"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Janvier 2013

Menottes, goupille et faux François.

 
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Ils ont défilé, et après… Il faut bien qu’une fois de temps en temps la France rance, au cerveau comme naphtaliné, prenne l’air dans les rues de Paris, y promène son cul dilaté et ses idées datées. Nul désir de les en empêcher, d’autant que lorsqu’elle ose enfin pointer son nez dehors, cette France-là est pour l’autruche mieux qu’un vivier : une manne, une bénédiction! Commençons par la star, l’égérie d’un mouvement tout de rose et de bleu marine, j’ai nommé Frigide Barjot. Pas si folle, la guêpe anti-pride: disparue des écrans radars depuis plus de dix ans, elle sut saisir l’occasion de se remettre, un temps, à exister médiatiquement. « Le mariage pour tous,  c’est la disparition, c’est la fin des hommes ! » Ah. On n’en saura pas davantage. « Je parle au nom des femmes au foyer et des mères de famille », précisa la Frigide. Nous doutons cependant que toutes se reconnaissent en ces propos qui, par moment, atteignent un degré de bêtise rarement égalé. Autre grande figure du mouvement, Hervé Mariton-les-bretelles pense quant à lui que « le mariage est avant tout un outil de protection des femmes. » Ah ah, la sale blague… Opposante « naturelle » aux droits homosexuels, la députée Marion Maréchal-Le Pen, en tête de cortège, lâcha pour sa part ceci : « ici, le peuple a sa voix à dire. » Et des choses à parler, peut-être?
     En tous les cas, le long du cortège, on en entendit de vertes et cependant bien mûres, bien blettes. Ce gamin, par exemple, à qui un journaliste demande la raison de sa présence : « je défile contre les homosexuels. » Aussitôt son père le corrige, non petit, pas contre les homosexuels, contre le MARIAGE homosexuel. Du discours paternel, le petit s’était contenté de recracher l’essentiel. Plus loin, c’est un vieillard, maréchaliste en diable : « je n’ai rien contre les homophobes, heu… Je veux dire : contre les homosexuels. » Lapsus, quand tu nous tiens…
     Les jours suivants, ce fut aux ténors de la droite de donner de la voix, et d’entonner comme un seul homme le refrain selon lequel François Hollande se devait d’écouter les Français qui, ce dimanche-là, avaient manifesté en masse, étant bien entendu que le rôle du président est d’être à l’écoute du peuple, et gnagna et referendum. Ce sont bien entendu les mêmes qui, à chaque mouvement syndical d’ampleur, s’en vont de micro en micro ânonner que ce n’est pas la rue qui gouverne, qu’il est hors de question de céder devant elle, et gnagna différent, cette fois.
     Et l’Eglise, me direz-vous, elle est où notre sainte-mère? Dans cette affaire, elle est partout, joue des divers leviers à sa disposition, finance le mouvement (transports, organisation, presse, fanions), l’encadre discrètement, sollicite néanmoins ses ouailles quelques fois très directement : les parents d’élèves d’une école catholique de St-Lo ont ainsi reçu à domicile,  dans la même enveloppe contenant le bulletin scolaire de leur enfant, une profession de foi anti-mariage gay, ainsi qu’un encouragement, nous dirons « appuyé », à se rendre à la big manif’ du 13 janvier dernier. Malgré de gros moyens (et le soutien total de la curie romaine), la goupille n’est parvenue à mettre dans la rue que 300 000 personnes. Lors de sa dernière grande parade (en 1984 pour la défense de l’école dite libre), la France rance avait compté un million de manifestants. Je vous laisse conclure.
     Que pense de ce raout le plus Belge des acteurs russes ? Quelque chose me dit qu’il s’en cogne, dans la mesure où son portefeuille n’est, ici, en rien menacé. Et puis le gros Gégé semble par trop occupé à lécher avec gourmandise les bottines du tsar Poutine, un « grand démocrate » selon lui, pour se préoccuper des petites affaires franco-franchouilles. Jamais avare d’un coup de Trafalgar ou de pute, Depardieu s’en prend désormais à l’opposition russe, et pousse la bêtise jusqu’à se moquer, à la télé, des membres des Pussy Riot. « Je tombe de scooter, mais je suis un homme vivant », conclu-t-il, entre deux rots. La seconde de ces assertions nous paraît cependant de plus en plus soumise au doute.
     Pendant que le Gégé s’enferre dans son délire russophile, en France, sous gouvernement socialiste, sans que Guéant ni Besson ni Sarko n’y soient pour rien, une fillette de cinq ans est conduite au poste de police, au prétexte que ses parents ont omis de régler la cantine scolaire. Une fliquette municipale et néanmoins zélée est venue la chercher, à la cantine même, devant ses petits camarades. L’histoire ne dit pas si elle passa les grosses menottes aux petites menottes de Léa. L’histoire dit cependant que la petite, sur le coup, pensa qu’on venait la chercher parce que ses parents étaient morts. Quant à ses camarades, ils en conclurent que la police emmenait Léa en prison. Si, une fois au commissariat, Léa échappa aux coups de fouet, nous savons, nous, qui les mérite.
     Ils ont signé, et puis après ? A l’exception, notable, de la Cgt et de Fo, les syndicats ont donc parafé l’accord modifiant, en profondeur, le code du travail. Sera donc, sous peu, inscrite dans la loi la maxime patronale selon laquelle les licenciements d’aujourd’hui feront les emplois de demain. De qui se moque-t-on ? Du salarié. Dont on peut espérer qu’il a cette fois mieux compris ce que signifie l’appellation « syndicalisme d’accompagnement ».
      Mais c’est que nous sommes en guerre!, et que nous avons des otages !, et de l’uranium à extraire et des Rafale à vendre !... Alors hein, le droit du travail… Au mépris du droit international et des résolutions, pourtant récentes, de l’Onu, la France, à peine tirée d’Afghanistan, s’est donc empressée de se trouver un nouveau terrain de jeu, le Mali, son désert et ses « terroristes ». Mitterrand et l’Irak en 1991, Chirac en 2001 avec l’Afghanistan… C’est fou, tout de même, cette pulsion qui pousse les présidents français en manque de popularité à déclencher des guerres, plus ou moins n’importe où. Mais, selon un proche de Hollande (tenant à conserver comme par hasard l’anonymat), grâce à la guerre « le vrai François est en train d’apparaître. » Donc, avant, on nous vendait le faux ?
                                                                                                  Frédo Ladrisse.          

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