Oh djeun, faignasse, au taf ! Au turbin, au chagrin ma
poule ! Move your ass, asshole… Tel semble être le message délivré par ces
empafés d’enfoirés, belle brochette de parvenus, de rassis et d’aigris devant
lesquels le père Faust se pourlèche la lippe : ça voudrait pas crever, les
Goldman et autres Merad, une fois passé la cinquantaine ça vendrait son père et
sa mère et son cul pour un peu de jeunesse. « Vous avez toute la vie,
c’est une chance inouïe ! », meugle la meute, aux portes de
la morgue. Le chéquier ne fait rien à l’affaire : je, tu, ils vont crever.
Alors, en un ultime tour de piste, autant cracher sa morgue et sa haine à la
face des ados : « je rêve ou tu es en train de
fumer ? » lâche le nanti, avant d’enfin avouer sa hargne, son
moteur : « j’envie tellement ta jeunesse ». Eh oui, ah ah, le
temps passe, on va fermer monsieur, faut partir, faut pas rester là.
Le même plumitif qui déclara éteinte la polémique autour des enfoi-enculés (de quel droit ?
Pour quelles raisons ?) usa bientôt de sa chronique pour nous informer de
l’ultime révolution en matière de pratiques bècebège, le « gourmet bag ».
Un modèle de doggy, moins sac plastique quoi, plus smart, plus 8e
arrondissement mais toujours destiné à emporter les restes, les os de poulet et
le gras, pour les sucer chez soi. Vous voyez le rapport ? Non ?
Mais, tandis que la Montespan se faisait emballer la bite à
Talleyrand pour la finir chez elle, le site de Sivens était, lui, évacué et
vite fait. Comme prévu. Comme l’infinie stupidité et/ou la puissance mortifère du
Pouvoir le laissaient présager. Après des semaines de pressions, de tensions,
d’agressions diverses et pas tellement variées (la plupart orchestrées par les
industriels de l’agroalimentaire et leur milice privée la FNSEA), la
gendarmerie surarmée n’a eu qu’à lui mettre une pichenette pour que s’écroule
le campement. Que reste-t-il aujourd’hui du mausolée de Rémi Fraisse ? Un
tas de cendres assurément, tant l’urgence est l’oubli.
Une société de régression doit veiller à développer sa
capacité à l’oubli. L’individu doué de mémoire figure ici le résistant. Nous développons
la nôtre.
Aussi n’avons-nous oublié ni Rémi ni Malik, ni Zyed, Bouna,
Fanny Dewerpe, Daniel Féry, Eugène Varlin, tant d’autres, tombés sous les
matraques taser flashball grenades ou balles.
De même, nous saurons nous souvenir d’un certain J.B. Marteau, journaliste de son état,
chargé par France2 de commenter l’évacuation de Sivens. En voix off et sur les
images des camions blindés de gendarmes à la mobilité malheureusement peu
réduite : « le débat, oui, mais dans le respect des règles : c’est ça
aussi, la démocratie ». Il a l’air finaud le Marteau, à asséner sa
leçon de choses après des semaines de black out médiatique, sans un mot au
sujet des exactions commises, sur site, par les forces de l’ordre et autres
supplétifs ramenés là par cars entiers ! Que la langue de pute de Marteau
et des autres plumeux retourne lécher, même pas râpeuse, l’anus des maîtres des
forges!
Gageons que nous verrons, dans la semaine à venir, le même
Marteau enfoncer le clou électoral, comme le grand cirque, le guignol est,
parait-il, de retour en ville. Près d’un électeur sur trois s’apprêterait cependant
à bouder le plaisir de bourrer l’urne, laquelle sait pouvoir compter sur
Marteau pour nous rappeler LA règle, comme la rappelait, justement, il y a
quelques mois, un pro-barrage : « la démocratie, c’est le dimanche,
dans les urnes ». Et le lundi c’est raviolis ? Air connu…
La Règle étant ce qu’elle est : un morceau de bois, ou
de métal, rayé de traits réguliers, objet contondant s’abattant sur nos doigts
boudinés, la Règle se devant d’être en toute chose respectée, une palanquée de
caprinés s’en ira donc brouter l’herbe des bureaux de vote, geste pieu, dénué
de sens. La mascarade ne tient plus, pure superstition. Le même public fait la
même queue pour voter ou gratter un millionnaire le vendredi 13. Les élus,
gourous envapés, ne manqueront pas de fêter comme il se doit la grand’messe.
Nous n’y assisterons pas. Qu’ils trouvent ailleurs leurs enfants de chœur. Il y
en a un peu plus, je vous la mets dans le cul quand même ?
Et c’est ainsi que Charlie est grand.
Ladrisse