"Hommes/femmes politiques, journalistes au petit pied, philosophes du dimanche ou stars à la ramasse: tous sèment des perles de bêtise, sans se douter que, dans l'ombre, l'autruche les note, les commente, s'en gausse, et recrache le tout sur ce blog."

Avril 2012

Ramicollages et beautés du parler rousseland

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Ils m’auront bien fait dégueuler les « on a gagné ! » de certains, les « on a pas perdu ! » des autres, en cette soirée vomitive marquée, comme au fer brun, par le score sans précédent des Fascistes Nationaux. Comme c’est crasse, de gueuler victoire quand la blondasse Le Pen joue le troisième homme et se gausse, se rengorge, s’en touche de plaisir. Que les choses soient claires : pas l’ombre d’une excuse, pas le moindre alibi n’est recevable, pour moi, concernant les racistes et autres renfrognés nazillards ayant apporté leurs suffrages au Front. Ils sont abjects, et cons. On peut être au chômage et digne, contrairement à ce que pense Sarko, on peut être dans la merde et ne pas basculer du côté de la haine et de la xénophobie. Cons, donc, écœurants, et dangereux. Et ils sont 20%. Pareillement gerbantes étaient alors les pitoyables tentatives d’explicitation socio-psycho-journalistiques de ce score effarant. « On a gagné » ? Mais non. Nous avons tous perdu, ce 22 avril.
     Allez, calmons notre colère, toute bonne conseillère qu’elle soit, mais non sans avoir rappelé auparavant qu’Hitler fut porté au pouvoir par des gens qui « souffraient », trouvaient que y’avait trop de fonctionnaires, trop de « métèques » aussi, que la baguette était trop chère et les trains pas à l’heure. Calmons-nous un chouia puisque, au-delà du retour en force du nationalisme en ce pays, ce premier tour fut tout de même marqué par de ces calembredaines qu’on aime, telles celles d’un conseiller Ps expliquant que, pour Hollande, il y avait trois axes désormais, dont le premier est « rester sobre. » Il sort de cure, le favori ? Au reste, et puisqu’on cause alcool, il faisait bon traîner dans les trocsons en ce dimanche d’élection, tellement ça fusait. J’ai retenu la sortie de Robert, qui trouvait que « d’accord, bin on dira ce qu’on voudra, Poutou, il est quand même bizarre. » Plus tard, c’est Roger qui concluait le débat, par cet avis sans appel selon lequel « si l’aut’, là, le DSK, si il avait pas fait son délinquant sexuel, bin lui il nous sortait de la merde, voilà ! » J’ignorai que le dernier soutien, et quel soutien !, de Strauss-Kahn, sirotait son calva au comptoir en bas de chez moi. A quelques jours de là, c’est Mélenchon himself qui, dans une ultime envolée télévisuelle affirmait ne pas vouloir « se ramicoller avec Hollande. » J’ai cru à un néologisme, au demeurant fleuri. Mais, vérification faite, le verbe existe : il nous vient du « parler rousseland », dont j’ignorais tout jusqu’à lors et dont je vais, je crois, continuer de tout ignorer. Sachez tout de même que « ramicoller » possède un synonyme. Aussi pouvez-vous dire aussi « se repétasser », sans nécessairement être de sexe féminin. Beautés du parler rousseland…
     On a bien rit aussi, à dresser de mémoire la liste des disparus et autres perdus corps-et-bien de la Sarkozerie. Dans la rubrique « que sont-ils devenus ? », nous ne citerons que Faudel et Doc Gynéco, perdus dans l’épaisseur de leurs propres néants. Il y en a d’autres, bien entendu, n’est-ce pas, Mireille Macias ? Cependant plus intéressante nous semble la rubrique des « que deviendront-ils ? » On peut légitimement s’inquiéter du sort qui guette Eric Besson, Frédéric Lefèbvre, Nadine Morano, Frédéric Mitterrand ou même, Jean Sarkozy. Déchus, piteux, rendus totalement transparents, gageons qu’ils rejoindront la cohorte des oubliés tels ce pauvre Marc Laffineur, actuel secrétaire d’Etat aux anciens combattants, ce malheureux Edouard Courtial (des Affaires européennes), ou l’impayable Maurice Leroy, ministre chargé de la ville. Retenez bien ces noms, car c’est la dernière fois que vous en entendez parler.
     On s’est encore gondolé avec cette histoire de « vrai travail », sorti du chapeau nauséeux du futur ex-président. Sur Tweeter, une façon de concours du commentaire le plus foutraque a lieu, en ce moment, à ce sujet. A titre personnel, j’ai bien aimé le tweet questionnant : « le vrai travail rend-il vraiment libre ? », j’ai zigomatiqué à la lecture de « oh merde, je me suis planté ce matin, je suis allé à mon Faux Travail ! », j’ai ensuite pris le temps de vérifier l’affirmation selon laquelle « le dernier à avoir manipulé le 1er mai à des fins politiciennes fut le maréchal Pétain. » C’est rigoureusement exact : en 1941, le 1er mai devenait la « fête de la concorde sociale. » Et, de fait, excluait toute portée syndicale ou revendicative. On voit dans quelle lignée historique s’inscrit l’initiative de Sarko concernant le 1er mai à venir et, du coup, on rigole moins. Au-delà d’une énième tentative de récupération des votes lepénistes, cette dernière n’est rien moins qu’une déclaration de guerre au monde syndical et au-delà, aux travailleurs. Jusqu’au tout dernier jour, le nabot prendra soin d’afficher sa haine du pauvre, son dégoût pour toute forme de solidarité (« assistanat », selon son glossaire), sa répugnance à l’égard des revendications légitimes émanant du monde du travail. Il suffit d’entendre Guaino défendre le rassemblement sarkozyste, Guaino qui, l’autre matin, se permettait d’affirmer que « le premier mai, dans les cortèges, il n’y a que les délégués syndicaux qui défilent, tout le monde le sait ! », il n’y a qu’à les regarder, ces lieutenants paniqués d’une armée en déroute, cracher sur tout ceux qui n’ont pas de Rolex à cinquante ans, pour mesurer à quel point ils sont déterminés à nous combattre, à nous abattre, animés par une haine de classe dont on mesure mal l’étendue. « Bien sûr qu’il y a une guerre de classes », affirmait il y a quelques temps le multimillionnaire Warren Buffet. Et de préciser aussitôt que « cette guerre, les riches sont en train de la gagner. » Si c’est un riche qui le dit…
     Et même lorsque riches et moins riches se retrouvent à égalité, par exemple face à la mort ou à la maladie, le riche gagne encore, et pas que des fifrelins. C’est ainsi qu’on apprend que le président-fondateur de l’association des victimes du Médiator s’est purement, simplement, barré avec la caisse. Malades, victimes de l’industrie pharmaceutique, et finalement arnaqués grave par un margoulin qui dînait il y a un mois à la table de Madame le ministre de la Santé. Y’a des vies pas marrantes…
     « Important : mise à jour de votre contrat habitation », m’écrit mon assureur, la MAIF pour ne pas le nommer. Cet assureur, qui est bien placé pour connaître la petitesse de mon logement et/ou la faiblesse de mes revenus, s’inquiète cependant dans son courrier de savoir si je suis l’heureux propriétaire « de piscines, tennis ou bâtiments utilitaires de plus de 200 m2. » J’ai vérifié, et je suis formel : mon terrain de tennis fait moins que ça.


                                                                                                Frédo Ladrisse.


Ayez des couilles, votez Sticules.

 
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Alors comme ça il  se murmure que l’élection serait jouée, en un seul tour au final, celui des sondages auxquels le fieffé Copé avoue « ne rien comprendre », quand ça l’arrange. C’est pourtant simple : en ce qui concerne la Sarkozie c’est fichu pour cette fois. C’est l’alternance, la belle, la si délicate alternance, celle qui coûte peau de balle et dont le but ultime est de tout changer pour que tout, toujours, continue. Ils ne s’y trompent pas, les transfugés de toute obédience, les Amara et autres Lepage et Begag, transhumants de gauche à droite et retour, selon le vent, léchant avidement la main de celui qu’ils espèrent être leur futur maître. Aussi, de partout affluent les soutiens, on se battrait presque pour un morceau de demi-dépêche dans le journal affirmant qu’on est du côté de celui qui va gagner. La litanie des ralliements le disputant à celle des reniements sans fard, c’est à qui volera le premier au secours du futur vainqueur, à qui exécutera la plus fine révérence, maintenant que se profile cette France au François.
     D’aucunes, cependant, craignent encore la bascule, et en kamikazes assumées soutiennent contre vents et de mauvais gré leur champion à la petite semelle. Françoise Hardy a prévenu : si Hollande gagne l’élection elle « quittera la France », puisqu’elle risquerait alors de « se retrouver à la rue », du fait de l’ISF. Moi qui pensais Dutronc (pas le fils écervelé, avide de dollars, pas Thomas, non, cet imbécile, pas son fils non non, mais Jacques), moi qui le pensais donc intelligent, subtile, force m’est de reconnaître que le fait d’avoir supporté, en son entourage, une telle dinde et durant de si longues années prouve, s’il en est, les limites de sa perspicacité.
     Il y a pire, il y a toujours pire, il y a toujours : Brigitte Bardot. Toujours pas crevée la vieille peau, elle confesse son « dégoût pour ce type », en parlant de Sarkozy, qu’elle a soutenu mais qu’elle accuse désormais d’être responsable de l’augmentation de la production de viande hallal, quelle horreur! Bardot, islamophobe notoire et déjà condamnée quatre fois pour incitation à la haine raciale, voit bien sûr en Le Pen « une sauveuse, seul recours pour nous sortir du b….. » Du quoi ? Du bêtisier ?
      Au sein de ce bordel ambiant de fin de campagne (et de fin de règne), surnage quelques esprits point trop encore embrumés : moi, j’aime bien Georges Moustaki. C’est un branleur de première, une belle âme, en somme. Il y a peu, Georges Moustaki déclarait être « heureux de voir que les Grecs sont très combatifs, très politisés », et, après avoir rappelé qu’«Europe est un mot grec, qui signifie « celle qui voit bien », il disait espérer que « la Grèce va foutre le bordel. » Nous verrons, Georges, nous verrons. Surtout lorsqu’il y aura, en Europe, quelque chose comme 10 ou 12 Grèce.
     Au sein de ce bordel de fin de règne (et donc, de fin de campagne), la Grèce n’est pas, loin s’en faut, le seul pays sur lequel nos officiels medias ont décidé de faire l’impasse. Un exemple, au hasard : l’Islande. Silence radio, depuis des mois, au sujet de cette île et de sa révolution. On comprendra pourquoi quand on saura que là-bas le peuple, non content d’avoir fait démissionner le gouvernement au complet, a refusé, par referendum, de payer les dettes contractées par des banques qui, par ailleurs, ont été illico renationalisées. Pour l’heure, une assemblée élue dans le même mouvement travaille au projet d’une nouvelle constitution. Une « constituante », donc. Une révolution, donc. Et pacifique, de surcroît. C’est donc possible, en 2012, et en Europe ? Bah oui mais chut, silence… Manquerait plus que ça se sache et que ça donne des idées aux peuples dormants, ronflants, sur leurs deux oreilles d’électeurs.
     Ici c’est la « révolution par les urnes » qu’on guette. Paraît que c’est pour dimanche. Vais-je passer la soirée à consoler le flux des copains mélenchonnisés et déçus de voir leur champion frôler avec peine les dix-onze pour cent ? Allez… On se repassera le clip de Victoire Passage, et on boira un coup en la mémoire d’Arthaud remontée sur son bateau, de Poutou-le-Clown et de ses cheveux, du Bayroud-d’honneur et de tous les disparus de la croisière-campagne s’amuse. On fêtera surtout le moment où cessera de nous être imposées leurs faces de cake sur les murs, en attendant le jour, joyeux, de l’après-second tour, et la disparition, pour cinq années effectives, de tous ces faux militants colleurs d’affiches puantes.
     En attendant, que celles et ceux qui hésitent encore trouvent ici cent raisons de ne pas se rendre aux urnes, dimanche. Bonne pêche à toutes et tous !


                                                                                              Frédo Ladrisse.                            

Arrêt Total

Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Dans la catégorie les Sous-doués battent la campagne, nous eûmes droit, ces jours derniers, à quelques furieuses billevesées. A ma droite, Dupont-Aignan, autrement surnommé aujourd’hui comme Yerres, qui clame sans retenue « moi, je regarde le monde. » Il semble, dans le même temps, que le monde, lui, regarde ailleurs qu’en direction de sa petite personne. Une autre fois, peut-être ? A ma gauche, si je puis dire, campe Bayrou-le-filandreux. Fatigué, l’haricot, pas dans le coup, à côté de l’assiette. Le voilà qui découvre, tout en finesse, qu’«il y a des femmes qui pèsent lourd », des « femmes qui pèsent plus de cent kilos et qui aiment nager. » Tiens donc ! Première nouvelle… Là-dessus le flageolant béarniais se rendort, sans même avoir livré sa vision des gens de petite taille, des piétons ou des femmes enceintes. Dommage. Il y a, pour finir, Le Pen, et son clip de campagne. J’ose espérer que tournera en boucle sur tous les webs qu’on voudra le passage où la candidate promet de lutter contre, je cite, « les ententes frauduleuses dans le commerce des endives. » Ça, c’est du programme, boudiou ! On aurait tort cependant de se moquer bêtement, vu le nombre de naves et autres céleris graves s’apprêtant à voter pour elle.
     Et tandis que tout ce petit monde s’ébroue, les papattes dans la gadoue, le procès de la catastrophe de l’Erika s’achève, en cassation, par un non lieu délivré à l’endroit des pollueurs. Le cargo ayant fait naufrage hors des eaux territoriales, communes, départements et autres collectivités ne verront pas la couleur d’un pauvre billet de banque. Ce jugement, scandale sans nom, risque bien entendu de faire jurisprudence. S’échouer, répandre son jus dégueulasse sur des kilomètres de côtes, pourra donc désormais se faire sans bourse délier, à condition que l’échouage ait lieu au-delà des frontières maritimes. C’est ce qu’on nommera certainement l’arrêt Total.
     Il y a tout aussi dégueu, dans un autre registre : les sms furtifs. Vous ne connaissez pas l’existence de ces petites saloperies ? Déjà utilisée par les services de police et de renseignement (lors d’une enquête publique, le parlement du Land de Rhénanie du Nord a admis, rien que pour 2010, l’envoi de 256 000 sms furtifs!), cette méthode consiste à envoyer un message à un autre portable à l’insu de son propriétaire, sans même qu’il en soit informé. Le but ? Localiser la personne. C’est beaucoup plus fin que le système Gps habituel, ça passe totalement inaperçu et, cerise sur le gâteau, c’est, juridiquement, quasi inattaquable : ces sms sans contenu ne sont pas considérés comme des communications, donc échappent au cadre des lois sur l’inviolabilité. Idéal mouchard… Déjà, des passerelles spécialisées, des développeurs de logiciels proposent clé en main ce système qui permet de « filaturer » suspects, justiciables, mais aussi et bien entendu syndicalistes, hommes et femmes politiques, ou, simplement, les salariés d’une entreprise. Le tout avec l’aval des opérateurs, complices, pour des sommes défiants toute concurrence en la matière, et dans la plus grande discrétion. Le marché étant sans limite, le pactole s’avère juteux, et attire les convoitises. Ah oui : inutile d’éteindre votre portable, le sms furtif le réactive sans souci. Il peut aussi, si envoyé en très grand nombre, le bloquer, décharger sa batterie en quelques minutes, interdire toute communication ce qui, dans certains cas, peut s’avérer fort utile. De nos jours, disent les gens, on ne peut plus se passer de portable. C’est sûr, surtout les flics.
 
                                                                                                   Frédo Ladrisse.


L’homme dont le rêve était un mur

 
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? Mam’zelle BZ, sans H au bout, à qui je viens de parler des nouvelles lampes acnéiques anti-jeunes à l’essai en les quartiers mal famés bien qu’habités de faméliques de London, Liverpool, Cardiff, vient de suggérer l’idée d’un genre de réverbère anti-vieux, façon d’éclairage publique rendant l’incontinence urinaire visible. On vit dans un monde formidable, où les grandes idées ne manquent pas. Au clair, de quoi s’agit-il ? Dans les endroits loufoques où la jeunesse a l’habitude de prendre ses quartiers, de big ampoules roses-rouges font ressortir l’acné à la face des visages adolescents, crème anti-boutons ou pas crème. Cela, c’est censé les faire fuir. M’est avis que ça marchera jamais mais, dans les West Midlands, la police, qui soutient un autre projet, a constaté une « chute spectaculaire du nombre d’ados s’attardant dans les lieux publics après avoir diffusé du Beethoven sur des hauts parleurs. » Tout le contraire d’Alex, en somme, l’ultraviolent héros d’Orange Mécanique, fana lui de « Ludwig van ». Les temps changent il faut croire, quoi que : ce n’est pas d’hier que des cohortes d’ingénieurs paranos planchent sur des systèmes censés contrôler la jeunesse, les moins jeunes, les plus jeunes du tout, les presque vieux, les tout à fait vieux.
     Cela dit, le contrôle, comme dit ma mère, c’est tout con: c’est bien souvent dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, fussent-elles à la grimace, aussi Beethov’ à fond ça vaudra jamais une bonne grille, un barrage à l’ancienne, ou, mieux encore, un mur. Une fois n’est pas coutume : Arno Klarsfeld partage quelque chose avec ma mère, ce quelque chose qui a pour nom l’amour du mur bien fait. «Un mur, c’est fait avec des fils, des barbelés, un mur quoi, comme à Rome. A Rome il y avait un mur », cancanne l’azimuté. C’est ce dont il rêve, l’Arno, c’est sa dernière grande belle idée, un mur de 130 kilomètres, entre la Grèce et la Turquie, un mur, comme « entre les Etats-Unis et le Mexique, une grande barrière, avec des patrouilles qui patrouillent (sic !) sans cesse. » La vision cocaïnomane de ce sarkozyste grotesque est d’une simplicité proche du mongolisme : face à « une Europe prospère », il y aurait « le reste du monde qui a les guerres, qui souffre, qui a des privations, etc (re-sic !) ». Au bout de ce « etc », tombe la sentence, sans appel : « il faut que les gens ne puissent pas passer. S’il y a une porte entrebâillée, il faut qu’elle soit refermée. » C’est que pour Klarsfeld, voyez, l’Europe c’est un peu comme son jardin, avec piscine et pergola. Il convient qu’alentours la muraille soit solide, il faut que ça « patrouille », afin d’éviter que moins-que-riens, souillons et traine-savates ne finissent par gâter l’apéro-brunch, n’est-ce pas Carla ? Des fois, comme ça, et de plus en plus régulièrement, je me dis que la seule bonne nouvelle lors de l’éventuelle annonce de l’éventuelle élection de l’improbable Hollande (c’est le nom, à ce qui se murmure, du candidat Ps à je ne sais plus quelle élection), que la seule bonne nouvelle, donc, sera de voir disparaître de ces énergumènes tel l’imbitable Arno Klarsfeld, comme autant de poils de cul happés par le siphon des chiottes. De cet endroit, ils viennent. Ils n’auraient jamais dû le quitter.
     Mais la vie est mal faite, qui permet l’expression d’un homme dont le rêve est un mur. Mal faite, aussi, la vie qui voit Daniel Mermet, agitateur d’ondes dormantes, tour à tour mériter respect puis susciter franche rigolade, puisque soudainement ridicule de grandiloquence éhontée. Le lendemain du tour de piste Mélanchonniste à la Bastille, on entendit ainsi le gars commenter la chose en ces termes : « de mémoire de manifestant, on avait jamais vu autant de monde dans la rue! » Calme ta joie, Daniel. 140 000, certes, c’est pas mal. C’est cependant 20 fois moins qu’en 2010 lors des grandes journées de grève, et encore, ce n’est qu’un exemple. « De mémoire de manifestant » on a donc, et souvent, vu bien plus de gens dans la rue, et souvent bien plus énervés, et ne se déplaçant pas, eux, pour écouter le discours du nouveau Leader Maximo, la longue litanie de ses promesses en peau de banane. La « révolution par les urnes », nous promet El Leader Price : arrêtons-nous, un temps, là-dessus. Urnes et révolution, mêlées, mélange de l’eau et du feu en somme, alliance contre-nature dressée telle une digue pour contenir la vague, vas-y vote mon gars, mélenchonne et colère ma fille, mais après : retour à la niche. Pour ma part, prendre part au vote, revient à ne l’avoir jamais quittée.
     Et tandis que ça aboie, que ça couvre d’affiches-portraits nos villes déjà laides sans leurs bouilles, une contrôleuse SNCF largue en pleine cambrousse, en fin de soirée, des mineures. Ordre leur est donné de descendre illico du train. Leurs crimes ? Pas de titres de transport, pas de papiers, et tziganes donc : OUT ! Ainsi le veut le règlement. Le règlement contraint alors ces jeunes filles à poursuivre leur périple le long de la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute, toute proche. Le règlement stipule qu’il est interdit de circuler, à pied, sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute. Il ne dit pas, le règlement, qu’on devait écraser, puis traîner sur cinquante mètres, les corps des trois jeunes demoiselles. Le règlement ne dit rien non plus de ce qu’il serait advenu si, oubliant le règlement, se montrant pour une fois tout simplement humaine, la contrôleuse SNCF ne les avait pas poussées dehors, au milieu de nulle part et alors que la nuit tombait. Elles s’appelaient Carmen, Charlotte, Victorine. Elles sont passées sous les roues, victimes du « règlement. »
                                                     
                                                                                            Frédo Ladrisse.
 

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