Animal ? On est mal, humain ? On est pas bien
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ?
Cette petite voix qui questionne, Toulouse, Montauban, Merah, en parler
ou pas? Mouais. Tout a déjà été dit, non ? Non, justement, pas tout. Il
n’a pas été dit à quel point la prison occupe, en cette affaire, en la
formation ou plutôt la déformation de ce voyou à la petite semaine
devenu tueur psychobarré dans les grandes largeurs, à quel point la
prison occupe, disions-nous, un rôle, sans jeu de mot, central.
Puisqu’il est désormais acquis que c’est de derrière les barreaux que
Merah opéra son radical virage, pourquoi ne pas interroger la fonction
carcérale, en pointer les dangers ? Pas un de nos glorieux
Tintin-le-petit-reporter, micro au poing suivant le Raid, n’a
semble-t-il trouvé le temps de soulever la question. Il faut admettre
qu’elle pèse son poids : dans ce pays, ce n’est pas rien de vouloir ne
serait-ce que relever les dérives de l’institution pénitentiaire,
quatrième pilier de la République autoritaire (je vous laisse le soin de
nommer les trois premiers). L’heure de sa remise en question n’a, bien
entendu, pas sonné, aussi les tôles continuerons, pendant encore de
longues années, à produire à la chaîne fadas, fêlés, dérangés et
flingueurs. En revanche, en cette même heure, tintinnabulent et à
outrance les glas nous intimant l’ordre d’honorer les forces de l’ordre,
gloire à eux et aux 300 balles, 300 !, tirées sur le « terroriste »
Merah, planqué dans sa salle de bain. Qu’on ne se méprenne pas :
l’autruche ne pleure pas cette ordure, d’ailleurs l’autruche n’a plus de
larmes. Elle refuse cependant de se joindre au troupeau crachant sur sa
dépouille, psalmodiant l’ode au Raid et menaçant, furieux, quiconque
rechigne à se réjouir de la mort d’un homme quel qu’il soit. Quant aux
empêcheurs de jouir en rond autour d’un cadavre criblé, quant à celles
et ceux qui questionnent, qui doutent et remettent en question le bien
fondé de l’Action Glorieuse de Notre Police Nationale, ceux-là sont
voués aux gémonies avant que d’être cloués au pilori de l’Anti-France.
C’est bien le minimum.
Car l’affaire, son issue, ne saurait souffrir aucune sorte d’interrogation. Si les medias s’épanchent sur le parcours de ce « gamin des banlieues de Toulouse », c’est pour mieux taire ensuite ce qui, dans ce parcours, signe la faillite implicite de nos institutions. Durant sa courte vie, Merah a été confronté à : la pénitentiaire, mais également la judiciaire, la policière, la scolaire, et jusqu’à l’armée qu’il tenta, vainement, d’intégrer. Pur produit de notre société, Merah se révèle alors, en sa qualité de « terroriste », comme un cas peu « pratique ». On lui préférera sûrement le type débarqué du Sud Soudan et se faisant exploser dans une rame de métro : il pose, lui, peu de problèmes. Le cas Merah est plus compliqué.
Au-delà des interrogations s’imposant à tout esprit un peu ouvert et qui regarderait son parcours, son errance, sa quête d’on ne sait quel absolu ou reconnaissance, qui s’attarderait sur cette somme de rendez-vous ratés avec ce qui aurait pu bâtir une existence bien différente, au-delà de ce qui, peut-être, restera sans réponse, se pose, comme un essentiel, la question de son humanité. Plus exactement: cette question se pose à certains. Lorsque, à deux reprises, le président-plus-pour-longtemps de cette république qualifie Merah de « monstre », il parait évident que pour lui le tueur de Toulouse s’est exclu de la sphère de l’humain. Procédé classique, et pratique, de mise à distance du Mal, de son incarnation. On ne perdra pas de temps à pointer ce qui, dans ce montage, ne tient pas : Hannah Arendt et quelques autres s’y sont employés et avec le succès qu’on sait. On soulignera cependant, dans l’affaire qui nous occupe, une curiosité, qui vit les medias osciller entre deux pôles opposés.
C’est en effet à un bien curieux mélange des genres que nous assistâmes, ces derniers jours : tandis que commentateurs de plateau et autres « envoyés spéciaux » rivalisaient de superlatifs censés rappeler le caractère extra-humanitaire du « monstre », tournait en boucle, sur toutes les chaînes, la même bande vidéo montrant Merah jeune et souriant, flambeur au volant de sa BM, beau gosse rigolard agité, « gueule d’ange », même, selon certains. Un petit branleur de quartier, quoi, mais pas plus méchant que ça, ressemblant au fiston du voisin ou au pote de classe de votre fille. Et les images, toujours les mêmes, de repasser dix fois, vingt fois, allant jusqu’à servir de générique, d’introduction, sur une chaîne d’info permanente. L’effet recherché était simple : qui aurait pu imaginer que ce gamin deviendrait, quelques années plus tard, ce redoutable tueur d’enfants juifs ? Personne, assurément. Mais pourquoi ainsi ressasser, pourquoi nous imposer, ainsi, les images banales d’une banale humanité ? L’ambigüité est là, entière. D’une part on appuie lourdement sur l’aspect monstrueux des actes commis par Merah, d’autre part on vous montre que « le monstre » n’en est pas un, que c’est un homme parmi les hommes.
Rien de pédagogique, dans cette démarche de faux cul. Aucune vertu basée sur la notion d’altérité ne peut s’épanouir sur ce fumier. Car le message essentiel que cherche à véhiculer cette enfumeuse mise en boucle, ces images revues vingt fois, c’est l’antédiluvienne sentence selon laquelle il convient de ne pas se fier aux apparences, sentence populaire augmentée de rajouts bien contemporains : méfiez-vous des jeunes maghrébins, gueules d’ange ou pas ce sont autant de terroristes en puissance. Ce message, délivré des jours durant, pas un journaliste, pas une rédaction ne l’a remis en question, ni même tenté de le nuancer. Au contraire, ils en ont rajouté une couche, sur le mode classique du témoignage de voisin qui « le croisait tous les jours et jamais ne se serait douté que… » Au final, personne ne s’est interrogé sur les dégâts que ne manquera pas d’occasionner dans les banlieues, entre communautés, cette manière de faire, de présenter l’information. Et le message, d’obédience clairement lepéniste (« toute personne de type arabe représente, en soi, un danger »), les medias publics comme privés l’ont relayé, à outrance, jusqu’à l’écœurement.
Avez-vous vu, jeudi, les sourires de contentement et l’extrême (c’est le cas de le dire) plaisir avec lequel Marine Le Pen s’est faite le relais de cette islamophobie rampante ? Pour elle, pour son score aux présidentielles, ces images d’un Merah de banlieue, frimeur, hâbleur, provocant et en même temps tellement proche, tellement semblable aux minots d’en bas de l’immeuble, vaut mille fois plus que tous les abattoirs hallal. Humain, Merah ? Assurément. Quand ça arrange le FN.
Frédo Ladrisse.
Car l’affaire, son issue, ne saurait souffrir aucune sorte d’interrogation. Si les medias s’épanchent sur le parcours de ce « gamin des banlieues de Toulouse », c’est pour mieux taire ensuite ce qui, dans ce parcours, signe la faillite implicite de nos institutions. Durant sa courte vie, Merah a été confronté à : la pénitentiaire, mais également la judiciaire, la policière, la scolaire, et jusqu’à l’armée qu’il tenta, vainement, d’intégrer. Pur produit de notre société, Merah se révèle alors, en sa qualité de « terroriste », comme un cas peu « pratique ». On lui préférera sûrement le type débarqué du Sud Soudan et se faisant exploser dans une rame de métro : il pose, lui, peu de problèmes. Le cas Merah est plus compliqué.
Au-delà des interrogations s’imposant à tout esprit un peu ouvert et qui regarderait son parcours, son errance, sa quête d’on ne sait quel absolu ou reconnaissance, qui s’attarderait sur cette somme de rendez-vous ratés avec ce qui aurait pu bâtir une existence bien différente, au-delà de ce qui, peut-être, restera sans réponse, se pose, comme un essentiel, la question de son humanité. Plus exactement: cette question se pose à certains. Lorsque, à deux reprises, le président-plus-pour-longtemps de cette république qualifie Merah de « monstre », il parait évident que pour lui le tueur de Toulouse s’est exclu de la sphère de l’humain. Procédé classique, et pratique, de mise à distance du Mal, de son incarnation. On ne perdra pas de temps à pointer ce qui, dans ce montage, ne tient pas : Hannah Arendt et quelques autres s’y sont employés et avec le succès qu’on sait. On soulignera cependant, dans l’affaire qui nous occupe, une curiosité, qui vit les medias osciller entre deux pôles opposés.
C’est en effet à un bien curieux mélange des genres que nous assistâmes, ces derniers jours : tandis que commentateurs de plateau et autres « envoyés spéciaux » rivalisaient de superlatifs censés rappeler le caractère extra-humanitaire du « monstre », tournait en boucle, sur toutes les chaînes, la même bande vidéo montrant Merah jeune et souriant, flambeur au volant de sa BM, beau gosse rigolard agité, « gueule d’ange », même, selon certains. Un petit branleur de quartier, quoi, mais pas plus méchant que ça, ressemblant au fiston du voisin ou au pote de classe de votre fille. Et les images, toujours les mêmes, de repasser dix fois, vingt fois, allant jusqu’à servir de générique, d’introduction, sur une chaîne d’info permanente. L’effet recherché était simple : qui aurait pu imaginer que ce gamin deviendrait, quelques années plus tard, ce redoutable tueur d’enfants juifs ? Personne, assurément. Mais pourquoi ainsi ressasser, pourquoi nous imposer, ainsi, les images banales d’une banale humanité ? L’ambigüité est là, entière. D’une part on appuie lourdement sur l’aspect monstrueux des actes commis par Merah, d’autre part on vous montre que « le monstre » n’en est pas un, que c’est un homme parmi les hommes.
Rien de pédagogique, dans cette démarche de faux cul. Aucune vertu basée sur la notion d’altérité ne peut s’épanouir sur ce fumier. Car le message essentiel que cherche à véhiculer cette enfumeuse mise en boucle, ces images revues vingt fois, c’est l’antédiluvienne sentence selon laquelle il convient de ne pas se fier aux apparences, sentence populaire augmentée de rajouts bien contemporains : méfiez-vous des jeunes maghrébins, gueules d’ange ou pas ce sont autant de terroristes en puissance. Ce message, délivré des jours durant, pas un journaliste, pas une rédaction ne l’a remis en question, ni même tenté de le nuancer. Au contraire, ils en ont rajouté une couche, sur le mode classique du témoignage de voisin qui « le croisait tous les jours et jamais ne se serait douté que… » Au final, personne ne s’est interrogé sur les dégâts que ne manquera pas d’occasionner dans les banlieues, entre communautés, cette manière de faire, de présenter l’information. Et le message, d’obédience clairement lepéniste (« toute personne de type arabe représente, en soi, un danger »), les medias publics comme privés l’ont relayé, à outrance, jusqu’à l’écœurement.
Avez-vous vu, jeudi, les sourires de contentement et l’extrême (c’est le cas de le dire) plaisir avec lequel Marine Le Pen s’est faite le relais de cette islamophobie rampante ? Pour elle, pour son score aux présidentielles, ces images d’un Merah de banlieue, frimeur, hâbleur, provocant et en même temps tellement proche, tellement semblable aux minots d’en bas de l’immeuble, vaut mille fois plus que tous les abattoirs hallal. Humain, Merah ? Assurément. Quand ça arrange le FN.
Frédo Ladrisse.
Je ne suis pas un numéro, je suis une borne wifi
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ?
C’était jeudi la fin de la trêve hivernale, le ballet des huissiers et
autres salopiots spécialistes de la chasse aux pauvres va donc reprendre
de plus belle. Mais je suis un brin rassuré pour mes voisins de pallier
puisque dans ma ville m’dame le maire a signé un de ces arrêtés dits
anti-expulsion. « Il ne pourra
être procédé sur le territoire de la commune à aucune expulsion motivée
par l’impécuniosité des personnes concernées. » Tu
parles, Hannibal, tu causes, Rose : chaque année c’est le même cinéma,
quelques maires de gôche apposent leurs paraphes au bas d’un arrêté dont
ils savent pertinemment bien qu’il sera invalidé par les tribunaux, pas
plus tard que demain. De l’art de se donner bonne conscience, et à
moindre frais s’il-vous-plaît.
Que deviendront ces gens, une fois rendus au trottoir, matelas sur le dos et toute la maison dans deux sacs ? Peut-être, des wifimens. Ceux-là n’arpentent pour l’instant que les artères d’Austin, Texas, mais gageons que l’idée ne tardera pas à s’appliquer en nos rues boboïdes. Le principe en est simple comme un coup de fil : équiper des Sdf de bornes Wifi portatives, et les renvoyer se « balader ». Afin que le quidam les identifie aisément, ils portent tous un tee-shirt indiquant « je suis une borne wifi 4G». Il vous suffit alors de leur refiler 2 dollars pour bénéficier d’un quart d’heure de connexion. Fallait y penser, non ? Les marketeurs à l’origine de cette horreur absolue— certainement issus d’un croisement entre un logiciel de décérébration intensive et quelques dogues allemands —, assurent que, grâce à eux, « les sdf ne sont plus invisibles. » Et de pousser le bouchon jusqu’à parler d’«initiative charitable »… Avec trois pauvres ampoules, on pourrait aussi bien les utiliser comme feux rouges ; les plus vieux, pour leur part, une fois couchés sur la chaussée feraient d’excellents ralentisseurs. Qu’en pensent les honnêtes gens ?
Rien. Ils sont, en ce moment, bien trop affairés à se faire surficher par l’Etat. Le «fichier des gens honnêtes », tel est le nom de la dernière trouvaille de tout ce que ce putain de pays compte de flics, de juges, de contrôleurs, de fouineurs bref, d’empêcheurs de vivre peinard. Un genre de mégafichier doté d’une mégamémoire capable de stocker de nombreuses données biométriques, mais pas que : censé lutter contre l’usurpation d’identité, le fichier des gens honnêtes permettra, entre autre chose, l’instauration de la carte d’identité à puce — enfin !, diront certains, qui tentent de l’imposer depuis presque trente ans, au premier rang desquels se trouvent les industriels directement intéressés par ce technobusiness aux enjeux financiers sans commune mesure. Déjà, le principe en a été adopté par les députés. La machine est lancée, qui broiera un peu plus encore nos déjà maigres libertés. Car cette fois on saura tout de vos déplacements, de vos achats, de ce que vous lisez, des lieux que vous fréquentez, et de cette somme d’informations on tirera aisément des conclusions concernant vos orientations politiques, religieuses, sexuelles,… Vous croyez n’être pas concernés ? La première vague touchera 45 millions de Français, et il est bien sûr prévu d’étendre le système à la totalité de la population.
Qui aura accès à ce fichier et qui le gérera ? On n’en sait rien pour le moment. On imagine par contre très bien ce que saurait en faire un Vanneste, toujours député Ump et plus homophobe que jamais. Contesté au sein même de son parti, Vanneste a une explication : selon lui, « le lobby homosexuel a pénétré à l’intérieur de l’Ump. » Hmmm… C’était bon, au moins ?
On ne sait qui pénètre à l’intérieur de Martine Aubry, mais nous la trouvons, en ce moment, pénétrée par de curieuses idées. A un journaliste l’informant que Hollande chercherait une chanson pour le soir de son éventuelle victoire, Aubry a répondu : « je n’en vois qu’une : la Marseillaise. » A celle et ceux doutant encore que Hollande c’est reprendre les mêmes et toujours la même rengaine, la Martine conseille donc de répandre un sang impur, histoire qu’il abreuve nos sillons. « Il faut que les lions français arrêtent d’être dirigés par des ânes », semble lui répondre la Le Pen, qui porte beau le bonnet. C’est à commenter, ça ? Hi han.
Frédo Ladrisse.
Que deviendront ces gens, une fois rendus au trottoir, matelas sur le dos et toute la maison dans deux sacs ? Peut-être, des wifimens. Ceux-là n’arpentent pour l’instant que les artères d’Austin, Texas, mais gageons que l’idée ne tardera pas à s’appliquer en nos rues boboïdes. Le principe en est simple comme un coup de fil : équiper des Sdf de bornes Wifi portatives, et les renvoyer se « balader ». Afin que le quidam les identifie aisément, ils portent tous un tee-shirt indiquant « je suis une borne wifi 4G». Il vous suffit alors de leur refiler 2 dollars pour bénéficier d’un quart d’heure de connexion. Fallait y penser, non ? Les marketeurs à l’origine de cette horreur absolue— certainement issus d’un croisement entre un logiciel de décérébration intensive et quelques dogues allemands —, assurent que, grâce à eux, « les sdf ne sont plus invisibles. » Et de pousser le bouchon jusqu’à parler d’«initiative charitable »… Avec trois pauvres ampoules, on pourrait aussi bien les utiliser comme feux rouges ; les plus vieux, pour leur part, une fois couchés sur la chaussée feraient d’excellents ralentisseurs. Qu’en pensent les honnêtes gens ?
Rien. Ils sont, en ce moment, bien trop affairés à se faire surficher par l’Etat. Le «fichier des gens honnêtes », tel est le nom de la dernière trouvaille de tout ce que ce putain de pays compte de flics, de juges, de contrôleurs, de fouineurs bref, d’empêcheurs de vivre peinard. Un genre de mégafichier doté d’une mégamémoire capable de stocker de nombreuses données biométriques, mais pas que : censé lutter contre l’usurpation d’identité, le fichier des gens honnêtes permettra, entre autre chose, l’instauration de la carte d’identité à puce — enfin !, diront certains, qui tentent de l’imposer depuis presque trente ans, au premier rang desquels se trouvent les industriels directement intéressés par ce technobusiness aux enjeux financiers sans commune mesure. Déjà, le principe en a été adopté par les députés. La machine est lancée, qui broiera un peu plus encore nos déjà maigres libertés. Car cette fois on saura tout de vos déplacements, de vos achats, de ce que vous lisez, des lieux que vous fréquentez, et de cette somme d’informations on tirera aisément des conclusions concernant vos orientations politiques, religieuses, sexuelles,… Vous croyez n’être pas concernés ? La première vague touchera 45 millions de Français, et il est bien sûr prévu d’étendre le système à la totalité de la population.
Qui aura accès à ce fichier et qui le gérera ? On n’en sait rien pour le moment. On imagine par contre très bien ce que saurait en faire un Vanneste, toujours député Ump et plus homophobe que jamais. Contesté au sein même de son parti, Vanneste a une explication : selon lui, « le lobby homosexuel a pénétré à l’intérieur de l’Ump. » Hmmm… C’était bon, au moins ?
On ne sait qui pénètre à l’intérieur de Martine Aubry, mais nous la trouvons, en ce moment, pénétrée par de curieuses idées. A un journaliste l’informant que Hollande chercherait une chanson pour le soir de son éventuelle victoire, Aubry a répondu : « je n’en vois qu’une : la Marseillaise. » A celle et ceux doutant encore que Hollande c’est reprendre les mêmes et toujours la même rengaine, la Martine conseille donc de répandre un sang impur, histoire qu’il abreuve nos sillons. « Il faut que les lions français arrêtent d’être dirigés par des ânes », semble lui répondre la Le Pen, qui porte beau le bonnet. C’est à commenter, ça ? Hi han.
Frédo Ladrisse.
Nique ta race, Poutine !
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ? En premier lieu les voix de celles d’Albertville, caissières et e mployées
d’un supermarché de base opposées au travail le dimanche, vous vous
souvenez peut-être ? Elles ont fait grève deux ans, et sans jamais
lâcher l’affaire. « Sous prétexte qu’on était caissières, la direction a cru qu’elle pouvait nous prendre pour des connes », lâche Valérie, en rigolant. « On s’est battues, on a gagné, et ça sera plus jamais pareil, parce qu’on a appris des choses. » Entre autres choses apprises, ceci : « les élections, on n’y croit pas. C’est du folklore, c’est tout. » Et ses copines d’acquiescer. Ce simple bon sens, né de l’expérience et de la lutte, le Baron Sellière, au hasard, ne pourrait l’interpréter
que comme une forme d’outrance, l’expression d’une intolérable
jacquerie. Il le disait l’autre jour, avec ses mots à lui et sur ce ton
aigre-doucereux lui servant de signature : « je ne crois pas qu’en matière de morale le pauvre ait toujours raison. » Pire, selon lui, « dès que le patronat obtient quelque chose, on crie au scandale. » De toute façon, selon le baron, « la parole patronale, en France, est inaudible. »
Etrange, dès lors, cette impression que nous sommes nombreux à avoir de
l’entendre, soir et matin, tintinnabuler sur les ondes telle une
rengaine, l’Ite missa est vomitif délivré par un patronat plus vainqueur que jamais.
Le restera-t-il après mai ? Bien entendu, et quels que soient les résultats de ces présidentielles aux allures de blanc bonnet contre bonnet bleu. De rouge, il ne saurait être question dans ce jeu de bonneteau, dont l’unique intérêt est de fournir, plus qu’il n’en faut, l’autruche en galéjades. Cette semaine c’est, une fois encore, le Sarkoshow qui a retenu son attention. Il posait ses valoches et ses guêtres en peau de mou, mercredi soir, en les plateaux de La Deuze. Davantage que le déroulé des propositions fascito-liberticides du nain, désormais bien connues, c’est l’aspect, comment dire… « barbare », grammaticalement hasardeux du discours sarkozyen qui me sauta aux esgourdes. Elles sont pas bégueules, mais tout de même, elles en prirent plein l’oreille interne. Florilège. « Alors comme ça, on élut un maire, et on ne pourrait pas savoir à qui il donne sa signature ? » Du verbe « élurer », certainement. Plus tard : « vous savez, en cinq ans, j’ai remarqué quelque chose que j’ai appris. » Apprendre, lui ? C’est remarquable ! Quant au type qui s’était pris le « casse toi, pov’con » bien connu, Sarko précise que l’autre avait commencé par lui lancer « touche-moi pas », alors que lui, Sarko, n’avait « pas l’intention de le toucher, son physique n’était pas tellement agréable que j’avais l’intention d’aller au contact. » Sic. Quant à sa petite croisière sur le yacht de l’ami Bolloré, il regrette, quoi que pas trop : « je n’ai pas impacté le poids du symbole » explique-t-il, en toute simplicité. On l’aura compris : le candidat a peut-être, un peu rapidement, licencié son nègre, le Guaino, qui certes est un furieux de l’identitaire et du civilisationnel à deux balles, mais au moins semble être en mesure de bâtir une phrase correcte.
Et tandis que son amoureux ferraillait farouchement avec la langue française, qu’est-ce qu’elle nous faisait la Bruni, maîtresse de maison et des mots, à ce qu’on nous raconte ? Elle se plaignait, en loge : « il fait un froid de gueux, ici ! », lança-t-elle à une assistante qui rôdait dans le couloir. Une expression si bien choisie qu’elle donnerait presque envie de lui donner de la brioche, à Carla-Antoinette.
Une qui, plus elle avance en haine moins elle a froid aux yeux, c’est la Le Pen, assurément. On pensait qu’elle voulait dé-rembourser l’avortement, on avait rien compris : « je propose de dé-rembourser l’IVG seulement en cas de récidive. » Ah, ça change tout, et le mot est de circonstance. Car, renseignement pris, on ne parle de récidive qu’en cas de maladie, ou de faute. Que l’on sache, l’Ivg n’entre dans aucune de ces deux catégories. Mais, comme chez les Le Pen le choix du vocabulaire n’est jamais tout à fait gratuit, on devine aisément que pour Marine l’Ivg constitue ET une faute, ET une maladie.
Chez Poutine, la question est en voie d’être réglée : une loi censée lutter contre le déclin démographique limitera bientôt, et de façon drastique, le recours à l’avortement. Ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle venue de Russie ces temps derniers, l’élection de Poutine, au premier tour et à près de 65 %, n’étant pas la plus agréable. Dans ce pays où 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le nombre de milliardaires a doublé en l’espace de quelques années. La plupart des opposants crédibles sont en taule, la corruption est générale et le budget militaire est en hausse de 58% ! Poutine le nationaliste, qui n’hésite pas à parler de « race supérieure » en ce qui concerne les Slaves, n’est qu’un dictateur parmi d’autres, assis sur un tas d’urnes : une fois de plus est prouvée l’utilité des élections.
Frédo Ladrisse.
Le restera-t-il après mai ? Bien entendu, et quels que soient les résultats de ces présidentielles aux allures de blanc bonnet contre bonnet bleu. De rouge, il ne saurait être question dans ce jeu de bonneteau, dont l’unique intérêt est de fournir, plus qu’il n’en faut, l’autruche en galéjades. Cette semaine c’est, une fois encore, le Sarkoshow qui a retenu son attention. Il posait ses valoches et ses guêtres en peau de mou, mercredi soir, en les plateaux de La Deuze. Davantage que le déroulé des propositions fascito-liberticides du nain, désormais bien connues, c’est l’aspect, comment dire… « barbare », grammaticalement hasardeux du discours sarkozyen qui me sauta aux esgourdes. Elles sont pas bégueules, mais tout de même, elles en prirent plein l’oreille interne. Florilège. « Alors comme ça, on élut un maire, et on ne pourrait pas savoir à qui il donne sa signature ? » Du verbe « élurer », certainement. Plus tard : « vous savez, en cinq ans, j’ai remarqué quelque chose que j’ai appris. » Apprendre, lui ? C’est remarquable ! Quant au type qui s’était pris le « casse toi, pov’con » bien connu, Sarko précise que l’autre avait commencé par lui lancer « touche-moi pas », alors que lui, Sarko, n’avait « pas l’intention de le toucher, son physique n’était pas tellement agréable que j’avais l’intention d’aller au contact. » Sic. Quant à sa petite croisière sur le yacht de l’ami Bolloré, il regrette, quoi que pas trop : « je n’ai pas impacté le poids du symbole » explique-t-il, en toute simplicité. On l’aura compris : le candidat a peut-être, un peu rapidement, licencié son nègre, le Guaino, qui certes est un furieux de l’identitaire et du civilisationnel à deux balles, mais au moins semble être en mesure de bâtir une phrase correcte.
Et tandis que son amoureux ferraillait farouchement avec la langue française, qu’est-ce qu’elle nous faisait la Bruni, maîtresse de maison et des mots, à ce qu’on nous raconte ? Elle se plaignait, en loge : « il fait un froid de gueux, ici ! », lança-t-elle à une assistante qui rôdait dans le couloir. Une expression si bien choisie qu’elle donnerait presque envie de lui donner de la brioche, à Carla-Antoinette.
Une qui, plus elle avance en haine moins elle a froid aux yeux, c’est la Le Pen, assurément. On pensait qu’elle voulait dé-rembourser l’avortement, on avait rien compris : « je propose de dé-rembourser l’IVG seulement en cas de récidive. » Ah, ça change tout, et le mot est de circonstance. Car, renseignement pris, on ne parle de récidive qu’en cas de maladie, ou de faute. Que l’on sache, l’Ivg n’entre dans aucune de ces deux catégories. Mais, comme chez les Le Pen le choix du vocabulaire n’est jamais tout à fait gratuit, on devine aisément que pour Marine l’Ivg constitue ET une faute, ET une maladie.
Chez Poutine, la question est en voie d’être réglée : une loi censée lutter contre le déclin démographique limitera bientôt, et de façon drastique, le recours à l’avortement. Ce n’est pas la seule mauvaise nouvelle venue de Russie ces temps derniers, l’élection de Poutine, au premier tour et à près de 65 %, n’étant pas la plus agréable. Dans ce pays où 50% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le nombre de milliardaires a doublé en l’espace de quelques années. La plupart des opposants crédibles sont en taule, la corruption est générale et le budget militaire est en hausse de 58% ! Poutine le nationaliste, qui n’hésite pas à parler de « race supérieure » en ce qui concerne les Slaves, n’est qu’un dictateur parmi d’autres, assis sur un tas d’urnes : une fois de plus est prouvée l’utilité des élections.
Frédo Ladrisse.
Chiens, porcs, pélicans, punks, et Merlin le désenchanteur
Tirant tête hors du trou, qu’entends-je ?
Ayant reçu de nombreux courriers à ce sujet, autant le préciser de
suite : non, cette autruche n’est pas hallal, elle n’est pas non plus
certifiée par la mosquée de Roissy-nord, voilà, c’est dit. Contrairement
aux moutons, veaux et vaches normandes, elle ne gambade pas non plus
voilée et tiens, puisqu’on parle des vaches : ont-elles regardé passer
le Tgv qui emmenait, jeudi dernier, le petit Nicolas à Lille ? Un train
qui, nous informe la presse, « est parti avec presque 15 minutes de retard. » Qu’est-ce qu’on ferait sans les journalistes ? On ne se le demande pas. Retard ou pas, peu importe : « j’aime beaucoup le train »,
a cru bon de préciser Sarko, qui ne l’avait pas pris depuis 1974. Moi
aussi, j’aime beaucoup le train, cela nous fait une chose en commun. La
ressemblance s’arrête pourtant là puisque, comme quelques millions de
mes compatriotes, grâce à Sarko et à ses potes je n’ai plus les moyens
de le prendre.
Sinon quoi ? Rien que la banale ritournelle d’une campagne de type cantonale, en à peine plus grand, vous voyez ? Sarko veut faire bosser davantage les profs, Hollande, lui, veut «taxer les riches », rien de nouveau sous le pâle soleil de ces présidentielles pour de rire. Une fois qu’on a pigé qu’entre terme de programme, qu’on choisisse Pepsi ou Coca c’est toujours la même daube à boire, ne nous reste plus qu’à pouffer, en attendant des jours meilleurs. Pouffons, devant la réaction d’un député Ps qui semblait ne pas être au courant de cette nouvelle idée hollandaise, « c’est la surprise du chef, mais le chef a toujours raison. » Pouffons encore devant les risibles aboiements d’une droite toujours très mordante dès qu’il s’agit de voler au secours de l’argent, de Christian Jacob qui y voit une «marxisation du Ps » (elle est bien bonne), à Bernard Accoyer lequel craint que Hollande veuille « chasser de France les quelques riches qui peuvent y rester », pauvres petits multimillionnaires sur le sort desquels on devrait se mettre à pleurnicher? Franchement, qu’ils se cassent tous, hop en Suisse, par charters entiers, qu’est-ce qu’on en a à tamponner, du moment qu’ils nous laissent la caisse ? Je sais, je rêve, ces margoulins sont peu enclins à oublier sur la banquette la valise à lingots. A noter, au sein du cloaque, l’extrémiste Philippe Villin, banquier d’affaire de son état. Selon ce triste sire, « le projet du Ps, c’est la Corée du Nord. » Et l’Isf, c’est le goulag ? Moi, je t’enverrai le bonhomme faire une semaine de stage au Laogai, pour voir, ça lui passerait le goût des sotties, à cet affreux Villin. Ces as de la finance de haut vol n’ont pourtant aucune vraie raison de s’inquiéter : Hollande, en visite à Londres mercredi, a pris soin de rassurer les traders de la City: «Non, je ne suis pas dangereux », qu’il a dit. De ce côté-ci de la manche, on s’en doutait un peu.
Et tandis qu’en métropole on est comme au théâtre, à la Réunion ça secoue. Mais du cocotier médiatique tombent toujours les mêmes noix. Première nuit d’émeute : les commentaires pointent « les casseurs, les bandes organisées profitant du mouvement de mécontentement pour piller les magasins », et autres images d’Epinal. Seconde nuit d’émeute : il devient difficile, du fait de la présence d’observateurs indépendants, de nier l’implication des adultes, ouvriers, chômeurs en colère, ni leur discours très clair, porteur de revendications fondées. Troisième nuit d’émeute : quelques courageux francs-tireurs parmi nos éditorialistes osent l’analyse suivante : les violences dans l’ile pourraient s’expliquer « en partie » (important, ça, le « en partie »), par un coût de la vie très élevé, et un taux de chômage de 60 % en ce qui concerne les jeunes. Une fois de plus, on ne se demande pas ce qu’on ferait sans ces éditorialistes-là.
A l’ouest de La Réunion, pas loin à vol de pélican, le Zimbabwe : sous cette latitude, le potentat Mugabe a livré récemment sa vision, tout en nuance, de l’homosexualité. Selon cet esprit éclairé, « les gays sont pires que les chiens et les porcs, parce que les porcs savent qu’il y a des mâles et des femelles. » Depuis quand « les gays » l’ignorent-ils ? Cela, Mugabe ne le dit pas. « Voilà comment nous sommes nés, et voilà pourquoi nous vous disons d’aller en enfer », conclua-t-il. Quand on sait que le despote s’exprimait de cette façon lors du discours d’ouverture des festivités relatives à son anniversaire, on se demande ce qu’il pense des homos les jours où y’a même pas de gâteau.
Poursuivons, un moment, ce tour de la planète en folie, avec un petit détour par l’Indonésie. Dans ce pays on a décidé de rééduquer les punks. Il reste donc des punks, en ce bas monde ? Oui, mais mauvaise idée, les tout derniers étaient partis se planquer en Indonésie. En décembre 2011, juste à la sortie d’un concert, les flics en ont coffré soixante. « Immédiatement tondus à leur arrivée au centre de rééducation, ils ont, par la suite, été vêtus d’habits neufs en lieu et place des tee-shirts vantant l’anarchie. Ils ont été ensuite contraints de participer à une séance de prière » apprend-t-on sur Le Monde.fr. Bigre, ça rigole pas. « Nous craignons que leurs actions ne viennent perturber l’application de la charia », a expliqué l’adjoint au maire de Banda Aceh, la commune où eut lieu la rafle. Ça, c’est du No Future, ou je ne m’y connais pas.
No future également pour les lèvres encarminées qui se posaient naguère, en toute délicatesse, sur le mausolée d’Oscar Wilde, dans le cimetière du Père-Lachaise. De Banda Aceh à Paris, pas de doute, les fous sont lâchés : la tradition voulait que celles et ceux le désirant déposent un baiser sur la robuste pierre du tombeau. Et c’était un spectacle assez jouissif que celui de ces centaines de traces laissées par autant de bouches anonymes, autant d’hommages qu’aurait goûté à coups-sûrs le divin défunt. Un culte non-ostentatoire, tout en sensualité, qui ne troublait en rien le calme de l’endroit, bref, un rituel certes païen, mais qui ne mangeait pas de pain. C’en était trop, cependant, pour le petit-fils de Wilde, un certain Merlin Holland : Merlin le désenchanteur a donc décidé de « protéger » le tombeau par une paroi de verre, haute de deux mètres s’il-vous-plaît. Motif? « Cela abîmait la pierre, et l’enlaidissait. » Pfff. Non seulement, de par ces baisers, cette tombe était devenue une des plus touchante du cimetière, mais encore, petit imbécile, si nos lèvres avaient le pouvoir d’user ainsi la pierre ce serait une excellente nouvelle pour les briseurs de murailles que nous sommes. Malheureusement, ça n’est pas le cas. Tout laisse donc à penser que c’est, une fois de plus, le plaisir qui gêne, et la volupté exprimée, à titre tout à fait gratuit. « Plutôt des fleurs que des baisers », commente le tout petit-fils. Des fleurs pour Wilde… N’importe quoi. Pourquoi pas des rosaires ?
Frédo Ladrisse.
Sinon quoi ? Rien que la banale ritournelle d’une campagne de type cantonale, en à peine plus grand, vous voyez ? Sarko veut faire bosser davantage les profs, Hollande, lui, veut «taxer les riches », rien de nouveau sous le pâle soleil de ces présidentielles pour de rire. Une fois qu’on a pigé qu’entre terme de programme, qu’on choisisse Pepsi ou Coca c’est toujours la même daube à boire, ne nous reste plus qu’à pouffer, en attendant des jours meilleurs. Pouffons, devant la réaction d’un député Ps qui semblait ne pas être au courant de cette nouvelle idée hollandaise, « c’est la surprise du chef, mais le chef a toujours raison. » Pouffons encore devant les risibles aboiements d’une droite toujours très mordante dès qu’il s’agit de voler au secours de l’argent, de Christian Jacob qui y voit une «marxisation du Ps » (elle est bien bonne), à Bernard Accoyer lequel craint que Hollande veuille « chasser de France les quelques riches qui peuvent y rester », pauvres petits multimillionnaires sur le sort desquels on devrait se mettre à pleurnicher? Franchement, qu’ils se cassent tous, hop en Suisse, par charters entiers, qu’est-ce qu’on en a à tamponner, du moment qu’ils nous laissent la caisse ? Je sais, je rêve, ces margoulins sont peu enclins à oublier sur la banquette la valise à lingots. A noter, au sein du cloaque, l’extrémiste Philippe Villin, banquier d’affaire de son état. Selon ce triste sire, « le projet du Ps, c’est la Corée du Nord. » Et l’Isf, c’est le goulag ? Moi, je t’enverrai le bonhomme faire une semaine de stage au Laogai, pour voir, ça lui passerait le goût des sotties, à cet affreux Villin. Ces as de la finance de haut vol n’ont pourtant aucune vraie raison de s’inquiéter : Hollande, en visite à Londres mercredi, a pris soin de rassurer les traders de la City: «Non, je ne suis pas dangereux », qu’il a dit. De ce côté-ci de la manche, on s’en doutait un peu.
Et tandis qu’en métropole on est comme au théâtre, à la Réunion ça secoue. Mais du cocotier médiatique tombent toujours les mêmes noix. Première nuit d’émeute : les commentaires pointent « les casseurs, les bandes organisées profitant du mouvement de mécontentement pour piller les magasins », et autres images d’Epinal. Seconde nuit d’émeute : il devient difficile, du fait de la présence d’observateurs indépendants, de nier l’implication des adultes, ouvriers, chômeurs en colère, ni leur discours très clair, porteur de revendications fondées. Troisième nuit d’émeute : quelques courageux francs-tireurs parmi nos éditorialistes osent l’analyse suivante : les violences dans l’ile pourraient s’expliquer « en partie » (important, ça, le « en partie »), par un coût de la vie très élevé, et un taux de chômage de 60 % en ce qui concerne les jeunes. Une fois de plus, on ne se demande pas ce qu’on ferait sans ces éditorialistes-là.
A l’ouest de La Réunion, pas loin à vol de pélican, le Zimbabwe : sous cette latitude, le potentat Mugabe a livré récemment sa vision, tout en nuance, de l’homosexualité. Selon cet esprit éclairé, « les gays sont pires que les chiens et les porcs, parce que les porcs savent qu’il y a des mâles et des femelles. » Depuis quand « les gays » l’ignorent-ils ? Cela, Mugabe ne le dit pas. « Voilà comment nous sommes nés, et voilà pourquoi nous vous disons d’aller en enfer », conclua-t-il. Quand on sait que le despote s’exprimait de cette façon lors du discours d’ouverture des festivités relatives à son anniversaire, on se demande ce qu’il pense des homos les jours où y’a même pas de gâteau.
Poursuivons, un moment, ce tour de la planète en folie, avec un petit détour par l’Indonésie. Dans ce pays on a décidé de rééduquer les punks. Il reste donc des punks, en ce bas monde ? Oui, mais mauvaise idée, les tout derniers étaient partis se planquer en Indonésie. En décembre 2011, juste à la sortie d’un concert, les flics en ont coffré soixante. « Immédiatement tondus à leur arrivée au centre de rééducation, ils ont, par la suite, été vêtus d’habits neufs en lieu et place des tee-shirts vantant l’anarchie. Ils ont été ensuite contraints de participer à une séance de prière » apprend-t-on sur Le Monde.fr. Bigre, ça rigole pas. « Nous craignons que leurs actions ne viennent perturber l’application de la charia », a expliqué l’adjoint au maire de Banda Aceh, la commune où eut lieu la rafle. Ça, c’est du No Future, ou je ne m’y connais pas.
No future également pour les lèvres encarminées qui se posaient naguère, en toute délicatesse, sur le mausolée d’Oscar Wilde, dans le cimetière du Père-Lachaise. De Banda Aceh à Paris, pas de doute, les fous sont lâchés : la tradition voulait que celles et ceux le désirant déposent un baiser sur la robuste pierre du tombeau. Et c’était un spectacle assez jouissif que celui de ces centaines de traces laissées par autant de bouches anonymes, autant d’hommages qu’aurait goûté à coups-sûrs le divin défunt. Un culte non-ostentatoire, tout en sensualité, qui ne troublait en rien le calme de l’endroit, bref, un rituel certes païen, mais qui ne mangeait pas de pain. C’en était trop, cependant, pour le petit-fils de Wilde, un certain Merlin Holland : Merlin le désenchanteur a donc décidé de « protéger » le tombeau par une paroi de verre, haute de deux mètres s’il-vous-plaît. Motif? « Cela abîmait la pierre, et l’enlaidissait. » Pfff. Non seulement, de par ces baisers, cette tombe était devenue une des plus touchante du cimetière, mais encore, petit imbécile, si nos lèvres avaient le pouvoir d’user ainsi la pierre ce serait une excellente nouvelle pour les briseurs de murailles que nous sommes. Malheureusement, ça n’est pas le cas. Tout laisse donc à penser que c’est, une fois de plus, le plaisir qui gêne, et la volupté exprimée, à titre tout à fait gratuit. « Plutôt des fleurs que des baisers », commente le tout petit-fils. Des fleurs pour Wilde… N’importe quoi. Pourquoi pas des rosaires ?
Frédo Ladrisse.
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