Pas avec n’importe qui
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ?
Est-ce sous l’effet de l’air vicié qui, selon une récente et toute
sérieuse étude, empuantirait grandement les bureaux de certains élus
(s’il faut être tout de même relativement pervers pour perdre son temps à
mesurer la qualité de l’atmosphère en les alcôves du Pouvoir,
reconnaissons que cet air pollué expliquerait bien des choses qui, sans
lui, nous demeurent incompréhensibles) ? Le fait est que c’est coup sur
coup, couche sur couche, en ce moment, et que les gouvernementales
saloperies pleuvent, comme bruine à Carnac.
Exemple, daté du jour : le nouveau projet de loi relatif à l’immigration, qui voit revenir au premier plan des têtes à chamboultout l’inqualifiable Eric Besson. « Si mon ministère peut être une machine à fabriquer de bons Français, j’en serais très heureux », assène-t-il, tout à sa joie. Et comment compte s’y prendre Monsieur le Fabricant de braves petits patriotes ? « Bannissement » obligatoire pour tout ressortissant étranger n’ayant pas quitté le territoire alors que ça lui a été demandé, lutte contre les fumeux « mariages gris », passibles de sept ans de prison, durcissement de l’obtention de titres de séjour pour les étrangers malades (amendement défendu par l’archéo-pétainiste Mariani, pour lequel « nous n’avons pas les moyens de prendre en charge tous les malades de la planète ! »), élargissement des motifs de déchéance nationale (ce qui, on l’admettra, est loin d’être l’amendement le plus grave), simplification des procédures d’expulsion et mise sur la touche du juge des libertés et de la détention, n’en jetez plus, la bassine à vomi est pleine… N’en jetez plus ? Mais c’est qu’on ne saurait, les mauvais bougres, les arrêter en si « bonne » route ! Aussi, tandis que d’aucuns se chargeaient de renforcer l’arsenal xénophobo-nationaliste, d’autres occupaient leurs tristes nuits à pondre une batterie de mesures inégalitaires proprement, si j’ose dire, destinées à nous rendre l’existence plus ardue encore. En ligne de mire : la Sécu. Il était écrit qu’une fois quasiment plié le dossier des retraites (ce qui n’est pas encore fait : lire plus bas), les mêmes s’attaqueraient à la branche maladie, plutôt : s’attaqueraient aux malades. « Moindres remboursements », comme on dit dans ces salons-là, hausse du ticket modérateur, fin de la prise en charge à 100% pour les affections longue durée, mesure qui permettra d’économiser 75 millions d’euros. Traduit en monnaie Bettencourt, ça nous fait deux petits mois de revenus (déclarés).
Mais qu’importe cette comparaison, que les Woerth et consorts jugerait parfaitement absurde et totalement inacceptable. Qu’importe ces fadaises!... Il reste une pièce de vingt centimes dans la poche du pauvre, l’essentiel est alors de trouver les moyens de la lui faire cracher. Au bassinet, pareillement : les locataires de HLM, qui se mangeront dès l’an prochain une taxe empochée directos par l’Etat, à hauteur, tout de même, de 80 euros par an. Une broutille, en somme, une paille. Mais une paille plus une paille, plus une…, il reste à espérer qu’au final cela fasse un joli feu de joie.
Pour l’heure, on est encore loin des Saint-Jean, au pied des barricades. Pour l’heure, ça piétine. Ça eut défilé, ça défile et ça défilera encore, nous pouvons en être certains, contre la réforme coup de cutter en pleine aorte du salariat et au-delà, bien au-delà, contre la traite et re-traite des bêtes que nous sommes aux yeux des maquignons du sarkoland et du Medef réunis, inséparables de long temps. Est-ce trop s’avancer d’affirmer que malgré tout cela sent le souffre? Possible. Mais justement, tout est possible. « Il y a moins de monde dans les rues », se félicitait Woerth au soir du 23 septembre, tentant ainsi de faire accroire que, dans les rues, il y avait pointé ne serait-ce qu’un bout de museau. Et Fillon de s’époumoner dans son sifflet à la manière d’un pion vulgaire, cheveux gras et mains moites, tentant de nous faire mettre en rang : « gouverner la France, c’est parfois savoir dire non, et non, nous ne retirerons pas ce projet de réforme. » Lui, pour se sentir droit dedans, il ne lui manque plus que les bottes, celles par exemple portées par Juppé en 95. Cependant, et comme pour ne pas lui donner tort, sitôt les calicots remisés les syndicats de tradition ont enfilé leurs bleus de non-chauffe, hurlant certes au « mépris du gouvernement » mais oubliant, comme au passage, celui dans lequel ils tiennent, c’est le mot juste, la base. Des centaines de milliers de manifestants, prêts à poursuivre le mouvement et pas dans cent ans mais tout de suite, furent contraints de plier les gaules sous l’effet de l’apathie des Thibault Chérèque et Mailly. C’est rien de dire, pourtant, qu’on en serait bien pas restés là, plantés tels des cons sur le parterre, piétinant direction les bus ramenant le troupeau à domicile, devant la machine à concasser du temps de cerveau disponible. Chouette manif ? Affaire de point-de-vue. A Paris, par exemple, on s’est subitement retrouvé avec le Ps aux fesses, ce qui, entre nous soit dit, rime. Rime pauvre je vous le concède, pauvre comme le cortège de ces Strauss-Khanniens apparu on ne sait pour qui pourquoi ni d’où (ils n’étaient pas au départ de la manifestation, et ils disparurent bien avant l’arrivée), piteuse mise en scène de drapeaux et sono beuglant du Téléphone et autres paléorocks, comme si nous évoluions encore sous le règne de Mitterrand —pas Frédéric : François. Les quolibets fusèrent un brin : il suffit de lui demander des nouvelles de DSK pour voir l’adhérent du PS se fermer plus sûrement qu’une huître gangrenée. Le pauvre prend ça pour une agression. En fait, il a raison. Si vous voulez, le pauvre, l’achever, présentez-vous à lui comme un crypto-mélanchonniste partageant néanmoins certaines idées avec, je sais pas, au hasard : Benoît Hamon. Ainsi, pendant que le bougre ne pourra s’empêcher d’entamer la récitation, ô combien dormitive, de son catéchisme fabiusien, vous en profiterez pour lui tirer son larfeuille, son blouson et son mégaphone : au même titre que rire de tout, la révolution, oui d’accord, mais pas avec n’importe qui.
Frédo Ladrisse.
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Ça toussote, du côté de Bruxelles, relativement aux rafles de Roms, et même ça dit pis que pendre. « Ça suffit, c’est une honte ! » s’énerve Viviane Reding, commissaire aux droits des citoyens. Plus tard, elle osa comparer la France d’aujourd’hui à l’Europe de l’hiver 1941, ce dont elle finit par s’excuser, et tout à fait platement, sous les hourras xénophobiques de tout ce que l’Europe compte désormais de néo-nazes, Suédois y compris. Tout ça à cause d’une bêtise, une idiotie de circulaire visant expressément les Roms et datant du mois d’août, et malencontreusement rendue publique, la circulaire. Au sommet de Bruxelles, il paraît que ça chia un chouille entre Sarko et Barroso, lors d’échanges que d’aucuns qualifièrent de « mâles et viriles. » On ignore qui comptait les points (poings ?), mais selon Sarko himself il n’y eut « aucun éclat de voix, vous savez, ce n’est pas mon genre. » On sait, oui… Pendant ce temps, restés en France, les chiens fous du Sarkoreichland étaient lâchés aux fesses de tout ceux s’apparentant, de près ou de loin, au droit-de-l’hommisme, ennemi déclaré et néologique de surcroît. Frédéric Lefèbvre : « j’ai lu comme vous des extraits de cette circulaire, et j’ai constaté que les Roms n’y sont en aucun cas ciblés. » Sur le même sujet, et avec la même mauvaise foi, le ministre de l’immigration et de l’identité gnagnagna s’agaçait plus que de raison et balançait aux journalistes : « je ne vais pas passer ma journée à répondre à des questions (sic !), je vous suggère de passer à autre chose parce que sinon je peux vous donner une leçon de catenaccio vraiment impressionnante. » Woa, ça fout la trouille… Délaissant, pour sa part, la métaphore footballistique, l’emblématique Pierre Lellouche nous en remettait une : « nous ne sommes pas à l’école et je n’ai pas l’intention, au nom de la France (?), d’être traité comme un petit garçon. » Et tandis que, de son côté, Sarko suggérait à Reding d’ «accueillir les Roms dans son pays, au Luxembourg » (la grande classe, vraiment, dans le registre «si tu les aimes tant que ça prend-les chez toi, ah ah »), l’imbitable Alain Minc tenait à préciser qu’ « on peut discuter de ce que l’on veut sur l’affaire des Roms, mais pas avec une commissaire européen luxembourgeoise : dois-je rappeler que les Luxembourgeois ont été incapables de stopper l’avancée des Allemands dans les Ardennes ? » Houla, et honte à nous, on avait oublié cette page mémorable de l’Histoire Mondiale… Bref, chacun y allait de son coup de boule dans la tronche à Bruxelles, en même temps que de son coup de langue au présidentiel postérieur, l’oscar de la lèche revenant à l’incommensurable député Mariani, lequel expliquait doctement et sans s’énerver le moins du monde qu’ « en Europe, nous avons la liberté de circulation, mais pas la liberté d’installation. » De cette pensée profonde comme une tombe — pour ne pas dire une fosse commune —, naquit subitement la vision de millions de gens, errant sans pause ni repos, circulant circulairement selon les circulaires circonstanciées citées par les cintrés du grand cirque. Sont-ils au moins tristes, ces sires ? Rien n’est moins sûr.
Quoi qu’il en soit faudrait que messires finissent par se décider. Je m’explique : début août Fillon, pour appuyer les rafles, déclarait que « le mode de vie nomade est de moins en adapté à la vie d’une société moderne. » Admettons. Qu’on cesse alors de nous vendre une société basée sur la mobilité, le mouv’ perpétuel, nourri par les nouvelles technologies de la communication, le développement des transports et la philosophie de l’adaptabilité à outrance. Appliquée, dites-vous, aux seuls employés, et au seul bénéfice des patrons et autres actionnaires ? N‘empêche, faudrait savoir : société de la mobilité, ou société figée ? En réalité le nomade n’a jamais cessé de faire peur, car moins facile à contrôler, à cerner que le sédentaire. Pour que la caméra de vidéosurveillance puisse faire de vous un plan bien net, il faut que vous cessiez de bouger. Au final, le nomadisme dénoncé par Fillon se montre, subitement, tout à fait acceptable, dès lors qu’il permet aux maîtres de se bourrer les poches. Toute autre forme de « mobilité », autrement moins rentable, paraît par nature dangereuse.
Nullement dangereuses et à jamais, les mannes de Zyed et Bouna, petits morts de Clichy-sous-Bois, n’en remuent pas moins la terre sous laquelle elles reposent depuis cinq ans. Si elles s’agitent c’est qu’un non-lieu vient d’être requis à l’égard de leurs assassins, poulaille aux semelles de vent mauvais lancée à la poursuite d’adolescents dont la malchance fut de croiser, ce triste soir, ces sales figures uniformées. Dame Moisson, néanmoins, procureure de Bobigny, estime qu’il « ne résulte pas de charges suffisantes contre les deux policiers. » On connait tous assez les enregistrements radio-police, ô combien funestes, pour se souvenir parfaitement de comment la flicaille laissa griller les deux enfants dans le transformateur. Malgré le barbecue, non-lieu. Permis de tuer, autrement dit. Un permis délivré de la même façon à l’adjudant Monchal, lequel comparaissait devant les assises la semaine dernière, pour avoir tiré à sept reprises, sept !, sur un fuyard, et l’achevant alors même qu’il était menotté, entravé aux chevilles. « Je ne peux pas demander pardon, je ne regrette rien, j’ai fait mon travail », a déclaré Mon Adjudant. N’est-ce pas, ses paroles, de la pure, de la lourde ordure ? Mais son avocat en rajoute : « je vois mal comment la justice va pouvoir condamner un de ses collaborateurs. » Tirer sur les gardés-à-vues revient donc à collaborer avec la justice ? Dont acte. Le jury ne s’y est pas trompé, qui acquitta l’adjudant. Ah, j’allais oublier : la victime était un tzigane. Ceci expliquerait cela ?
Quoi qu’il en soit, malgré leur extrême dangerosité, on a commencé d’installer, et à demeure, des flics armés dans les écoles. Des « référents », ils appellent ça. Qui ne sont « censés intervenir qu’en cas de violence », disent les textes. Nul doute que la présence de ces fins psychologues ne peut que calmer les gamins, notamment ceux pour qui l’école était le dernier havre où ils étaient certains de n’être pas contrôlés, harcelés, insultés par la Nationale Police.
Et tandis qu’on glisse, l’air de rien, vers l’Etat Policier à la mode chilienne, tandis que Brice Hortefeux-de-croisements, ministre de l’Intérieur, se substitue aux instances censées rénover la justice, tandis que ce malade propose, entre autres, que soient élus les juges de liberté des peines (je propose pour ma part que soient également élus les pilotes d’avions et, pourquoi pas, les directeurs de centrales nucléaires), pendant ce temps maudit où tout part vers un genre de grand n’importe quoi général, que fait le parti socialiste ? Il se félicite, en même temps qu’il se tâte. Pour lui, 2012 est le Grand Rendez-Vous, c’est plié, cette fois c’est son tour. Voir. Comme le dit joliment Ségolène Royal, à nouveau en pleine crise de foi, « dans la vie politique il y a des péripéties, mais il y a un chemin. » Même que parfois il est long, long,… Il se tâte, disions-nous, ne sachant encore qui va ouvrir le bal des vampires, qui, d’entre les douze ou treize candidats à la candidature, dégainera le premier ses crocs. M’est avis que d’ici peu ceux-là vont se dévorer grave, que le paravent de l’unité va s’écrouler de lui-même. Unité ? Ah ah ah. Ecoutons Aubry, dans ses œuvres : « je respecte Ségolène Royal pour ce qu’elle a été. » Gentillesse, n’est-ce pas, que ce passé (dé)composé. Sérieusement, est-ce à ces guignols que vous comptez laisser les clefs ? Si tel est le cas, je vous souhaite bien du découragement.
Frédo Ladrisse.
Exemple, daté du jour : le nouveau projet de loi relatif à l’immigration, qui voit revenir au premier plan des têtes à chamboultout l’inqualifiable Eric Besson. « Si mon ministère peut être une machine à fabriquer de bons Français, j’en serais très heureux », assène-t-il, tout à sa joie. Et comment compte s’y prendre Monsieur le Fabricant de braves petits patriotes ? « Bannissement » obligatoire pour tout ressortissant étranger n’ayant pas quitté le territoire alors que ça lui a été demandé, lutte contre les fumeux « mariages gris », passibles de sept ans de prison, durcissement de l’obtention de titres de séjour pour les étrangers malades (amendement défendu par l’archéo-pétainiste Mariani, pour lequel « nous n’avons pas les moyens de prendre en charge tous les malades de la planète ! »), élargissement des motifs de déchéance nationale (ce qui, on l’admettra, est loin d’être l’amendement le plus grave), simplification des procédures d’expulsion et mise sur la touche du juge des libertés et de la détention, n’en jetez plus, la bassine à vomi est pleine… N’en jetez plus ? Mais c’est qu’on ne saurait, les mauvais bougres, les arrêter en si « bonne » route ! Aussi, tandis que d’aucuns se chargeaient de renforcer l’arsenal xénophobo-nationaliste, d’autres occupaient leurs tristes nuits à pondre une batterie de mesures inégalitaires proprement, si j’ose dire, destinées à nous rendre l’existence plus ardue encore. En ligne de mire : la Sécu. Il était écrit qu’une fois quasiment plié le dossier des retraites (ce qui n’est pas encore fait : lire plus bas), les mêmes s’attaqueraient à la branche maladie, plutôt : s’attaqueraient aux malades. « Moindres remboursements », comme on dit dans ces salons-là, hausse du ticket modérateur, fin de la prise en charge à 100% pour les affections longue durée, mesure qui permettra d’économiser 75 millions d’euros. Traduit en monnaie Bettencourt, ça nous fait deux petits mois de revenus (déclarés).
Mais qu’importe cette comparaison, que les Woerth et consorts jugerait parfaitement absurde et totalement inacceptable. Qu’importe ces fadaises!... Il reste une pièce de vingt centimes dans la poche du pauvre, l’essentiel est alors de trouver les moyens de la lui faire cracher. Au bassinet, pareillement : les locataires de HLM, qui se mangeront dès l’an prochain une taxe empochée directos par l’Etat, à hauteur, tout de même, de 80 euros par an. Une broutille, en somme, une paille. Mais une paille plus une paille, plus une…, il reste à espérer qu’au final cela fasse un joli feu de joie.
Pour l’heure, on est encore loin des Saint-Jean, au pied des barricades. Pour l’heure, ça piétine. Ça eut défilé, ça défile et ça défilera encore, nous pouvons en être certains, contre la réforme coup de cutter en pleine aorte du salariat et au-delà, bien au-delà, contre la traite et re-traite des bêtes que nous sommes aux yeux des maquignons du sarkoland et du Medef réunis, inséparables de long temps. Est-ce trop s’avancer d’affirmer que malgré tout cela sent le souffre? Possible. Mais justement, tout est possible. « Il y a moins de monde dans les rues », se félicitait Woerth au soir du 23 septembre, tentant ainsi de faire accroire que, dans les rues, il y avait pointé ne serait-ce qu’un bout de museau. Et Fillon de s’époumoner dans son sifflet à la manière d’un pion vulgaire, cheveux gras et mains moites, tentant de nous faire mettre en rang : « gouverner la France, c’est parfois savoir dire non, et non, nous ne retirerons pas ce projet de réforme. » Lui, pour se sentir droit dedans, il ne lui manque plus que les bottes, celles par exemple portées par Juppé en 95. Cependant, et comme pour ne pas lui donner tort, sitôt les calicots remisés les syndicats de tradition ont enfilé leurs bleus de non-chauffe, hurlant certes au « mépris du gouvernement » mais oubliant, comme au passage, celui dans lequel ils tiennent, c’est le mot juste, la base. Des centaines de milliers de manifestants, prêts à poursuivre le mouvement et pas dans cent ans mais tout de suite, furent contraints de plier les gaules sous l’effet de l’apathie des Thibault Chérèque et Mailly. C’est rien de dire, pourtant, qu’on en serait bien pas restés là, plantés tels des cons sur le parterre, piétinant direction les bus ramenant le troupeau à domicile, devant la machine à concasser du temps de cerveau disponible. Chouette manif ? Affaire de point-de-vue. A Paris, par exemple, on s’est subitement retrouvé avec le Ps aux fesses, ce qui, entre nous soit dit, rime. Rime pauvre je vous le concède, pauvre comme le cortège de ces Strauss-Khanniens apparu on ne sait pour qui pourquoi ni d’où (ils n’étaient pas au départ de la manifestation, et ils disparurent bien avant l’arrivée), piteuse mise en scène de drapeaux et sono beuglant du Téléphone et autres paléorocks, comme si nous évoluions encore sous le règne de Mitterrand —pas Frédéric : François. Les quolibets fusèrent un brin : il suffit de lui demander des nouvelles de DSK pour voir l’adhérent du PS se fermer plus sûrement qu’une huître gangrenée. Le pauvre prend ça pour une agression. En fait, il a raison. Si vous voulez, le pauvre, l’achever, présentez-vous à lui comme un crypto-mélanchonniste partageant néanmoins certaines idées avec, je sais pas, au hasard : Benoît Hamon. Ainsi, pendant que le bougre ne pourra s’empêcher d’entamer la récitation, ô combien dormitive, de son catéchisme fabiusien, vous en profiterez pour lui tirer son larfeuille, son blouson et son mégaphone : au même titre que rire de tout, la révolution, oui d’accord, mais pas avec n’importe qui.
Frédo Ladrisse.
Le grand cirque
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Ça toussote, du côté de Bruxelles, relativement aux rafles de Roms, et même ça dit pis que pendre. « Ça suffit, c’est une honte ! » s’énerve Viviane Reding, commissaire aux droits des citoyens. Plus tard, elle osa comparer la France d’aujourd’hui à l’Europe de l’hiver 1941, ce dont elle finit par s’excuser, et tout à fait platement, sous les hourras xénophobiques de tout ce que l’Europe compte désormais de néo-nazes, Suédois y compris. Tout ça à cause d’une bêtise, une idiotie de circulaire visant expressément les Roms et datant du mois d’août, et malencontreusement rendue publique, la circulaire. Au sommet de Bruxelles, il paraît que ça chia un chouille entre Sarko et Barroso, lors d’échanges que d’aucuns qualifièrent de « mâles et viriles. » On ignore qui comptait les points (poings ?), mais selon Sarko himself il n’y eut « aucun éclat de voix, vous savez, ce n’est pas mon genre. » On sait, oui… Pendant ce temps, restés en France, les chiens fous du Sarkoreichland étaient lâchés aux fesses de tout ceux s’apparentant, de près ou de loin, au droit-de-l’hommisme, ennemi déclaré et néologique de surcroît. Frédéric Lefèbvre : « j’ai lu comme vous des extraits de cette circulaire, et j’ai constaté que les Roms n’y sont en aucun cas ciblés. » Sur le même sujet, et avec la même mauvaise foi, le ministre de l’immigration et de l’identité gnagnagna s’agaçait plus que de raison et balançait aux journalistes : « je ne vais pas passer ma journée à répondre à des questions (sic !), je vous suggère de passer à autre chose parce que sinon je peux vous donner une leçon de catenaccio vraiment impressionnante. » Woa, ça fout la trouille… Délaissant, pour sa part, la métaphore footballistique, l’emblématique Pierre Lellouche nous en remettait une : « nous ne sommes pas à l’école et je n’ai pas l’intention, au nom de la France (?), d’être traité comme un petit garçon. » Et tandis que, de son côté, Sarko suggérait à Reding d’ «accueillir les Roms dans son pays, au Luxembourg » (la grande classe, vraiment, dans le registre «si tu les aimes tant que ça prend-les chez toi, ah ah »), l’imbitable Alain Minc tenait à préciser qu’ « on peut discuter de ce que l’on veut sur l’affaire des Roms, mais pas avec une commissaire européen luxembourgeoise : dois-je rappeler que les Luxembourgeois ont été incapables de stopper l’avancée des Allemands dans les Ardennes ? » Houla, et honte à nous, on avait oublié cette page mémorable de l’Histoire Mondiale… Bref, chacun y allait de son coup de boule dans la tronche à Bruxelles, en même temps que de son coup de langue au présidentiel postérieur, l’oscar de la lèche revenant à l’incommensurable député Mariani, lequel expliquait doctement et sans s’énerver le moins du monde qu’ « en Europe, nous avons la liberté de circulation, mais pas la liberté d’installation. » De cette pensée profonde comme une tombe — pour ne pas dire une fosse commune —, naquit subitement la vision de millions de gens, errant sans pause ni repos, circulant circulairement selon les circulaires circonstanciées citées par les cintrés du grand cirque. Sont-ils au moins tristes, ces sires ? Rien n’est moins sûr.
Quoi qu’il en soit faudrait que messires finissent par se décider. Je m’explique : début août Fillon, pour appuyer les rafles, déclarait que « le mode de vie nomade est de moins en adapté à la vie d’une société moderne. » Admettons. Qu’on cesse alors de nous vendre une société basée sur la mobilité, le mouv’ perpétuel, nourri par les nouvelles technologies de la communication, le développement des transports et la philosophie de l’adaptabilité à outrance. Appliquée, dites-vous, aux seuls employés, et au seul bénéfice des patrons et autres actionnaires ? N‘empêche, faudrait savoir : société de la mobilité, ou société figée ? En réalité le nomade n’a jamais cessé de faire peur, car moins facile à contrôler, à cerner que le sédentaire. Pour que la caméra de vidéosurveillance puisse faire de vous un plan bien net, il faut que vous cessiez de bouger. Au final, le nomadisme dénoncé par Fillon se montre, subitement, tout à fait acceptable, dès lors qu’il permet aux maîtres de se bourrer les poches. Toute autre forme de « mobilité », autrement moins rentable, paraît par nature dangereuse.
Nullement dangereuses et à jamais, les mannes de Zyed et Bouna, petits morts de Clichy-sous-Bois, n’en remuent pas moins la terre sous laquelle elles reposent depuis cinq ans. Si elles s’agitent c’est qu’un non-lieu vient d’être requis à l’égard de leurs assassins, poulaille aux semelles de vent mauvais lancée à la poursuite d’adolescents dont la malchance fut de croiser, ce triste soir, ces sales figures uniformées. Dame Moisson, néanmoins, procureure de Bobigny, estime qu’il « ne résulte pas de charges suffisantes contre les deux policiers. » On connait tous assez les enregistrements radio-police, ô combien funestes, pour se souvenir parfaitement de comment la flicaille laissa griller les deux enfants dans le transformateur. Malgré le barbecue, non-lieu. Permis de tuer, autrement dit. Un permis délivré de la même façon à l’adjudant Monchal, lequel comparaissait devant les assises la semaine dernière, pour avoir tiré à sept reprises, sept !, sur un fuyard, et l’achevant alors même qu’il était menotté, entravé aux chevilles. « Je ne peux pas demander pardon, je ne regrette rien, j’ai fait mon travail », a déclaré Mon Adjudant. N’est-ce pas, ses paroles, de la pure, de la lourde ordure ? Mais son avocat en rajoute : « je vois mal comment la justice va pouvoir condamner un de ses collaborateurs. » Tirer sur les gardés-à-vues revient donc à collaborer avec la justice ? Dont acte. Le jury ne s’y est pas trompé, qui acquitta l’adjudant. Ah, j’allais oublier : la victime était un tzigane. Ceci expliquerait cela ?
Quoi qu’il en soit, malgré leur extrême dangerosité, on a commencé d’installer, et à demeure, des flics armés dans les écoles. Des « référents », ils appellent ça. Qui ne sont « censés intervenir qu’en cas de violence », disent les textes. Nul doute que la présence de ces fins psychologues ne peut que calmer les gamins, notamment ceux pour qui l’école était le dernier havre où ils étaient certains de n’être pas contrôlés, harcelés, insultés par la Nationale Police.
Et tandis qu’on glisse, l’air de rien, vers l’Etat Policier à la mode chilienne, tandis que Brice Hortefeux-de-croisements, ministre de l’Intérieur, se substitue aux instances censées rénover la justice, tandis que ce malade propose, entre autres, que soient élus les juges de liberté des peines (je propose pour ma part que soient également élus les pilotes d’avions et, pourquoi pas, les directeurs de centrales nucléaires), pendant ce temps maudit où tout part vers un genre de grand n’importe quoi général, que fait le parti socialiste ? Il se félicite, en même temps qu’il se tâte. Pour lui, 2012 est le Grand Rendez-Vous, c’est plié, cette fois c’est son tour. Voir. Comme le dit joliment Ségolène Royal, à nouveau en pleine crise de foi, « dans la vie politique il y a des péripéties, mais il y a un chemin. » Même que parfois il est long, long,… Il se tâte, disions-nous, ne sachant encore qui va ouvrir le bal des vampires, qui, d’entre les douze ou treize candidats à la candidature, dégainera le premier ses crocs. M’est avis que d’ici peu ceux-là vont se dévorer grave, que le paravent de l’unité va s’écrouler de lui-même. Unité ? Ah ah ah. Ecoutons Aubry, dans ses œuvres : « je respecte Ségolène Royal pour ce qu’elle a été. » Gentillesse, n’est-ce pas, que ce passé (dé)composé. Sérieusement, est-ce à ces guignols que vous comptez laisser les clefs ? Si tel est le cas, je vous souhaite bien du découragement.
Frédo Ladrisse.
Chabrol, choucroute, enterrements
Tirant tête hors du trou, qu'entends-je?
Claude Chabrol, pipe cassée, qu’il n’allumait plus que rarement. Sale
septembre pour le cinéma, qui vit aussi caner Corneau. Série noire, la
cérémonie est à revoir, en espérant que le beau Serge accompagné de
Violette Nozière ne s’y précipite pas comme poussé par je ne sais quelle
ivresse du pouvoir. Merde, Chabrol. T’es lourd à claquer. Qui désormais
viendra filmer sous les jupes de la bourgeoisie de province, et scruter
ses pustules? Betty, comme les biches, font taire leur cheval d’orgueil
et endossent le noir du deuil. Merci tout de même, Chabrol, et pas que
pour le chocolat.
Paraît qu’il préparait un film au sujet de l’affaire Woerth-Bettencourt. Je fantasme, quoi que : à voir ce qu’il avait fait, pour le cinéma, du scandale Elf et comment il avait campé Le Floch-Prigent et ses compères dans « l’ivresse du pouvoir », on imagine sans peine qu’il devait porter une oreille attentive aux boires et déboires de Liliane la vieille et de l’escroc rendu ministre. Entre deux andouillettes, Chabrol, qui connaissait bien ces coquins et qui aimait en rire, devait se taper sur la panse à écouter Woerth se plaindre, « il faut arrêter de me taper dessus, comme ça tout le temps ! » Snif. Un peu plus tôt le même, s’égarant en terrain miné, se plaignait d’être « la victime d’une lapidation médiatique.» On lui jette quoi à la gueule, des récepteurs radios, des écrans plats, des Blackberry ? Et Copé, sur lequel on reviendra, Copé, Reichsmarshall Ump de Meaux, de renchérir en dénonçant « une véritable chasse à l’homme », concernant le ministre Woerth. Dans le contexte actuel de chasse aux Roms sur le territoire de cette république à deux roupies de sansonnet, c’est osé, pour le moins. Parce qu’elles persistent, les expulsions : ce n’est pas parce qu’on en parle moins —sur ordre de l’Elysée— qu’elles ont pour autant cessé. Lellouche, député Ump au nom prédestiné, les justifient ainsi : « c’est facile de venir s’installer au bout du monde, et aux frais de la princesse ! » Dans le même registre à vomir, Hortefeux-à-volonté affirmait, fin juillet, que « la France n’est pas un terrain vague. » On ne sait qui écrit les discours du bougnat, mais le nègre en question a d’étranges lectures : « la France n’est pas un terrain vague, nous ne sommes pas des bohémiens nés au bord du chemin », écrivait Charles Maurras, en son temps de dégueulasse. Maurras inspire le ministère de l’intérieur-tous-à-l’extérieur ? La lignée racialiste est ainsi assurée, de l’Action Française au Sarkozysme.
Un peu de légèreté, après le boudin-choucroute servi quotidiennement par les néo-pétainistes ? Soit, les gens, essayons. Léger : c'est enfin la rentrée, les mômes! La vraie, la seule rentrée qui vaille, non celle des bahuts et mièvres cours d'écoles aux préaux glauquissimes, non, mais la rentrée littéraire! Lecteur compulsif-boulimique, dévoreur assumé de pavés sitôt imprimés que mangés par les yeux, tu seras, cette année, servi comme jamais: 701 romans et pas moins de 300 essais t'attendent à l'étal des charcuteries-librairies. C'est beaucoup? Certes, c’est énorme et ridicule, étant bien entendu qu'une poignée de stars totalisent l'essentiel des ventes, condamnant de fait de pauvres opus à ne jamais trouver leur public. Ainsi la graphomane Nothomb squattera-t-elle les devantures, entre les tranches de lard et ce mauvais cochon d'islamophobo-bof Houellebecq. Alain Minc, à l'essai, nous gratifie lui d'une « histoire politique des intellectuels », dont on s’accordera le droit de penser, sans l'avoir lu, le plus grand mal —pensez-vous sérieusement que les tresseurs de lauriers ont pris, eux, le temps de l’ouvrir ? Ecoutons son auteur: «il faut absolument préserver le modèle de l'intellectuel français, parce que c'est douillet. » Plus tard, et comme subitement frappé d’un éclair d'objectivité, Minc avoue en un souffle: « je suis un intellectuel de pacotille, un intellectuel à temps plein. » A tremplin? Cela va sans dire. Puis, c‘est au tour de Philippe Manière, le journaleux qui ce matin-là lui servait la bonne soupe, de commettre cette sortie-déroute: « je suis intimement persuadé que nous sommes tous des intellectuels, sauf bien évidemment ceux qui sont complètement idiots. » Y’a pas à dire: ça vole haut.
Autre rentrée, la syndicale. Battre le pavé plutôt que de le desceller, voilà l’erreur, recommencée. Le Pouvoir ne s’y trompe pas, qui nous enfle au fur et à mesure, baudruches défilant au rythme des slogans gnangnans. Mardi dernier un amendement voté en commission et en catimini (pléonasme) prévoyait par exemple une refonte de la médecine du travail : « les missions définies seront exercées par les médecins, sous l’autorité de l’employeur. » Autorité ? Employeur ? On imagine sans peine, à terme, le résultat. Voilà comment, profitant d’une fenêtre de tir ouverte à tous les mauvais vents, les azimutés du sarkozystan-pour-mille-ans s’empressent de dézinguer à tout-va. Mais c’est qu’ « il s’agit de l’intérêt supérieur du pays », s’étrangle en un sanglot Copé. « On est en train de changer d’époque », s’emballe-t-il, « la Réforme, c’est un rendez-vous pour la nation. » C’est ballot parce que moi, je l’attendais à La Bastille. Et tandis que je glandais à l’abri du Génie, une petite vieille est passée, en murmurant à sa copine « dans les manifs, on voit toujours les mêmes. C’est comme aux enterrements. » De seconde, là, l’enterrement.
Frédo Ladrisse.
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Tandis que se poursuivent les expulsions de campements roms et autres cochoncetés d’Etat, fruits pourris d’un racisme devenu doctrine officielle, Hortefeux-nouille et ses compères engraissent le pire de nos Dupont, arrosant d’amalgames puants l’assemblée, au comptoir. Il y aurait ainsi, selon le suant rouquin, « un vol sur cinq à Paris commis par un Roumain. » Et quand bien même, dites-vous ? Mais c’est que tout s’explique, qu’enfin Dupont sait qui, par une nuit sans lune, lui chipa les deux roues avant ainsi que les tapis de sol de son sinistre véhicule. Pauvre bougre trop longtemps floué par les tenants de la bien-pensance, il n’en est pas moins satisfait de voir se confirmer quelques convictions ramassées au rebord du caniveau : non content d’être sale, fainéant et sournois, le Rom est voleur. C’est sa nature. « Comme tous les Arabes », a dut se retenir d’ajouter Hortefeux, se mordant les lèvres jusqu’au sang. Quoi qu’il en soit, le même Hortefeux risque de devoir remiser, pour un temps, son xénophobisme latent : figurez-vous qu’il s’est comme qui dirait découvert une vocation d’édile, et compte se présenter aux prochaines municipales. Où donc Hortefeux-nnec briguera-t-il son premier mandat ? A Vichy. Ça ne s’invente pas. « Ma famille, mes racines sont ici », précise le bougnat. Depuis 1943 ?
Mais quelques voix s’élèvent, au sein même du gouvernement ! Ainsi l’ineffable Kouchner tapa-t-il de ce poing qu’il a tout rachitique sur sa table de futur ex-ministre, expliquant au sujet des Roms « je ne suis pas content », précisant qu’il avait, sic ! « profondément pensé à démissionner. » Mais finalement, non, profondément ou pas, car « s’en aller, c’est déserter. » Pas de chance, personne n’était là pour lui rappeler que, dans le cas présent, rester revient à collaborer. Que cent poignées de cendres se répandent sur son crâne! Cependant Kouchner-de-bœuf a beau faire des efforts, dans le registre des contorsionnistes et triturés du bulbe jamais il n’arrivera à la hauteur des talons d’Amara, Fadela : « je suis contre les expulsions de Roms, j’ai toujours milité contre les expulsions » , balance la pourtant toujours membre d’un gouvernement qui compte bien continuer de les multiplier. Ensuite, ménageant la chèvre et le chou-rave qui trône à l’Elysée, Amara-d’eau-de-la-Méduse s’oblige à préciser qu’elle « adhère à la logique du président de la République : nos parents n’ont pas immigré pour que leurs enfants basculent dans la délinquance. » Où l’on retrouve, comme en passant, l’hortefesque amalgame qui lie immigration et délinquance. Que mille tuiles s’abattent sur les chaussures de l’Amara !
Etaient-ils tuiliers et couvreurs ? On ne sait mais samedi dernier ils étaient des dizaines de milliers à battre le pavé en même temps que le rythme d’un air de plus en plus populaire, dont le titre pourrait être « ça commence à bien faire ». Ce n’était, bien entendu, qu’une manif supplémentaire, de celles qui donne bonne conscience à, finalement, peu de frais, néanmoins une tension, pour ne pas dire une colère, parcourait les cortèges, colère sourde ou rentrée peut-être, mais bien présente, palpitant. Le pouvoir ne s’y est pas trompé, qui avait mobilisé quelques milliers de robocops, le long des parcours arpentés par les mamans à poussettes et petits vieux à la mémoire fraîche comme un saumon sauvage — eux se souviennent d’un temps que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître, n’est-ce pas Lucio ? En résumé : autant d’éventuels terroristes dont il convenait de bien surveiller les sucettes. Ce même pouvoir, après avoir ainsi pris ses sécuritaires précautions, tentait le soir même et par la bouche, définitivement bée, d’Hortefeux- de- Bengale, de minimiser l’événement : « il n’y a eu, sur l’ensemble du territoire, que quelques dizaines de milliers de manifestants. » Et de préciser la bave aux lèvres qu’il ne s’agissait jamais que de « manifestations hétéroclites, où se sont retrouvés une mosaïque de partis traditionnels mais aussi des groupuscules gauchistes et anarchistes. » L’horreur, quoi, le retour de Julien Coupat dans la rue ! Plus tard, il n’y eut pas jusqu’à quelques khmers noirs, anarchistes pur beurre sans sel, pour venir cracher sur cette belle mobilisation, renâclant à défiler avec des associations de défense des droits de l’homme pas « casher » selon leurs principes, j’allais dire : leur religion. Plus tard, il était cocasse de les entendre, ces anars chafouins, reprendre quasi mot à mot les slogans de l’homme de Beauvau, rabâcher que cette manif’, finalement, ne représentait rien ou peu de choses, une pauvre affaire de bobos, crêpe-party etc : crêpe-party à laquelle ils n’ont pu, cependant, s’empêcher de participer. Peu importe, au final, le catéchisme de ces Purs et leurs contradictions: qu’ils continuent de dérouler leurs obscurantistes leçons, index dressé vers Leur Ciel, qu’ils délivrent leurs anathèmes et autres excommunications: ils ne représentent plus qu’eux-mêmes. A force de se tromper d’ennemi, ils se retrouvent bien seuls, sur le terrain des opérations. Seuls, et sans munitions.
Ce n’était qu’une manif’ de plus, mais je n’oublie pas avoir pensé, au cœur de l’été, quand les expulsions de campements furent programmées par le Sarkoland, que jamais les gens ne bougeraient pour défendre les Roms, une communauté pour le moins méconnue, et qui n’a pas bonne presse au sein de la population, toute couleur politique confondues — et jusqu’aux anarchistes, eh oui. Je suis alors heureux de m’être en partie trompé, même si l’effort est faible, bien sûr loin d’être suffisant, mais mobilisation il y eut, mobilisation il y a, et elle va se poursuivre. Aujourd’hui, pas une expulsion, fut-elle de quelques personnes, pas une destruction de campement ne peut se faire sans que les médias n’en soit informé par, non seulement les militants, mais aussi par les voisins, les habitants proches des campements. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup (Michel Berger, sans troupeau).
Cela dit elles furent rares, les raisons de se réjouir en cet été en forme de retour du Nacht et du Nebel. Il réserva néanmoins quelques bonnes surprises : par exemple, des soldats français ont tirés sur d’autres soldats, également Français. On appelle ça des « tirs amis. » Il y a là de quoi faire fantasmer tout un troupeau d’autruches : en Afghanistan ou ailleurs, bousillez-vous les uns les autres, Terminators de pacotille, techno-troufions de mes deux ! Pendant ce temps-là, au moins, vos erreurs de tirs ne risquent pas de faire disparaître tel ou tel village millénaire, habité de paisibles gens. Puis, avec un peu de chance, une de vos balles perdues viendra peut-être se ficher dans le réservoir d’on ne sait quel hélico présidentiel ? On peut toujours rêver…
On rêverait également de voir la justice de classe de ce pays à la noix de cajou faire enfin son boulot, et les magistrats se sortir les doigts du pot de Nutella. Deux affaires montrent, ces temps derniers, que c’est pas pour demain la veille. Woerth-Bettencourt bien entendu, enfin, « entendu », façon de dire… Le gars s’enfonce de jour en jour dans le marigot de ses mensonges, lesquels sont désormais de notoriété publique, cependant ce grand distributeur de breloques devant l’éternel s’entête à ne pas comprendre qu’il est impossible désormais, pour toujours et à jamais, de le prendre au sérieux: « je n’ai jamais menti à personne, ça suffit ! », s’énerve Pinocchio-le-piteux, « on cherche à me salir, je n’ai rien fait de mal, je n’ai rien à me reprocher ! » Dès lors, blanc comme un linge à défaut de neige, Woerth découvre peu à peu que, dans le monde réel —monde qu’il semble avoir quitté du jour où il a rejoint la cinquième dimension autrement appelée Ump— si on veut être un brin crédible il ne suffit pas de rabâcher devant micros et caméras qu’on a rien fait mais rien, enfin !, qu’on est innocent, pur, tel l’oisillon tombé du nid. Pauvre petit oiseau, aussi sûrement déplumé qu’il sera, sous peu, sacrifié sur l’autel du remaniement. Le plaindre? Vous rigolez ?
Pas à plaindre non plus, ce vieux renard des crasses basses-cours, j’ai nommé Chirac, Jacques, le goupil aux mains non pas rouges, mais assurément sales. Il s’en tire bien, le futé. Pour une somme pour lui modique (550 000 euros), Chirac a reçu l’assurance de n’être pas poursuivi par la Mairie de Paris, mairie qu’il a volée durant une bonne décennie. Merci qui ? Bin merci Bertrand. Ainsi, par la grâce d’un arrangement entre pourris de droite et de gauche, le vieil homme et la mère, Bernadette, finiront leurs vieux jours non à l’ombre, comme il se devait, mais sous le plein soleil d’une impunité négociée à la demande expresse de Delanoë lui-même. Chirac en prison ? Non, jamais. Didier Wampas va être déçu.
Reste à espérer que l’arrangement fasse jurisprudence : voleur, mon ami, sache que la prochaine fois que tu te fais gauler il te suffira de rendre les deux chandeliers dérobés pour éviter de passer par la case prison. On peut toujours rêver ? Non.
Frédo Ladrisse.
Paraît qu’il préparait un film au sujet de l’affaire Woerth-Bettencourt. Je fantasme, quoi que : à voir ce qu’il avait fait, pour le cinéma, du scandale Elf et comment il avait campé Le Floch-Prigent et ses compères dans « l’ivresse du pouvoir », on imagine sans peine qu’il devait porter une oreille attentive aux boires et déboires de Liliane la vieille et de l’escroc rendu ministre. Entre deux andouillettes, Chabrol, qui connaissait bien ces coquins et qui aimait en rire, devait se taper sur la panse à écouter Woerth se plaindre, « il faut arrêter de me taper dessus, comme ça tout le temps ! » Snif. Un peu plus tôt le même, s’égarant en terrain miné, se plaignait d’être « la victime d’une lapidation médiatique.» On lui jette quoi à la gueule, des récepteurs radios, des écrans plats, des Blackberry ? Et Copé, sur lequel on reviendra, Copé, Reichsmarshall Ump de Meaux, de renchérir en dénonçant « une véritable chasse à l’homme », concernant le ministre Woerth. Dans le contexte actuel de chasse aux Roms sur le territoire de cette république à deux roupies de sansonnet, c’est osé, pour le moins. Parce qu’elles persistent, les expulsions : ce n’est pas parce qu’on en parle moins —sur ordre de l’Elysée— qu’elles ont pour autant cessé. Lellouche, député Ump au nom prédestiné, les justifient ainsi : « c’est facile de venir s’installer au bout du monde, et aux frais de la princesse ! » Dans le même registre à vomir, Hortefeux-à-volonté affirmait, fin juillet, que « la France n’est pas un terrain vague. » On ne sait qui écrit les discours du bougnat, mais le nègre en question a d’étranges lectures : « la France n’est pas un terrain vague, nous ne sommes pas des bohémiens nés au bord du chemin », écrivait Charles Maurras, en son temps de dégueulasse. Maurras inspire le ministère de l’intérieur-tous-à-l’extérieur ? La lignée racialiste est ainsi assurée, de l’Action Française au Sarkozysme.
Un peu de légèreté, après le boudin-choucroute servi quotidiennement par les néo-pétainistes ? Soit, les gens, essayons. Léger : c'est enfin la rentrée, les mômes! La vraie, la seule rentrée qui vaille, non celle des bahuts et mièvres cours d'écoles aux préaux glauquissimes, non, mais la rentrée littéraire! Lecteur compulsif-boulimique, dévoreur assumé de pavés sitôt imprimés que mangés par les yeux, tu seras, cette année, servi comme jamais: 701 romans et pas moins de 300 essais t'attendent à l'étal des charcuteries-librairies. C'est beaucoup? Certes, c’est énorme et ridicule, étant bien entendu qu'une poignée de stars totalisent l'essentiel des ventes, condamnant de fait de pauvres opus à ne jamais trouver leur public. Ainsi la graphomane Nothomb squattera-t-elle les devantures, entre les tranches de lard et ce mauvais cochon d'islamophobo-bof Houellebecq. Alain Minc, à l'essai, nous gratifie lui d'une « histoire politique des intellectuels », dont on s’accordera le droit de penser, sans l'avoir lu, le plus grand mal —pensez-vous sérieusement que les tresseurs de lauriers ont pris, eux, le temps de l’ouvrir ? Ecoutons son auteur: «il faut absolument préserver le modèle de l'intellectuel français, parce que c'est douillet. » Plus tard, et comme subitement frappé d’un éclair d'objectivité, Minc avoue en un souffle: « je suis un intellectuel de pacotille, un intellectuel à temps plein. » A tremplin? Cela va sans dire. Puis, c‘est au tour de Philippe Manière, le journaleux qui ce matin-là lui servait la bonne soupe, de commettre cette sortie-déroute: « je suis intimement persuadé que nous sommes tous des intellectuels, sauf bien évidemment ceux qui sont complètement idiots. » Y’a pas à dire: ça vole haut.
Autre rentrée, la syndicale. Battre le pavé plutôt que de le desceller, voilà l’erreur, recommencée. Le Pouvoir ne s’y trompe pas, qui nous enfle au fur et à mesure, baudruches défilant au rythme des slogans gnangnans. Mardi dernier un amendement voté en commission et en catimini (pléonasme) prévoyait par exemple une refonte de la médecine du travail : « les missions définies seront exercées par les médecins, sous l’autorité de l’employeur. » Autorité ? Employeur ? On imagine sans peine, à terme, le résultat. Voilà comment, profitant d’une fenêtre de tir ouverte à tous les mauvais vents, les azimutés du sarkozystan-pour-mille-ans s’empressent de dézinguer à tout-va. Mais c’est qu’ « il s’agit de l’intérêt supérieur du pays », s’étrangle en un sanglot Copé. « On est en train de changer d’époque », s’emballe-t-il, « la Réforme, c’est un rendez-vous pour la nation. » C’est ballot parce que moi, je l’attendais à La Bastille. Et tandis que je glandais à l’abri du Génie, une petite vieille est passée, en murmurant à sa copine « dans les manifs, on voit toujours les mêmes. C’est comme aux enterrements. » De seconde, là, l’enterrement.
Frédo Ladrisse.
Balles perdues pour chou-rave : on peut toujours rêver
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Tandis que se poursuivent les expulsions de campements roms et autres cochoncetés d’Etat, fruits pourris d’un racisme devenu doctrine officielle, Hortefeux-nouille et ses compères engraissent le pire de nos Dupont, arrosant d’amalgames puants l’assemblée, au comptoir. Il y aurait ainsi, selon le suant rouquin, « un vol sur cinq à Paris commis par un Roumain. » Et quand bien même, dites-vous ? Mais c’est que tout s’explique, qu’enfin Dupont sait qui, par une nuit sans lune, lui chipa les deux roues avant ainsi que les tapis de sol de son sinistre véhicule. Pauvre bougre trop longtemps floué par les tenants de la bien-pensance, il n’en est pas moins satisfait de voir se confirmer quelques convictions ramassées au rebord du caniveau : non content d’être sale, fainéant et sournois, le Rom est voleur. C’est sa nature. « Comme tous les Arabes », a dut se retenir d’ajouter Hortefeux, se mordant les lèvres jusqu’au sang. Quoi qu’il en soit, le même Hortefeux risque de devoir remiser, pour un temps, son xénophobisme latent : figurez-vous qu’il s’est comme qui dirait découvert une vocation d’édile, et compte se présenter aux prochaines municipales. Où donc Hortefeux-nnec briguera-t-il son premier mandat ? A Vichy. Ça ne s’invente pas. « Ma famille, mes racines sont ici », précise le bougnat. Depuis 1943 ?
Mais quelques voix s’élèvent, au sein même du gouvernement ! Ainsi l’ineffable Kouchner tapa-t-il de ce poing qu’il a tout rachitique sur sa table de futur ex-ministre, expliquant au sujet des Roms « je ne suis pas content », précisant qu’il avait, sic ! « profondément pensé à démissionner. » Mais finalement, non, profondément ou pas, car « s’en aller, c’est déserter. » Pas de chance, personne n’était là pour lui rappeler que, dans le cas présent, rester revient à collaborer. Que cent poignées de cendres se répandent sur son crâne! Cependant Kouchner-de-bœuf a beau faire des efforts, dans le registre des contorsionnistes et triturés du bulbe jamais il n’arrivera à la hauteur des talons d’Amara, Fadela : « je suis contre les expulsions de Roms, j’ai toujours milité contre les expulsions » , balance la pourtant toujours membre d’un gouvernement qui compte bien continuer de les multiplier. Ensuite, ménageant la chèvre et le chou-rave qui trône à l’Elysée, Amara-d’eau-de-la-Méduse s’oblige à préciser qu’elle « adhère à la logique du président de la République : nos parents n’ont pas immigré pour que leurs enfants basculent dans la délinquance. » Où l’on retrouve, comme en passant, l’hortefesque amalgame qui lie immigration et délinquance. Que mille tuiles s’abattent sur les chaussures de l’Amara !
Etaient-ils tuiliers et couvreurs ? On ne sait mais samedi dernier ils étaient des dizaines de milliers à battre le pavé en même temps que le rythme d’un air de plus en plus populaire, dont le titre pourrait être « ça commence à bien faire ». Ce n’était, bien entendu, qu’une manif supplémentaire, de celles qui donne bonne conscience à, finalement, peu de frais, néanmoins une tension, pour ne pas dire une colère, parcourait les cortèges, colère sourde ou rentrée peut-être, mais bien présente, palpitant. Le pouvoir ne s’y est pas trompé, qui avait mobilisé quelques milliers de robocops, le long des parcours arpentés par les mamans à poussettes et petits vieux à la mémoire fraîche comme un saumon sauvage — eux se souviennent d’un temps que les moins de 70 ans ne peuvent pas connaître, n’est-ce pas Lucio ? En résumé : autant d’éventuels terroristes dont il convenait de bien surveiller les sucettes. Ce même pouvoir, après avoir ainsi pris ses sécuritaires précautions, tentait le soir même et par la bouche, définitivement bée, d’Hortefeux- de- Bengale, de minimiser l’événement : « il n’y a eu, sur l’ensemble du territoire, que quelques dizaines de milliers de manifestants. » Et de préciser la bave aux lèvres qu’il ne s’agissait jamais que de « manifestations hétéroclites, où se sont retrouvés une mosaïque de partis traditionnels mais aussi des groupuscules gauchistes et anarchistes. » L’horreur, quoi, le retour de Julien Coupat dans la rue ! Plus tard, il n’y eut pas jusqu’à quelques khmers noirs, anarchistes pur beurre sans sel, pour venir cracher sur cette belle mobilisation, renâclant à défiler avec des associations de défense des droits de l’homme pas « casher » selon leurs principes, j’allais dire : leur religion. Plus tard, il était cocasse de les entendre, ces anars chafouins, reprendre quasi mot à mot les slogans de l’homme de Beauvau, rabâcher que cette manif’, finalement, ne représentait rien ou peu de choses, une pauvre affaire de bobos, crêpe-party etc : crêpe-party à laquelle ils n’ont pu, cependant, s’empêcher de participer. Peu importe, au final, le catéchisme de ces Purs et leurs contradictions: qu’ils continuent de dérouler leurs obscurantistes leçons, index dressé vers Leur Ciel, qu’ils délivrent leurs anathèmes et autres excommunications: ils ne représentent plus qu’eux-mêmes. A force de se tromper d’ennemi, ils se retrouvent bien seuls, sur le terrain des opérations. Seuls, et sans munitions.
Ce n’était qu’une manif’ de plus, mais je n’oublie pas avoir pensé, au cœur de l’été, quand les expulsions de campements furent programmées par le Sarkoland, que jamais les gens ne bougeraient pour défendre les Roms, une communauté pour le moins méconnue, et qui n’a pas bonne presse au sein de la population, toute couleur politique confondues — et jusqu’aux anarchistes, eh oui. Je suis alors heureux de m’être en partie trompé, même si l’effort est faible, bien sûr loin d’être suffisant, mais mobilisation il y eut, mobilisation il y a, et elle va se poursuivre. Aujourd’hui, pas une expulsion, fut-elle de quelques personnes, pas une destruction de campement ne peut se faire sans que les médias n’en soit informé par, non seulement les militants, mais aussi par les voisins, les habitants proches des campements. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup (Michel Berger, sans troupeau).
Cela dit elles furent rares, les raisons de se réjouir en cet été en forme de retour du Nacht et du Nebel. Il réserva néanmoins quelques bonnes surprises : par exemple, des soldats français ont tirés sur d’autres soldats, également Français. On appelle ça des « tirs amis. » Il y a là de quoi faire fantasmer tout un troupeau d’autruches : en Afghanistan ou ailleurs, bousillez-vous les uns les autres, Terminators de pacotille, techno-troufions de mes deux ! Pendant ce temps-là, au moins, vos erreurs de tirs ne risquent pas de faire disparaître tel ou tel village millénaire, habité de paisibles gens. Puis, avec un peu de chance, une de vos balles perdues viendra peut-être se ficher dans le réservoir d’on ne sait quel hélico présidentiel ? On peut toujours rêver…
On rêverait également de voir la justice de classe de ce pays à la noix de cajou faire enfin son boulot, et les magistrats se sortir les doigts du pot de Nutella. Deux affaires montrent, ces temps derniers, que c’est pas pour demain la veille. Woerth-Bettencourt bien entendu, enfin, « entendu », façon de dire… Le gars s’enfonce de jour en jour dans le marigot de ses mensonges, lesquels sont désormais de notoriété publique, cependant ce grand distributeur de breloques devant l’éternel s’entête à ne pas comprendre qu’il est impossible désormais, pour toujours et à jamais, de le prendre au sérieux: « je n’ai jamais menti à personne, ça suffit ! », s’énerve Pinocchio-le-piteux, « on cherche à me salir, je n’ai rien fait de mal, je n’ai rien à me reprocher ! » Dès lors, blanc comme un linge à défaut de neige, Woerth découvre peu à peu que, dans le monde réel —monde qu’il semble avoir quitté du jour où il a rejoint la cinquième dimension autrement appelée Ump— si on veut être un brin crédible il ne suffit pas de rabâcher devant micros et caméras qu’on a rien fait mais rien, enfin !, qu’on est innocent, pur, tel l’oisillon tombé du nid. Pauvre petit oiseau, aussi sûrement déplumé qu’il sera, sous peu, sacrifié sur l’autel du remaniement. Le plaindre? Vous rigolez ?
Pas à plaindre non plus, ce vieux renard des crasses basses-cours, j’ai nommé Chirac, Jacques, le goupil aux mains non pas rouges, mais assurément sales. Il s’en tire bien, le futé. Pour une somme pour lui modique (550 000 euros), Chirac a reçu l’assurance de n’être pas poursuivi par la Mairie de Paris, mairie qu’il a volée durant une bonne décennie. Merci qui ? Bin merci Bertrand. Ainsi, par la grâce d’un arrangement entre pourris de droite et de gauche, le vieil homme et la mère, Bernadette, finiront leurs vieux jours non à l’ombre, comme il se devait, mais sous le plein soleil d’une impunité négociée à la demande expresse de Delanoë lui-même. Chirac en prison ? Non, jamais. Didier Wampas va être déçu.
Reste à espérer que l’arrangement fasse jurisprudence : voleur, mon ami, sache que la prochaine fois que tu te fais gauler il te suffira de rendre les deux chandeliers dérobés pour éviter de passer par la case prison. On peut toujours rêver ? Non.
Frédo Ladrisse.
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