui, dans le discours officiel, a « glissé », s’est déplacé subrepticement, lente bascule nous faisant passer d’une défense de la laïcité à la défense des religions. Fabius, ministre des affaires étranges, se laisse ainsi aller à parler d’ « huile sur le feu » qu’aurait balancé Charb et sa troupe de lurons. Ah tiens, il y avait donc un feu ? Mais qui a craqué l’allumette ? Révélatrices d’un climat de trouille et chie-sous-lui, condamnations (verbales, pour l’heure) et autres réprimandes n’ont cessé de pleuvoir sur la tête des caricaturistes. De Jean-Marc Ayrault-malgré-lui à Dany-le-Vert-de-peur, tous se sont donné le mot : la cible, c’est Charlie. Et l’antédiluvienne solidarité des fanas et autres vendeurs de mirages, une fois de plus ne s’est pas démentie : si Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris, semble être dans son rôle lorsqu’il bave que « répéter les mêmes âneries, les mêmes idioties, les mêmes ignominies, les mêmes calomnies [lui] paraît relever d’un syndrome psychiatrique » (sic !), on se demande un peu ce que vient foutre le Crif dans ce merdier très organisé, lequel Crif affirme, sous la plume de Richard Prasquier, que « publier, ces jours-ci, au nom de la liberté, des caricatures de Mahomet est une forme de panache irresponsable. » Fermez (temporairement) le ban. Irresponsables, dingues, idiots,… Une épidémie d’acouphènes a dû, ces derniers jours, secouer les locaux de Charlie. Je sais, je sais… Coup de pub, ventes record et patin-couffin, on n’ignore rien des stratagèmes qui en coulisse agitent la rédaction de l’hebdo (pour l’avoir vue à l’œuvre lorsqu’il s’agissait, pour elle, de couler Siné Hebdo, on sait assez ce qu’il faut penser de cette rédaction-ci, formée, formatée par Val l’imbitable). N’empêche, il serait assez mal venu de ne pas saluer comme il faut cette façon d’enfoncer le clou, un de plus, dans l’anus des religions. Une fois Charlie disparu, que restera-t-il aux athées en matière de presse écrite? Le Monde Libertaire ? (gag).
     Tiens, je viens d’apprendre que d’après un antique papyrus, Jésus aurait été marié ! Blasphème, odieux blasphème ! Retenez-moi, ou je m’en vais cramer la pyramide du Louvre !
     Bien que n’ayant pas communiqué au sujet du mariage, ou non, de leur ensuqué gourou,  l’Eglise Catholique Apostolique Romaine du très Saint-Cœur de la main de ma sœur dans la culotte de Joseph, donne néanmoins son avis sur un autre type de mariage, avis dont c’est rien de dire qu’il est crânement tranché. Après les désormais célèbres affabulations de Barbarin lequel, bien que prélat des Gaules c’est dire s’il connait bien le sujet, parlait à propos de mariage gay de « crise de civilisation » et de risque de libéralisation de l’inceste ; après que la mère Boutin, hurlant en son désert, réclama à corps et à cris de chouette un referendum sur la chose, c’est Benoit 16-64 lui-même qui appella les cathos de France à « relever le défi et à défendre la famille traditionnelle. » Qui l’a réveillé, lui ?
     Au reste, Il Papa peut se rendormir : c’est que les forces conservatrices et les tenants de la rancitude savent pouvoir compter sur de solides relais, y compris médiatiques. Exemple, Natacha Polony. Chroniqueuse chez Ruquier, accessoirement salariée d’une téloche de service public, la Zemmour fortement chromosomée en XY se laissa aller l’autre soir à livrer sa vision personnelle du mariage, toute en originalité : « le mariage, c’est l’union d’un homme et d’une femme, en vue de se reproduire, c’est comme ça, il se trouve que la nature fait que c’est comme ça. » Eh bien… Exit donc les couples qui ne peuvent ou ne veulent pas avoir d’enfant, les mariages entre retraités, entre, ou avec un handicapé,… Et bonjour l’argument de poids, l’éternel « c’est comme ça »… Pour faire bonne mesure, cette hallucinée — qui par ailleurs cachetonne, on s’en serait douté, au Figaro ainsi qu’à Europe 1— n’assume guère ses propos anthroporétrogrades, et met le tout sur le compte de cette pauvre Nature, laquelle n’a rien demandé. Pour pousser plus loin l’exploration de cette « nature » qui semble la combler, on recommandera à Polony de fouiller plus avant le sujet de la sexualité animale. Elle découvrira comment, en nos jardins comme en nos jungles, les bêtes s’enculent, se sucent, sont pluri-partenaires et régulièrement bisexuelles, comment ça nique en la fratrie, bref, combien il serait urgent, pour les opposants au mariage Gay, de se trouver d’autres arguments que celui de « c’est la Nature. » Parce que la nature, les enfants, n’est qu’une gigantesque partouze aux côtés de laquelle l’union de deux personnes de même sexe passerait pour un repas de communion, un dimanche, à Grès-les-Vesoul.
 
                                                                                               Frédo Ladrisse.


Alors commence une autre danse

 
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je? Stains, Evry, Créteil, Saint-Priest, Lyon, Lille, Saint-Denis… Liste non exhaustive des campements Roms démantelés tandis qu’on bronzouillait tête dans le sable, comme des cons. Au total, en quelques semaines, c’est plus de 3000 personnes qui ont été expulsées de France ou jetées à la rue, à grand renfort de bulldozers explosant les cabanes. Pendant Paris-Plage, Paris rase.
     A ce propos, vous avez remarqué ce léger glissement sémantique ? Alors que, sous Sarko, on parlait de « camps de Roms », sous la socialiste présidence il n’est désormais plus question, dans les médias, que de « bidonvilles. » Ce qui, bien entendu, justifie la valse des grues et autres engins de chantier. On ne détruit plus : on  « démantèle. » A quelques jours de la rentrée des crasses c’est autant de gamins, gamines, privés non de gomme et crayon, mais d’école, et de maison.
     Rentrée, tiens: rien à dire. Chaque année l’autruche la ramène sur cette litanie de mômes promis au hachoir des bahuts et autres écoles dites, à juste titre, « primaires », purgatoires ouvrant sur l’enfer d’un soi-disant monde du travail où, en réalité, il n’y a plus ni travail, ni plus beaucoup de monde. Un exemple, pour la route ? À Clichy-sous-Bois, Seine Saint-Denis, ville enclavée s’il en est une, un maire adjoint admet que « beaucoup de lycéens choisissent leurs orientations en fonction des lignes de bus. » De Clichy-sous-Bois, Seine Saint-Denis, sont parties les émeutes de 2005. Avait alors été pointé cette carence de transports, on allait y remédier, promis. 7 ans après les mômes lisent le plan Ratp avant de choisir l’endroit où ils vont aller perdre leur temps.
      Mais les patrons, les profs, les flics et vos parents ne cesseront de vous le rabâcher : il y a des pauvres heureux. Voyez un peu ceux qui ont l’immense privilège de pouvoir se loger dans d’improbables cloaques privés d’eau, d’électricité, cependant loués à des prix tout à fait improbables ! Certes, la vie n’y est guère souriante mais, hein, on ne dort pas dehors !
     Dehors, ça ne brûle pas. Dedans ça a brûlé, une fois de plus, ce week-end à Saint-Denis, deux morts se rajoutant à un bilan morbide de pas moins de trente décès en dix ans pour faute d’incendie, sur cette seule commune. Des morts ? Pour l’administration, des ombres, des sans-papiers, des sans-revenus, des qui se cachaient, des pas vivants puisque des pas dans les fichiers. « On ne peut accepter que des familles vivent dans des conditions aussi périlleuses pour leur vie », a chouiné Cécile Duflot, ministre du logement. Tu peux pas accepter? Bah alors, réquisitionne !
     Oui, mais ce serait prendre le risque de se mettre à dos les proprios, petits et gros, ce qui, en ces temps de chute dans les sondages, est inenvisageable. Au plus bas, le Culbuto, que la France a élu pour juste virer l’Agité. Notez : il n’est jamais monté très haut. Cependant l’opération « moi-même, président, j’ai changé » (ça vous rappelle rien ?) est bel et bien lancée. A la base, 45 minutes sur TF one, dans le plus pur style « ça va chier ». Hollande, à la manœuvre, est revenu sur l’essentiel de ses promesses de campagne, sans trembler du sourcil. Faucultiste en diable, le bonhomme, c’est-à-dire socialiste, le voilà qui présente la douloureuse. De 2012 à 2014, c’est « l’agenda du redressement », entendez la rigueur, avec hausses d’impôts pour tous, mais il vrai que « les ménages les plus modestes seront épargnés. » Reste à savoir ce que, pour ce bourgeois pédonculé, signifie l’expression « ménages les plus modestes ». Ceux qui touchent moins de cinq euros par trimestre ? Le véritable gag restait pourtant à venir, quand Hollande, tout fiérot, affirma qu’ «à partir de 2014, nous ferons tout pour construire une société plus humaine. » D’abord les coups, puis les pansements. Mais depuis quand, je vous le demande, depuis quand entre-t-il dans les attributions du Président de la République de fixer la date de la prochaine révolution? Petit prétentieux, va, qu’on lui donne de la brioche…
     Vous me direz : à chercher quel socialo ne serait pas en train, en ce moment, de perdre ses boulons et ses clous, on perdrait un temps de taré. Loin de moi l’idée selon laquelle l’ivresse du pouvoir leur serait monté à la tête, non non, c’est juste qu’ils ont tous, très nettement, basculé dans la 28e dimension. Un exemple ? Samia Ghali. Sénatrice Ps de Marseille, cette dame a réclamé l’intervention de l’armée pour lutter contre la délinquance dans la cité phocéenne. En rajoutant une couche, elle a ensuite proposé une aide financière pour les citoyens équipant leur habitation d’un système de vidéosurveillance. Filmez votre chien ou vos chiottes, et recevez un chèque du Trésor Public. Elle pas plus belle, la vie, en direct de la Canebière ?
     Moins belle qu’en Belgique il faut croire, royaume où compte bien s’exiler le sieur Bernard Arnault, ci-devant première fortune de France. Rien à voir, bien évidemment, avec les avantages fiscaux liés à la belgitude. Non, si B.A. rêve de s’installer quelque part dans un coin reculé des Flandres, c’est pour le climat. Et les dunes. N’empêche, j’en voudrais longtemps à Arnault, non du fait de son manque de « patriotisme économique » (concept abscons, comme ça s’écrit), mais pour m’avoir fait apprécier, une fois n’est pas coutume, la Une de Libération. Ce « casse-toi, riche con », aurait été digne de figurer à la première page de Siné Mensuel, voir du Monde Libertaire. Mais c’est Libé qui a eu l’idée. Merde alors ! Et ça marche, la preuve : Arnault, le « Belge de circonstance » comme l’appelle Mélenchon, a porté plainte contre Libé. Numéro collector, donc…
     « Alors qu’est-ce que vous dites aux gens, est-ce que vous… Vous savez, les gens se demandent… » Ainsi parlait Dirty Harry, le lamentable Eastwood, lors de la convention républicaine aux States. Ridicule jusqu’à la lie, le gaga se voulait gagman, s’adressant à une chaise vide sur laquelle, dans son esprit cuit, se trouverait assis Obama. « Alors j’ai pensé que, peut-être, comme excuse… vous êtes fou, vous êtes… » Puis, rien. 5000 délégués gênés, et une retransmission en direct live à la télé, bravo Clint, joli soutien !
     De l’autre côté du cerveau, sur la face intelligence, nous croisons Elfriede Jelinek, prix Nobel de littérature, auteure autrichienne détestée dans son pays de naissance du fait de sa propension à soulever les tapis de l’Histoire et à secouer la poussière nazie. Ecoutons ce qu’elle dit des Pussy Riot. « Si ces Pussy Riot devaient être réellement enfermées, alors c’est la Russie toute entière qui s’enferme. Alors, la piste de danse, où qu’elle se trouve, est fermée. Alors, commence une autre danse. » Funèbre.


                                                                                                  Frédo Ladrisse.         
 

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