"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Juillet 2012

Manuel Valls a mis le temps.

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Thierry Peugeot serait comme en dépression post-industrialo traumatique, tancé par Hollande lui-même et Montebourg-moi-le-mou, le voilà, l’automobileur, qui se rebelle : « il y a des limites à la critique », chiale le représentant d’une des premières fortunes de France. « Il y a des mots que je n’ai pas aimé, comme mensonge, dissimulation », continue-t-il, sanglotant. Puis, ce fils de chien de sa race de Peugeot d’héritier consanguin, de couiner : « nous avons des valeurs d’humanisme et de respect. »  Respect de l’actionnaire, oui !
     Humanisme, qu’ils disent. Ecoutons la leçon de Manuel Valls-à-mille-temps, ci-devant et par derrière ministre de l’intérieur : « la concentration dans certains campements roms nous obligent à prendre des décisions de démantèlement », dit l’humaniste au petit pied bot. « Je ne dis pas que ça règle le problème », avoue-t-il, j’m’enfoutiste en diable. Déjà, l’expulsion du campement de l’Arbois, dans la région d’Aix-en-Provence, prouve assez la volonté de Valls de perpétuer la politique de son prédécesseur, le néfaste Guéant. D’autres expulsions sont d’hors et déjà programmées, auront lieu, hasard, cet été : à croire qu’une coutume est en train de s’instaurer, en France. Valls, encore lui : « nous sommes face, par exemple en Seine Saint-Denis, à une situation de confrontation entre les populations des quartiers populaires et les populations dites roms. » Où a-t-il vu jouer ça, lui? C’est, proprement, très dégueulasse ce genre de propos ne reposant sur rien, par ailleurs largement démentis par les faits. En Seine Saint-Denis, territoire où la pauvreté scelle de belles solidarités, multitudes d’associations, parfois locales ou de quartier, œuvrent chaque jour à l’entente entre communautés, et « les populations dites roms », n’en déplaise à Valls de Vienne, sont bien entendues les bienvenues !
     Que pense Valls des prisons et autres lieux d’incarcérations ?  Mon petit doigt pervers me dit qu’il doit, à ce sujet comme d’autres, partager les avis d’Hortefeux-de-camp, youkaïdi. N’empêche : la semaine passée eut lieu, derrière les hauts murs, le 43e suicide d’un détenu, rien que pour l’année 2012. Soit un suicide tous les trois jours, soit un taux 10 fois supérieur à celui constaté en milieu libre. C’était notre rubrique : la Pénitentiaire est heureuse de vous accueillir pour vos vacances.
     Vous me direz : pourquoi déprimer alors que c’est les J.O., l’autruche ! La fête, la fraternité, et les médailles en Nutella. C’est aussi 40 000 connards en uniforme mobilisés pour la sécurité, à Londres, dont 17 000 militaires. C’est une ville en état de siège, batteries aériennes trônant sur les toits des immeubles, chasseurs de la R.A.F. en alerte permanente, hélicoptères omniprésents, la City sous contrôle total et de larges artères londoniennes, rebaptisées « voies olympiques », interdites aux badauds. C’est aussi la famille Mittal, fossoyeurs de l’aciérie, de Florange à Glasgow, qui portent la flamme olympique en plein quartier huppé de Londres, ultime pied de nez à une classe ouvrière dévastée par ces milliardaires dont le C.I.O., par ailleurs, ne saurait se passer. C’est la main mise totalitaire des sponsors officiels, de Mac Donald (interdiction totale de consommer d’autres produits que leurs frites à vomir), Heineken (même chose), ou encore la carte Visa. En conclusion : un vrai cauchemar. Et je me souviens de ma joie lorsque Paris s’est fait grillé par Londres, malgré la promesse faite de « suspendre le droit de grève » durant toute la durée des jeux, et malgré la volonté d’un Delanoë de « transformer profondément la capitale ». Finalement, la peste est à Londres. Ce n’est pas tellement mieux.
     Entre autres avantages, l’idéal olympique permet aux Etats et aux autres industries du contrôle de tester, tous les quatre ans, leurs nouveaux matériels. Ainsi, selon un rapport officieux de l’armée américaine, l’occasion est trop belle d’essayer une nouvelle génération de drones, de ceux qui, « d’ici 5 à 10 ans, voleront au-dessus de nos têtes ». Ils devraient être environ 30 000… Souci de taille, cependant : des chercheurs universitaires, équipé d’un matériel de base ayant coûté moins de mille dollars, sont parvenus à prendre le contrôle d’un de ces drones. Conclusion : « chacun d’eux pourrait se transformer en missile utilisé contre nous. » Les mêmes chercheurs assurent qu’au vu des développements de l’informatique embarquée, et selon le principe qui veut que « tout ce qui est connecté peut être hacké », il ne sera bientôt plus nécessaire d’entrer dans le cockpit pour détourner un avion de ligne. Bon voyage dans le futur…
     Mais d’aucuns n’ont pas besoin d’attendre les olympiades pour biznesser à mort, c’est le cas de le dire, et vendre leurs technologies de contrôle des populations. Ainsi Qosmos. Cette société bien française, contrairement à ce que semble indiquer son nom, n’a pas la tête dans les nuages mais les pieds bien sur terre : cela fait des années qu’elle vend à Bachar-el-Hassad du matos de surveillance électronique, sans se soucier de ses utilisations ultérieures. Que l’usage de leurs gadgets ait conduit à l’arrestation, puis à la torture et, éventuellement à la mort de centaines d’opposants ne semble guère troubler les maîtres de Qosmos. Merde alors, faut bien vivre !
     C’est, à coups sûrs, ce que se disent également les patrons des entreprises publiques, dont les salaires viennent d’être plafonnés à 450 000 euros annuels. Soit 37 500 euros mensuels. Soit 9375 euros par semaine. Soit 1900 euros par jour. Comment tu t’en sors, avec ça ?


                                                                                                     Frédo Ladrisse.


Peugeot l’esclavagiste : Aulnay grillé

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Un régiment de marsouins défilait, hier matin, en tête des troupes s’il-vous-plaît ! Flipper le dauphin, en opération extérieure, n’était pas disponible. Il était cependant naturel d’honorer l’infanterie de marine, puisqu’on nous informe qu’elle prend une part active au toujours « rouge renforcé » plan vichypirate. Et que ça se ballade sur les boulevards, Famas en bandoulière, à mater la chalande… Bande de planqués !
     Mais badinerie que tout ceci, et ce n’est pas de débuter léger qui nous fera faire l’économie d’un passage par le lourd, le pesant de la semaine, je veux bien entendu parler de la fermeture d’Aulnay. Des 8000 emplois, au bas mot, promis à extinction ; des fourberies de Psa qui gardait bien au chaud dans sa culotte ce plan préparé de longue date, on aura finalement guère plus entendu parlé que de « coût du travail », balance du commerce extérieur et autre manque de compétitivité gnagnagna. « Inacceptable » pour Montebourg-moi-le-mou, « inacceptable en l’état » pour Hollande (notez la nuance, la reculade), il ferait beau voir que ce plan, qui n’a de social que le nom, outre qu’il promette à la casse et sans prime 8000 « ouvriers-qui-coûtent-cher », serve de prétexte à de nouveaux cadeaux concédés aux patrons sous forme de baisse, ou d’exonération de charges liées à l’emploi. Faut-il le répéter ? Il faut : non le travail n’est pas un coût, il ne coûte pas, mais rapporte. Et nous savons à qui. A Varin par exemple, actuel président de Psa, Varin-ce-doigts qui pleure : « personne ne sera laissé au bord de la route. » Mais poussé dans le fossé ? Et ce purin, bien entendu, c’est la faute à la crise, laquelle en vérité se présente comme une excellente séquence pour les maîtres du monde, bien décidés à profiter de l’occasion pour faire avaler leurs réformes et autres « restructurations », qu’elles soient d’ordre économique, politique, social ou même moral.
     Le ministre Ayrault-malgré-lui, se sait, sur le dossier d’Aulnay, attendu au tournant. Ça tombe mal car, de ce tournant, il a dit lors de son discours de politique générale qu’il n’en voulait pas. « On nous prédit bientôt un tournant vers la rigueur. Eh bien moi je dis non, non et non au tournant ! » La route est droite, la pente est raide, et le touriste est fatigué ? Au reste, Ayrault-tative n’a pas tort : il n’y aura pas de tournant, la rigueur, on va droit dedans.
     Aussi, dans le cas d’Aulnay et dans d’autres (puisqu’on nous promet une pluie de « plans sociaux » pour la rentrée), nous serions bien inspirés de prendre exemple sur les camarades espagnols, notamment les mineurs, en grève depuis fin mai et qui, de marches en marches, de blocages en blocages (routes, voies ferrées, usines,…), d’affrontements avec les flics en indéfectibles soutiens de la population, appellent ni plus ni moins au soulèvement des travailleurs face aux profiteurs de tout poil et aux politiques, leurs obligés. Adeptes des méthodes radicales et n’ayant rien à perdre, les mineurs espagnols sont en train de secouer, pour mieux le réveiller, le peuple sonné tel un boxeur par les multiples plans de rigueur dont la danse est organisée par le gouvernement, à une insoutenable cadence. Les mineurs réussiront-ils ? Ce serait un bel exemple, et gageons que, de par chez nous, Cgt, Cfdt et autres belles centrales endormies ne le souhaitent pas vraiment. A vrai dire : pas du tout. C’est qu’il ne faudrait pas, voyez-vous, donner trop de grandes idées aux gars de Psa, par extension à tous les autres. De par chez nous les syndicats ont pour feuille de route de tenir les troupes. Ils s’y sont engagés, en échange d’une chouette réunion au titre ronflant de « conférence sociale »  — y’avait même du jus de pruneau.
     C’est que la France n’est pas l’Espagne, ça non monsieur ! En France, on a François Hollande, qu’on a élu le doigt sur la couture du futal, et qui va nous sauver du marasme, oui monsieur : c’est dans son programme.
     En France, on a aussi Audrey Pulvar, Montebourg-la-reine pour les intimes, journaliste de faction qui, en tant que représentante d’une minorité bien visible (les bourgeois de centre-gauche nichant généralement rive droite), vient de se dégoter un poste à la rédaction des Inrock’. L’hebdomadaire prouve ainsi, si besoin en était, qu’il a définitivement basculé dans le camp du grand portenawak, et du filoutage culturel. Quittant le service public, à qui elle doit tout, Pulvar rejoint donc la joyeuse troupe boboïde des inutiles. Au moins, chez ces gens-là, et comme le scande une pub pour forfait mobile spécial djeuns, pourra-t-elle « s’éclater à rendre le monde plus cool ».
     Un petit stage chez les mineurs des Asturies, Audrey ?


                                                                                                 Frédo Ladrisse.
 

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